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« L'artiste ne doit pas plus apparaître dans son œuvre que Dieu dans la nature; l'homme n'est rien, l'œuvre tout. » Vous direz comment il faut comprendre ces réflexions de Gustave Flaubert, puis, en prenant pour exemples des œuvres que vous connaissez bien, vous vous demanderez si la thèse du grand romancier paraît conforme aux données de toute création, dans la littérature et l'art, ou si elle expose un idéal qu'il est impossible de réaliser.

Publié le 28/03/2011

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PLAN DÉTAILLÉ

Introduction ■ Attitude romantique qui est encore très souvent la nôtre : « tout art semble plus ou moins l'émanation de la vie personnelle de l'auteur «. ■ Violentes réactions contre cet étalage du Moi (Parnasse, École Réaliste). ■ Flaubert en particulier, réagissant d'autant plus que la tentation romantique a été pour lui très forte, réclame un art objectif où l'artiste doit faire preuve de « l'impartialité qu'on met dans les sciences physiques «.   

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« « J'éprouve une répulsion invincible à mettre sur le papier quelque chose de mon cœur », écrivait Flaubert.

A quoiG.

Sand répliquait : « Moi, il me semble qu'on ne peut y mettre autre chose.

» Les 2 positions opposées résumentbien les 2 aspects du problème posé par les rapports entre l'art et la vie. La position de refus naît d'abord par réaction contre le romantisme, dans les générations grandies en pleinmouvement romantique, « ravagées » (Flaubert) par le besoin de sensations intenses, de passion, d'imagination, deromanesque.

D'où attitude du Parnasse : « Le thème personnel et ses variations trop répétées ont épuisé l'attention» (Leconte de Lisle) ; — du Réalisme : la création de Mme Bovary n'est-elle pas une façon de se sauvegarder de ses erreurs ? — de certains modernes : Valéry, qui s'oppose à lui-même des obstacles, prône un renoncement volontaire de laliberté créatrice; Montherlant qui se « resserre autour de [son] œuvre »... Cette attitude est évidemment pudeur : Stendhal, Mérimée, Flaubert, Montherlant auraient peut-être livré certainsdétails de leur vie dans leur œuvre, donc au public, mais : — ou bien ils sont découragés (ou craignent) par l'ironieet les railleries que risquent de soulever leurs confidences; — ou bien ils pensent « que le souci des rapports avec lepublic, qui demeure chez n'importe quel artiste quoiqu'il en ait, ce souci est le revers de l'art, ce qui empoisonne etcorrompt tantôt l'œuvre d'art, tantôt le caractère de l'artiste, tantôt les deux » (Montherlant).

C'est donc là le refusd'une certaine démagogie littéraire. Mais plus encore peut-être, cette attitude témoigne d'un culte de l'art.

« L'œuvre est tout.

» Seule la littératureredonne, pour Flaubert, un sens à son existence.

Il est un véritable martyr de son art et voue un culte à la Beauté.« Le but de l'art, c'est le beau avant tout », écrit-il.

L'intrusion de la vie fausserait et souillerait. Au lieu d'être consolation, ou exutoire, l'œuvre doit être art pur, débarrassé de toute exhibition privée. Cependant, être totalement objectif et impartial n'est pas réalisable.

Ainsi Flaubert n'est pas parvenu à obtenir uneœuvre parfaitement impersonnelle.

Il laisse deviner ses railleries, ses fureurs (contre la « bourgeoisie imbécile » parex.), ses partis pris. Mais dans tous les cas — même dans cette transposition autobiographique qu'est L'Éducation sentimentale —l'artiste n' « apparaît » pas plus dans son œuvre que « Dieu dans la nature ».

Il est créateur, mais en regardantvivre de l'extérieur le personnage créé : — Ainsi, en étudiant l'influence du romantisme sur l'âme de la jeune Emma, c'est sa propre jeunesse que l'auteurrevoit et dont il se moque (Mme Bovary). — Ainsi Frédéric Moreau est créé en grande partie à son image (L'Éducation sentimentale). — Mais chaque fois le créateur sait conserver certaines distances, donner l'impression d'une certaine objectivité;son personnage vit d'une vie autonome. D'ailleurs le Beau ne peut être une entité de pureté et de perfection, il doit conserver des « racines vitales ».

Ainsic'est le cc moi » artistique, non le « moi » de surface, qui doit être approfondi.

Ce n'est pas la « petite »biographie, celle des aventures individuelles, qui intéresse mais c'est le « moi » essentiel, celui qui relève de lamétaphysique, qui doit être atteint. Les grands créateurs « donnent une impression de vécu sans pourtant faire de place à l'anecdote individuelle »(Thibaudet) : — Ainsi la « planète Balzac » (Mauriac) est plus vraie que la réalité. — Ainsi Baudelaire laisse transparaître sa vie dans Les Fleurs du Mal et Les Petits Poèmes en Prose, et pourtant nela raconte jamais. « Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or » est pour lui le secret de la véritable création; car le « moi » nu n'estpas suffisante matière poétique, il faut une « alchimie du moi ». Conclusion Avoir sans cesse « le cœur en écharpe » (formule appliquée à Chateaubriand, à tort d'ailleurs, car cet homme néau XVIIIe siècle conserve une certaine retenue) est un abus. Nécessité de la technique, et sinon de « l'Art pour l'art », au moins de la recherche et d'une certaine soumission àla Beauté « ...

fée aux yeux de velours,. »

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