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JEAN DE LERY: HISTOIRE D'UN VOYAGE FAICT EN LA TERRE DU BRESIL

Publié le 17/01/2022

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Voici le livre fétiche de Claude Lévi-Strauss, celui qui ne l'a pas quitté depuis les années 1930, celui qui lui inspira Tristes tropiques. Comme Bougainville ou Herman Melville, Jean de Léry fut l'un de ces voyageurs qui surent abandonner leurs préjugés et décrire avec des mots simples l'enchantement des pays et des peuples lointains. Jeune disciple de Calvin, futur pasteur, il débarque en 1557 dans la baie de Rio de Janeiro pour y renforcer une colonie protestante. Pendant de longs mois, il observe les moeurs des « Toüoupinambaoults » (Tupinambas) et, en particulier, leur péché mignon, l'anthropophagie. Les scènes de cannibalisme dont il ne nous épargne aucun détail sont absolument effroyables, et il est impossible de ne pas partager son dégoût lorsque ses hôtes fort prévenants le réveillent en pleine nuit pour lui offrir un pied humain « cuict et boucané ». Mais Léry ne condamne pas. La Saint-Barthélemy ne dépasse-t-elle pas en barbarie ces sacrifices rituels du Nouveau Monde ? Le débat théologique autour du corps et du sang du Christ n'est-il pas au cour des guerres de Religion qui ravagent alors la France ? Son ouverture d'esprit est telle que durant le voyage du retour, lorsque la famine menacera l'équipage, il envisagera calmement « d'en tuer un d'entre nous pour servir de nourriture aux autres »... Et puis ces Indiens sont si sympathiques. Bien que condamnés à la damnation éternelle, ils vivent heureux, dans une atmosphère de franche jovialité. C'est dans le récit de Jean de Léry qu'apparaît la figure du bon sauvage. Montaigne, Locke et Rousseau ont une lourde dette envers lui. Même si la langue du XVIe siècle exige un effort de lecture, nous sommes largement récompensés par l'homme de bien qui répéta tant de fois au cours de sa longue vie : « Comme j'aimerais mieux être parmi mes sauvages ! » Le livre-culte de Lévi-Strauss par Didier Sénécal

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