Ordre et désordre dans les Fables
Publié le 27/03/2015
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«
E X P 0 S É S F C H E S
.,,.
Il -ÜNE DISCRÈTE HARMONIE
Des fables d'ouverture et de fermeture
Toutefois les livres se trouvent assez souvent encadrés au début et à la fin par
des fables d'ouverture et des fables-péroraison qui ont un propos généralement
plus profond.
Dans
le premier recueil, on signalera le livre II : la première fable est
une réflexion sur le genre de la fable et la dernière une observation sur la position
du moraliste dans la société, lequel a« plus de sens/ Qu'une multitude de gens»
(Il, 90).
Ce« système» d'encadrement est loin d'être systématique mais on le re
trouve avec plus ou moins de netteté, par exemple dans le livre IX,
où la première
fable (
« Le dépositaire infidèle ») débute par une réflexion sur les Fables (d'une
quarantaine de vers), tandis que la dernière pièce est le
long« discours à Madame
de la
Sablière » qui se présente aussi comme une réflexion sur la poétique des
Fables.
Des regroupements significatifs
On relève également des regroupements significatifs.
On sait par exemple que
les premières fables du livre XII sont composées pour un destinataire précis,
le
prince de Bourgogne, et qu'elles ont le dessein de participer à léducation du jeune
prince.
Les fables concernant le loup ou le renard offrent une
série de peintures qui permettent un « suivi » de ces personnages.
La ruse du renard par exemple est
déclinée de façon fort différente selon que
lon considère « La cour du lion »
(VII, 6), «Le chat et le renard» (IX, 14), «Le renard et les poulets d'Inde » (XII,
18) ou« Le renard anglais» (XII, 23).
Il faudrait enfin signaler le retour de loin en
loin de
certains thèmes privilégiés (la cour, la mort, la métamorphose ...
), ainsi
que la présence de quelques fables doubles (VII, 4) ou de fables
se rapprochant de
cette forme (
« Discours à Madame de La Sablière », IX, 15).
Ce principe du «thème et variation» relève assez clairement d'une perception musicale.
Les rapports entre fables animales et fables humaines
On peut estimer enfin que lalternance entre les fables humaines (H) et animales
(A) ainsi que leur conjonction dans certaines pièces (H+A) donne aussi un rythme et finalement une structure, là encore, d'ordre musical.
Pour le livre IX, on re
marque ainsi que
« À la fable 1 sur le roi des animaux (A) succèdent deux
groupes: les fables 2 à 4 sont construites sur H (2), H+A (3), H (4) et les fables 5 à
8 sur 2 A
(5 et 6) et 2 H (7 et 8).
La fable 9 est" animale" comme la fable 1 ( ...
).
Elle fait écho à la dernière fable du livre IX, sur le thème cher à l'auteur, de l'intel
ligence animale.
Comme dans les livres précédents, la structure se construit sur
l'enchâssement, le redoublement et, ici,
le cercle parfait que représentent ouverture
et clôture (Jean
Lafond,« L'architecture des livres VII à XII des Fables», Le Fa
blier,
n° 4, 1992).
Dans cette perspective, on débouche sur l'observation d'une
combinatoire musicale qui n'étonne pas de la part d'un poète qui s'est mêlé en
son temps de musique.
Conclusion : La lecture continue des Fables de La Fontaine, malgré la
diversité et la richesse des sujets abordés et des formes utilisées, laisse une
impression de grande unité.
En ce sens, les
Fables sont I' œuvre du poète
qui voit l'univers dans toute sa diversité ; mais, par
le truchement de la
langue poétique et métaphorique,
il parvient à saisir et à rendre cet univers
dans son
unité supérieure.
LES FABLES DE LA FONTAINE~.
»
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