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L’acteur est un homme qui travaille en public avec son corps. Jerzy Grotowski

Publié le 19/03/2020

Extrait du document

«L’acteur est un homme qui travaille en public avec son corps, l’offrant publiquement. Si ce corps se limite à ne démontrer que ce qu’il est — quelque chose qui est à la portée de tout individu moyen —, alors il n’est pas capable de réaliser un acte total. S’il est exploité pour de l’argent ou pour gagner les faveurs du public, alors l’art de l’acteur confine à la prostitution. »

«Tous les autres éléments visuels — c’est-à-dire plastiques — sont construits par les moyens du corps de l’acteur, les effets acoustiques et musicaux par sa voix. »

«Nous sentons qu’un acteur atteint à l’essence de sa vocation quand il s’engage dans un acte de sincérité, quand il se dévoile, s’ouvre et se donne dans une réaction extrême, solennelle, et ne recule devant aucun obstacle posé par les us et coutumes. Plus encore, quand cet acte de sincérité est modelé dans un organisme vivant, dans des impulsions, dans une manière de respirer, dans un rythme de pensée et dans la circulation du sang, quand c’est ordonné et amené jusqu’à la conscience, sans se dissoudre dans le chaos et l’anarchie formelle — en un mot quand cet acte accompli par le théâtre est total. »

(«Il n’était pas entièrement lui-même», Les Temps Modernes, 1967).

 

«Le spectateur comprend, consciemment ou inconsciemment, que ce genre d’acte est une invitation à lui-même, d’en faire autant, et cela suscite souvent une opposition ou de l’indignation, parce- que nos efforts quotidiens tendent à cacher la vérité sur nous-mêmes, non seulement face au monde mais face à nous-mêmes. »

(«Le Nouveau testament du théâtre).

«... se révèle lui-même en s’arrachant son masque de tous les jours, il permet au spectateur d’entreprendre un processus similaire. Il ne vend pas son corps mais le sacrifie. »

« Que les scènes les plus drastiques se produisent face à face avec le spectateur afin qu’il soit à portée de la main de l’acteur, qu’il sente sa respiration et sa sueur. Cela implique la nécessité d’un théâtre de chambre. »

(«Le Nouveau testament du théâtre», article cité).

« 22 / ACTEUR (et expression corporelle) • 2 capable de réaliser un acte total.

S'il est exploité pour de l'argent ou pour gagner les faveurs du public, alors l'art de l'acteur confine à la prostitution.» Grotowski souhaite que la «misère» à laquelle est réduit ce corps dans le théâtre d'aujourd'hui, cède le pas à une sorte de «sainteté».

Si l'acteur se montre capable de se libérer, il « ••• se révèle lui-même en s'arrachant son masque de tous les jours, il permet au spectateur d'entreprendre un processus similaire.

Il ne vend pas son corps mais le sacrifie; » Et de préciser que « l'acteur saint», substitué à « l'acteur courtisan», se rend maître de son corps et, affranchi de toute «résistance», se fait l'instrument de la personnalité totale.

► D'emblée, Grotowski exclut de sa démarche tout ce qui demeure extérieur au théâtre.

Comme le théâtre se voit mis en concurrence avec d'autres moyens d'expres­ sion tels que le cinéma ou la télévision et les techniques audio-visuelles, il est urgent de le dépouiller de tout ce qui ne lui appartient pas en propre: décors, effets de lumière, costumes, musique et, le cas échéant, texte.

Sous ce rap­ port, Grotowski ne renonce pas nécessairement au texte: il signale que les acteurs ont la faculté de constituer collec­ tivement un texte, scénario ou simple canevas, susceptible d'être utilisé comme support du jeu théâtral, selon le modèle offert dans le passé par la commedia dell'arte.

En l'occurrence,« Ir spectacle sera tout aussi bon si les mots ne sont pas articulés mais simplement murmurés.

» («Le Nou­ veau testament du théâtre»).

C'est dire que le «rôle» qui, traditionnellement, définit le personnage tel que l'acteur l'interprète en l'incarnant, n'est pas, à vrai dire, supprimé; il ne revêt plus la même signification.

Au lieu de se soumettre au «rôle» qu'on lui impose, l'acteur créera son propre «rôle>> ou le choisira en fonc­ tion de sa personnalité propre, comme l'indique Grotow­ ski dans « Le Nouveau testament du théâtre» :. »

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