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RABELAIS. LE CONTEUR

Publié le 19/05/2011

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I. — Rabelais (1490?-1553).

Vie de Rabelais. — François Rabelais, né à Chinon en 1490 ou 5495, était le cinquième enfant d'un modeste vigneron. Le père voulut faire de son dernier-né un moine, et le petit François étudia à l'abbaye de Seuillé, puis au couvent de la Beaumette. Il entra comme moine, à l'abbaye des Cordeliers de Fontenay-le-Comte, où il resta quinze ans et fut ordonné prêtre. En 1523, Rabelais quitte le couvent de Fontenay-le-Comte, pour passer à l'abbaye bénédictine de Ligugé. Mais il n'y demeure pas longtemps. En 1525, il prend l'habit de prêtre séculier, et commence à voyager. C'est une période obscure de sa vie. On signale le passage de Rabelais à Poitiers, Bourges, Bordeaux, Toulouse, Avignon, Paris; et, en 1530, on le trouve à Montpellier, où il étudie la médecine. Ces « voyages d'études « étaient à la mode au XVIe siècle. En 1531, Rabelais est à Lyon. Il y exerce déjà la médecine. De novembre 1532 à la fin de 1533, il est attaché comme médecin au grand hôpital de Lyon, aux appointements de 40 livres par an. II publie une traduction latine d'Hippocrate et de Galien. Vers la même époque, il rédige des almanachs, destinés à distraire et à faire rire ses malades; il écrit dans la même intention la Pantagrueline pronostication et remanie pour un libraire une légende populaire, sous ce titre : les Grandes et Inestimables Chroniques du grand et énorme géant Gargantua (1532). « Il s'en est vendu plus en un mois, dit-il, que de Bibles en neuf ans. « C'est alors qu'il a probablement l'idée d'élargir et de continuer cette histoire pour en faire son roman burlesque, dont il publie le premier livre (1533).

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« Livre III.

— Ici commencent (ch.

lx) les aventures de Panurge, qui, ne sachant s'il doit ou non se marier, consultesuccessivement toutes sortes de personnes, — sans obtenir de réponse affirmative ou négative.

Pantagruel etPanurge se résolvent alors à partir pour consulter l'oracle de la Dive Bouteille.Livre IV.

— Un des premiers épisodes de ce voyage est celui des moutons de Panurge (ch.

v-viii).—On arrive à Piledes Chicanous (ch.

XII), Les chicanous sont les huissiers, les sergents, qui reçoivent souvent des coups de bâton,mais qui en vivent.

Les navires sont assaillis par une terrible tempête.

Panurge se lamente, tandis que frère Jean semet à la manoeuvre et contribue à sauver la flottille.

Dès qu'on aborde, Panurge retrouve tout son courage, etgourmande plaisamment ses compagnons épuisés.Livre V.

— Nous abordons à l'Ile Sonnante (Rome), et l'auteur énumère les différentes espèces d'oiseaux qui ypullulent, blancs, noirs, gris, rouges, bleus : clergaux, prestregaux, monagaux, évesgaux, cardingaux, et papegaut, «qui est unique en son espèce ».

Tous ces oiseaux viennent d'une contrée lointaine nommée Joursanspain.Pantagruel et son compagnon sont admis à voir Papegaut (ch.

i-viii).

Les vaisseaux s'arrêtent ensuite au Guichethabité par les Chats-fourrés, dont Grippeminatid est l'archiduc.

Ces chapitres (ch.

xi à xv) sont une violente satiredes gens de justice.

Enfin, voici le pays de Lanternois, où se trouve l'oracle de la Dive Bouteille (ch xxxi) : longuedescription du temple, et de la fontaine (ch.

XXXIX-XLII).

Panurge, initié par la prêtresse Bacbuc, entend le mot dela bouteille : trinch (ch.

XLIV).

Bacbuc lit dans un livre sacré la glose de ce mot ; c'est buvez. La composition et les caractères.

— Iliade grotesque, suivie d'une Odyssée satirique, l'oeuvre de Rabelais est plutôt« successive » que « composée ».

Le Gargantua (Ier livre) est la seule partie qui offre un commencement, un milieuet une fin; toute l'histoire de Pantagruel s'en va à la dérive, sans aucun lien nécessaire entre les épisodes, et rienn'empêchait l'auteur de retarder jusqu'à un livre VIe ou Xe la réponse de la dive bouteille, but de ce voyageincohérent.L'unité de l'ouvrage, et surtout de la deuxième partie, est donc dans les caractères des personnages, qui, à traverstant d'aventures et de digressions, restent conformes à eux-mêmes.Que valent en réalité ces caractères ? — Sont-ils de puissantes incarnations de types humains, et Rabelais est-il uncréateur au même titre que les grands romanciers français et étrangers ? — Ses géants sont braves et bons; maisleur psychologie est bien sommaire; ce sont des ogres bienfaisants.

Pantagruel représente même une sorte demodération sceptique et d'indulgence paresseuse qui va jusqu'à l'absence de tout caractère.

Quant à Panurge, « quiavait soixante et trois manières de trouver de l'argent toujours à son besoing, dont la plus honorable et la pluscommune estoit par façon de larrecin furtivement faict, malfaisant, pipeur, beuveur, bateur de pavez, ribleur s'il enestoit à Paris, au demeurant le meilleur filz du monde...

», il est, selon l'étymologie grecque de son nom, bon à toutfaire, vaillant en paroles et lâche dans l'action, poltron et cruel; et il pousse le cynisme des discours jusqu'auxdernières limites.

Frère Jean, le moine robuste et hardi, est plus sympathique; si son langage est grossier, son coeurest honnête, et ses rudes propos sont moins inquiétants que les gentillesses de Panurge.Quelques caractères secondaires ne manquent pas de relief : Grippeminaud, archiduc des Chats-fourrés, et Janotusde Bragmardo, délégué par la Sorbonne auprès de Gargantua. Les idées de Rabelais, leur sens et leur portée.

— Il est certain que Rabelais proteste contre les abus de son temps.Même sans tenir compte du Ve livre, puisque son authenticité n'est pas assurée, et en négligeant l'Ile Sonnante etles Chats-fourrés, il suffirait des chapitres sur les Papimanes et sur les Chicanous, pour voir avec quelle hardiesseRabelais attaque les moines, la discipline ecclésiastique, les cérémonies du culte, la politique et la personne despapes, la justice civile et criminelle.

Mais la plupart de ces plaisanteries étaient traditionnelles; on pouvait déjà leslire dans Renart, dans les fabliaux, dans les farces.

Il faut en conclure que, dans une large mesure, Rabelais héritedu passé plutôt qu'il n'ouvre l'avenir.

Il est vrai, d'autre part, que ces satires grossières ou piquantes prennentsouvent chez lui un tour plus vif, et constituent, on n'en saurait douter, un système lié.

Rabelais attaque tous ceuxqui « déforment la Nature (Physis), sous prétexte de la redresser ».

Et cette idée générale fait la profondeur relativede son oeuvre bouffonne.

Le symbole le plus clair de la philosophie rabelaisienne est l'abbaye de Thélème, dont ladevise : Fay ce que voudras, est peut-être, beaucoup plus que le Trinch de la Dive Bouteille, la clef de tout le livre.Quant à ce Trinch (buvez), il faut probablement l'interpréter dans un sens figuré (s'abreuver de science); maisl'auteur du cinquième livre, quel qu'il soit, laisse ce sens douteux et confus.

La pédagogie de Rabelais.

— Pour la bien comprendre, nous devons lire d'abord la Lettre de Gargantua à son filsPantagruel (livre II, chap.

viii).

Dans ce morceau, dont la rédaction est probablement antérieure à celle des «chapitres pédagogiques » du livre premier, Rabelais expose ses idées générales, qui peuvent se résumer ainsi : —Les parents se survivent dans leurs enfants, non seulement en corps mais en âme ; aussi doivent-ils s'occuper avecsoin de leur faire donner de l'éducation et de l'instruction...

tant en vertu, honnesteté et prudhomie, comme en toutsavoir libéral et honneste.

Que faut-il apprendre ? A peu près tout : le grec, le latin, l'hébreu, l'arabe, la géométrie,l'arithmétique, la musique, l'astronomie, l'histoire naturelle, la médecine, l'anatomie...

N'en doutons pas, Rabelaisénumère ici tout ce qu'il a lui-même appris ou voulu apprendre.

Cet « abisme de science », c'est son proprecerveau.

Il ajoute que l'essentiel est de servir, aimer et craindre Dieu.A la suite de cette lettre, on lira les chapitres xiv, xv, xxi, xxiii et xxiv de Gargantua.

Voici les points essentiels del'emploi du temps imposé par Ponocratès à son élève :Lever à 4 heures du matin; pendant que Gargantua fait sa toilette, on lui lit quelques pages de la Bible; il vaconsidérer l'état du ciel; il répète la leçon du jour d'avant, qui devient l'occasion de réflexions pratiques.

Puis, partrois bonnes heures, lui estait fait lecture.

Lecture, ici, veut dire explication raisonnée, en l'une des langues qu'ilétudie; l'élève y prend une part active.

— Après quoi, on sort, on joue à la balle, à la paume, s'exerçant le corps,. »

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