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Le Chat et le Renard de La Fontaine (lecture méthodique de la Fable)

Publié le 22/02/2012

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Dans cette fable, les portraits animaliers pleins de verve satirique nous révèlent aussi tout un art de la dramatisation, à travers les méandres et la tension d'une écriture variée, faisant alterner d'une part, alexandrins et octosyllabes, d'autre part, rimes croisées, plates et embrassées. Le début de la fable correspond à l'exposition , aux portraits des deux acteurs, puis à la « dispute » (v. 1-19). La parole est alors relayée par l'action qui permet de départager les deux concurrents (v. 20-32). Le Chat et le Renard sont souvent mis en scène, mais rarement ensemble, car La Fontaine préfère les associer à un animal plus faible et moins intelligent dont ils profitent et triomphent. En effet, les deux compères qui sont des prédateurs rusés se ressemblent. Ils ne sont pas les animaux les plus puissants de la création, mais leur infériorité relative, par rapport au Loup ou au Lion par exemple, est largement compensée par leur intelligence et leur habileté. Donc s'ils se rencontrent, il faut que l'un d'eux soit vaincu et disparaisse de la scène.
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« Alors que le récit piétine, comme le montrent le verbe « recommencer », la répétition de « dispute », l'expression « àl'envi », écho de « à qui mieux mieux », l'action prend brusquement le relais de la parole redondante (l'hyperbole «cent » est devenue « mille »), déjà dépréciée par le verbe « s'égosillèrent » (v.

11).

L'arrivée de la meute inconnue,comme le soulignel'article indéfini « une », a lieu au milieu de la phrase (v.

18-20), évoquée dans un vers plus court, avec un verbe aupassé simple, temps de l'action rapide et ponctuelle : « Une meute apaisa la noise.

» La revancheLe Chat humilié par les propos désobligeants du Renard est vengé par les circonstances.

La Fontaine critique autantl'esprit de dispersion que la vanité des paroles.

L'ordre des mots révèle le renversement des rapports de forces (v.1, 21) : « Le Renard au Chat dit enfin », « Le Chat dit au Renard ».

On se souvient du titre et du premier vers, « LeChat et le Renard » qui annonçaient déjà la supériorité du Chat.

Sa prise de parole est significative (avec lesconseils à l'impératif donnés ironiquement à l'« ami »), car comme pour le Loup (VIII, 3), le silence est synonyme dedéfaite ; aussi le Renard ne dit plus rien jusqu'à sa mort qui s'apparente à une exécution.

Il n'est d'ailleurs mêmeplus nommé (v.

25 : « L'autre »).Le rythme s'accélère, « voici le mien » donnant une idée de rapidité comme dans «Et voilà la guerre allumée » (VII,12, v.

2 : ).

Vient alors une série de verbes d'action et de mouvement au passé simple (« grimpa », « fit », « entra»).

Le resserrement dramatique est accentué par le martèlement des [t], la sensation d'étouffement desallitérations en [f], les octosyllabes, la répétition de l'hyperbole « cent » qui fait écho aux « cents ruses » (v.

15),de « partout », et la prolifération des ennemis (« confrères de Brifaut », « bassets », « deux chiens »).

On estpassé du registre familier du début à un style épique (« chiens aux pieds agiles »).La morale est brève, sèche, marquée par un rythme ternaire avec les trois verbes « perd », « tente », « veut », etune prédominance des termes monosyllabiques (v.

34-35) « On perd du temps au choix, on tente, on veut toutfaire.

/ N'en ayons qu'un, mais qu'il soit bon.

» On retrouve des procédés habituels de généralisation : pronom « on», présent de vérité générale, exhortation à l'impératif, élargissement à la première personne du pluriel « nous ». • En quelques paroles et quelques gestes, La Fontaine nous livre les traits essentiels de ses portraits satiriques enmêlant caractéristiques humaines et animales.

Il oppose les tons, les styles, joue sur les mots et les noms et faitdes variations à partir d'un même canevas en combinant les caractères et les situations.

Pour lui, l'essentiel estmoins dans l'histoire racontée que dans la peinture des caractères et les jeux miroitants du langage.. »

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