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L'unité du roman - Voyage au bout de la nuit (Céline)

Publié le 16/09/2018

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pour avancer à la suite de nous quatre dans le noir. Un petit groupe. Il voulait savoir combien qu'on était déjà dans l'aventure ? Où que c'était que nous allions ? Pour pouvoir, lui, aussi, tenir la main des nouveaux amis vers cette fin qu'il nous faudrait bien atteindre tous ensemble ou jamais. On était maintenant du même voyage. Il apprendrait à marcher dans la nuit le curé, comme nous, comme les autres » (p. 430). Si l'abbé Protiste, qui est vraiment n'importe qui, encore plus que Bébert, est ainsi engagé, c'est que tout être humain peut à tout instant se trouver engagé dans l'aventure d'un de ses semblables.

 

Cette communion n'est pas la vague sensation humaniste qui unit les riches après un bon repas bien arrosé, c'est la complicité des pauvres dans le mal, dans la faute, dans la souffrance, puisque tel est leur lot.

 

D'une partie à l'autre de Voyage au boutde la nuit Bardamu n'a pas tiré son épingle du jeu. Le roman est fortement unifié par le sentiment que les hommes sont solidaires, complices, frères. Le mouvement général de l'œuvre consiste à descendre plus avant de page en page et à montrer que ce lien est quasi essentiel. Quand on le retrouve médecin dans sa banlieue, Bardamu a vieilli ; ce qui n'était qu'une réaction de défense collective contre les agressions du monde est devenu chaleur et tendresse. Tout cela est dit sans que Céline sorte du domaine des phénomènes : il ne s'agit pas des Hommes, ni de l'Humanité, mais de Ferdinand Bardamu, de Robinson, de l'abbé Protiste ; et cette culpabilité qui les rive les uns aux autres n'est le signe de rien, ne renvoie à rien, ne sert à rien. Les choses sont ainsi.

« vie », s'écriera l'autre pour écarter Madelon (p.

619).

Le Robinson de la première partie n'avait pas les mêmes inquié­ tudes.

Nous pouvons alors conclure que c'est bien la même his toire qui se poursuit, vécue par deux héros différents.

Si nous ne sommes pas des lecteurs trop naïfs, si nous adme ttons qu'un roman peut être autre chose que le récit d' une vie, la substitution de Robi nson à Bardamu ne rompra pas à nos yeux l'un ité de l'œuvre.

BA RDAM U Mais le trans fert à Robinson de la char ge principale modi­ fie radicalement la situation du narrateur.

Voilà qui risque bien davantage de changer l'orientation du roman tout entier.

Dans la première partie, tout est simple : Bardamu éprouve lui­ même les peines dont il parle, la guerre, la détresse et la mala­ die, le besoin de fuir Molly.

Il s'a git ici de solidarité, de la sol i­ darité des victimes entre elles : si chacun pense aux autres, c' est parce qu'il a d'ab ord pensé à so i.

Dès le premier chapitre de la seconde partie, p.

303 à 313 , voilà Bardamu médecin : « Les études ça vous change, ça fait l'o rgueil d'un homme » (p.

307).

Il a ouvert un cabinet à la Garenne-Rancy, ayant choisi cet endroit. »

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