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Que pensez-vous de ce jugement porté par Duhamel sur la publicité : « La publicité moderne marque, pour le public, un injurieux mépris. Elle traite l’homme comme le plus obtus des animaux inférieurs » ?

Publié le 02/11/2016

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INTRODUCTION

 

La publicité a pris, au cours du xxe siècle, une place de plus en plus grande dans la vie quotidienne : les entractes de cinéma, les murs des cités, les bas-côtés des routes, les chaînes de radiodiffusion vantent sans cesse tel produit ou telle marque. Les procédés utilisés sont extrêmement variés, et mettent en œuvre toutes les ressources de la technique audio-visuelle pour attirer l’attention du public. Georges Duhamel jugeait avec sévérité cette situation dans Les Scènes de la Vie future : « La publicité moderne marque, pour le public, un injurieux mépris. Elle traite l'homme comme le plus obtus des animaux inférieurs». Inspirée par le spectacle qu’offraient les États-Unis des années 30, cette réflexion peut s’appliquer aujourd’hui à notre monde, et nous amène à examiner d’un œil critique une réalité que nous subissons en général passivement.

 

I. LE POINT DE VUE DE GEORGES DUHAMEL

 

La critique de Duhamel porte principalement, dans cette phrase, sur les procédés employés par la publicité : il leur reproche leur caractère grossier, et évoque même la dégradation des sens qu’ils entraînent et qui rend l’homme inférieur à un chien.

 

Des procédés simplistes Dans les Scènes de la Vie future,

 

la réflexion de l’écrivain part du spectacle, extraordinaire à l’époque pour un Européen, de New York la nuit : les murs, les toits, les façades ruissellent de lumière, multiplient les affirmations, les conseils, les injonctions. Tout est bon aujourd’hui pour attirer l’attention et forcer la volonté du consommateur : les couleurs agressives des affiches, leurs dimensions, les lignes plus ou moins insolites du dessin, nous frappent à notre insu. La publicité radiodiffusée associe des noms de marque à des musiques célèbres, les présente par des phrases incongrues, les répète sans cesse. Toutes les découvertes de la psychophysiologie sont appliquées à cette technique

« nou velle mi se au rang d ' une véritable science tournée vers le déclenchement systématique de réflexes élé men tai res.

Et Duh amel s'ind igne : «Es t-ce à mo i que s'adresse, est-ce à moi qu 'ose s'a dresser cett e publicité à éclipses, à répétitions, à explosi ons qui semble conçue pour exciter les réflexes d'un mollu sq ue sédentai re ? » Des pro céd é s avil issants A ce niveau, le p rob lème est vé rita- blem ent mor a l : les procéd és de réclame ne s'adressent pas à l'activit é céré brale consciente, et ram ènent l'ho mm e au réflexe condit ionné; sembla ble au ch ien de Pavlov, i1 réagit mécaniquement.

Q ue devient en ce cas une dignité huma in e que nous plaç ons volon tiers dan s 1 'usage de l a rai son et du libre arbit re? Ma is il y a plu s gra ve : les insti ncts auxquel s on fait ainsi ap pel ne sont pas les plus nobles, tant s'e n faut.

Les ré cl ames le s plus bénignes flattent la gourmandi se, le goOt des collect ions fu tiles.

D 'autr es utili sent le cult e de la violence , conseill e nt des vête ments qui feront ressembler l 'ac heteur à tel héro s cé lèbre du ciné ma ou des bandes dessinées.

Le ressort essentiel cependa nt est la sexual ité : il serait c u rieux de relever le nombre d'affiches qui r eprésen ten t des « pin up girls » san s qu'elles aient rien à faire avec la banque ou le réfrigérateu r recommandé s.

Des proc édé s mensong e rs En inhibant les facultés intel- lectuelles par la vio lence des solli citation s, la publicité annihile l 'espr it c ritique du cons om­ mateur, alors que celui-ci en aur ait particulièrement besoi n pour se défe ndre .

Tout un vocabula ire de super la tifs, to ute une fa us se chimie ont été créés pou r vanter les pr oduits avec une ex ag éra tion systé matique .

N'est-ce pas aussi mé priser l 'ho mme que de lu i promettre ainsi des miracles dont il sera toujours frustr é? Et l'avenir nous réserv e des abus plus graves : cer taines exp éri ences o nt permis de créer des imag es cinémato ­ graphiques q ue seul le su bco nsc ie nt perçoit; dès lors, on pe ut agir sur le specta teur tota lement à son insu, en le per su ad ant s ans effort.

C'e st déjà le M eilleur des Monde s de Huxley que no us entrevoyons dans ce viol de la consci en ce indiv iduelle - interdit pour l'in s tant par la loi.

Une analyse des faits no us perm et donc de donn e r raison sur bien des points à Georges Duh amel.

Mais la vitupérati on des mœ urs du temps est un lieu commun de la m orale , et l'on peut reproc h er à l' auteur des Scènes de la Vie future une opp osition systématique aux divers aspec ts de l a vie moderne.. »

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