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LE COSTUME DE THÉÂTRE

Publié le 20/01/2020

Extrait du document

> QUESTION [4 points]

Quelle fonctions peut-on attribuer au costume de théâtre d’après les textes 1, 2 et 3 du corpus ?

> TRAVAIL D'ÉCRITURE [16points]

I - Commentaire

Vous ferez le commentaire du texte de Ionesco extrait de Rhinocéros (texte 3).

II - Dissertation
Dans quelle mesure le costume de théâtre joue-t-il un rôle important dans la représentation d’une pièce et contribue-t-il à l’élaboration de son sens pour le spectateur ?
Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur le corpus (textes et annexe), sur les textes que vous avez étudiés en classe, ceux que vous avez lus ainsi que sur les spectacles que vous avez pu voir.
III - Écrit d'invention
La comédie de l’Avare a été écrite et représentée en 1668. Il est question, dans la scène proposée, de costumes à la mode et d’autres qui sont démodés. Un comédien et son metteur en scène s’opposent sur le choix des costumes à faire porter aujourd’hui aux personnages : faut-il, pour donner à la scène tout son comique, garder les habits suggérés par le texte de Molière ou leur préférer des vêtements plus modernes ?
Vous rédigerez leur dialogue.

> CORPUS

1. MOLIÈRE, L’Avare, acte II, scène 5, 1668.

2. S. BeCKETT, En attendant Godot, acte I, 1953.

3. E. IONESCO, Rhinocéros, acte I, 1959.

Annexe : A. STAGÉ, « Mises en scène de En attendant Godot», 1999.

■ Texte 3 : Eugène Ionesco (1912-1994), Rhinocéros, 1959

Au début de la pièce, deux amis se retrouvent, dans une ville où une étrange maladie, « la rhinocérite », transformera peu à peu les habitants, sauf Béranger, en rhinocéros. Cette transformation constitue un image de la montée du nazisme ou d’autres formes de totalitarisme.

JEAN, l’interrompant. - Vous êtes dans un triste état, mon ami.

BÉRENGER. — Dans un triste état, vous trouvez ?

JEAN. — Je ne suis pas aveugle. Vous tombez de fatigue, vous avez encore perdu la nuit, vous bâillez, vous êtes mort de sommeil...

5 BÉRENGER. - J’ai un peu mal aux cheveux...

JEAN. — Vous puez l’alcool !

BÉRENGER. - J’ai un petit peu la gueule de bois, c’est vrai !

JEAN. - Tous les dimanches matin, c’est pareil, sans compter les jours de la semaine.

1o BÉRENGER. - Ah non, en semaine c’est moins fréquent, à cause du bureau...

JEAN. - Et votre cravate, où est-elle ? Vous l’avez perdue dans vos ébats !

BÉRENGER, mettant la main à son cou. - Tiens, c’est vrai, c’est drôle, qu’est-ce que j’ai bien pu en faire ?

15 JEAN, sortant une cravate de la poche de son veston. — Tenez, mettez celle-ci. BÉRENGER. - Oh, merci, vous êtes bien obligeant. {Il noue la cravate à son cou.)

JEAN, pendant que Bérenger noue sa cravate au petit bonheur. — Vous êtes tout décoiffé ! {Bérenger passe les doigts dans ses cheveux.) Tenez, voici un peigne ! {Il sort un peigne de l’autre proche de son veston.)
BÉRENGER, prenant le peigne. — Merci. {Il se peigne vaguement.)
JEAN. — Vous ne vous êtes pas rasé ! Regardez la tête que vous avez. {Il sort une petite glace de la poche intérieure de son veston, la tend à Bérenger qui s’y examine ; en se regardant dans la glace, il tire la langue!)
BÉRENGER. — J’ai la langue bien chargée.
JEAN, reprenant la glace et la remettant dans sa poche. — Ce n’est pas étonnant !... {Il reprend aussi le peigne que lui tend Bérenger, et le remet dans sa poche.) La cirrhose1 vous menace, mon ami.
BÉRENGER, inquiet. — Vous croyez ?
JEAN, à Bérenger qui veut lui rendre la cravate. — Gardez la cravate, j’en ai en réserve.
BÉRENGER, admiratif. — Vous êtes soigneux, vous.
JEAN, continuant d’inspecter Bérenger. — Vos vêtements sont tout chiffonnés, c’est lamentable, votre chemise est d’une saleté repoussante, vos souliers... {Bérenger essaye de cacher ses pieds sous la table!) Vos souliers ne sont pas cirés... Quel désordre !... Vos épaules...
BÉRENGER. - Qu’est-ce qu’elles ont, mes épaules ?...
JEAN. - Tournez-vous. Allez, tournez-vous. Vous vous êtes appuyé contre un mur... {Bérenger étend mollement sa main vers Jean.) Non, je n’ai pas de brosse sur moi, cela gonflerait les poches. {Toujours mollement, Bérenger donne des tapes sur ses épaules pour en faire sortir la poussière blanche ; Jean écarte la tête!) Oh là là... Où donc avez-vous pris cela ?
BÉRENGER. — Je ne m’en souviens pas.
JEAN. — C’est lamentable, lamentable ! J’ai honte d’être votre ami. BÉRENGER. — Vous êtes bien sévère...
© Éditions GALLIMARD 1. Cirrhose : maladie du foie.

« ,.

France métropolibine, juin 2004 d'étoupe4, leurs hauts-de-chausses 5 tout tombants et leurs estomacs débraillés.

FROSINE.

-Eh ! cela est bien bâ;i auprès d'une personne comme vous ! Voilà un homme cela! Il y a là de quoi satisfaire à la vue, et c'est ainsi qu'il 15 faut être fait et vêtu pour donner de l'amour.

HARPAGON.

-Tu me trouves bien ? FROSINE.

-Comment ! vous êtes à ravir, et votre figure est à peindre.

Tournez-vous un peu, s'il vous plaît.

Il ne se peut pas mieux.

Que je vous voie marcher.

Voilà un corps taillé, libre et dégagé comme il faut, et qui ne 20 marque aucune incommodité.

HARPAGON.

-Je n'en ai pas de grandes, Dieu merci: il n'y a que ma fluxion 6 qui me prend de temps en temps.

FROSINE.

-Cela n'est rien.

Votre fluxion ne vous sied point mal, et vous avez grâce à tousser.

25 HARPAGON.

-Dis-moi un peu: Mariane ne m'a-t-elle point encore vu? n'a-t-elle point pris garde à moi en passant? FROSINE.

-Non.

Mais nous nous sommes fort entretenues de vous.

Je lui ai fait un portrait de votre personne, et je n'ai pas manqué de lui vanter votre mérite et l'avantage que ce lui serait d'avoir un mari comme vous.

30 HARPAGON.

-Tu as bien fait, et je t'en remercie.

FROSINE.

-J'aurais, Monsieur, une petite prière à vous faire.

(Il prend un air sévère.) J'ai un procès que je suis sur le point de perdre, faute d'un peu d'argent, et vous pourriez facilement me procurer le gain de ce procès si vous aviez quelque bonté pour moi.

Vous ne sauriez croire le plaisir qu'elle 3S aura de vous voir.

(Il reprend un air gai.) Ah ! que vous lui plairez ! et que votre fraise 7 à l'antique fera sur son esprit un effet admirable ! Mais surtout elle sera charmée de votre haut-de-chausses, attaché au pourpoint 8 avec des aiguillettes 9• C'est pour la rendre folle de vous; et un amant aiguilletté sera pour elle un ragoût merveilleux.

HARPAGON.

-Certes, tu me ravis de me dire cela.

1.

Drogues : remèdes désagréables.

2.

Godelureaux : élégants prétentieux.

3.

Ragoût : goût.

4.

Étoupe : résidu tiré du chanvre ou du lin.

5.

Hauts-de-chausses: pantalons.

6.

Fluxion : bronchite chronique.

7.

Fraise: collerette amidonnée et tuyautée qui se portait autour du cou, sous Henri IV.

8.

Pourpoint: veste.

9.

Aiguillettes : sorte de lacets.. »

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