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LA SCIENCE FICTION EN FRANCE DEPUIS 1914 (HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE)

Publié le 30/03/2012

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histoire

Dans les brisées de Mai 1968, après une période de flottement, la S.F. trouve, vers 1970, un second souffle et effectue une percée remarquée sur le marché éditorial. Collections et anthologies prolifèrent : les rééditions abondent et de jeunes auteurs (Andrevon, Douay, Jeury, Walther) côtoient ceux qui se sont maintenus (Curval, Klein, Steiner) sur les rayons et les tourniquets des librairies. Les ouvrages critiques fleurissent, du Que sais-je ? à l'Encyclopédie de P. Versins. La S.F., devenue un produit à la mode, envahit les médias. Est-ce à dire qu'elle se perd dans cet immense bruit de fond ?

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« .------------------------- 736 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE littérature psychologique se laissent tenter, comme L.

Daudet, Pérochon, Farrère ou Maurois.

Mais ce renouvellement cache mal une dégradation : la S.F.

française se contente maintenant d'implanter une variante scientifique ponctuelle, par les moyens de la rhétorique de l'époque, dans un univers romanesque traditionnel qui l'englobe sans en être modifié.

Le virus scientifique y est enkysté, phagocyté.

De plus, les traductions sont rares, la production se fait en vase clos, sans ouvertures.

En outre, depuis la disparition des « Romans mystérieux».

la S.F.

n'est plus reçue comme une catégorie particulière de la fiction.

Ni pour les auteurs, qui pratiquent conjointement d'autres genres, ni pour les lecteurs, qui trouvent ces œuvres mêlées à d'autres dans les revues comme Sciences et Voyages, ou dans des collections populaires: « Tallandier », «Ferenczi».

Faute d'accéder à une «identité», comme cela se produit alors aux U.S.A., la S.F.

française, éparse et discontinue, voit son impact possible se diluer.

Or la S.F.

est un des genres mineurs - et donc peu soumis à la censure sociale -où s'expriment le mieux les tensions produites par la dynamique de l'impératif industriel dans le tissu social.

Il est pratiquement impossible à un écrivain qui traite du devenir d'une invention d'ignorer totalement cette possibilité de conflits que les autres genres éludent.

D'où l'intérêt de considérer le genre - l'ensemble des œuvres de la S.F.

d'alors, ou du moins les plus représentatives -organisé autour de quelques thèmes récurrents, comme l'équivalent symbolique d'un discours social où se mime le conflit refoulé ailleurs, entre les valeurs dites humanistes et les scientifiques.

Le non-dit y est symptomatique : voir l'absence presque systématique du voyage interplanétaire, alors qu'à la même époque la S.F.

américaine chante les héros conquérants parmi le chœur bruissant des nébuleuses.

Comme si la S.F., aux U.S.A., faisait de la science, et de la mainmise qu'elle permet sur l'Univers, le support de valeurs neuves, avec une inaltérable bonne conscience.

Nous sommes alors en France à un moment de l'histoire où la bourgeoisie nationale a besoin de stabilité pour se remodeler : le refus de toute innovation passe pour sagesse politique.

Et, dans la S.F., l'invention scientifique -prudente extrapolation -n'est bien souvent que le coup de pouce qui permet le récit.

Celui-ci lancé, on mettra l'accent sur le romanesque habituel, loin de tenter une exploration de l'hypothèse conjecturale.

Par peur d'avoir à en envisager les conséquences sociales possibles, il n'est pas. »

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