textes théoriques théâtre
Publié le 12/10/2013
Extrait du document
«
Tragédie et Comédie
La classification des œuvres dramatiques en genres est problématique.
Un genre est défini par des
caractéristiques propres à certaines œuvres et par des classements opérés par l’histoire littéraire.
Ces
classements se fondent sur les valeurs d’une époque ou d’un milieu qu’une autre époque, un autre
milieu peuvent rejeter.
Ainsi en est-il de la distinction entre tragédie et comédie, accordée à la
période et à l’esthétique classiques et qui s’est trouvée contestée dès le XVIIIeme.
Christian BIET , Le Tragique , 1997
Alors que nous ne pouvons aborder la tragédie classique sans envisager la question du « tragique »,
cette notion est « souvent étrangère aux théoriciens et aux auteurs de tragédies ».
Tragédie, destin, transcendance
Notion de tragique : vision du monde dominé par l’urgence et un destin implacable.
Tragédie et transcendance sont aussi liées.
Tragédie et liberté
Henri GOUHIER : « Il n’y a pas de tragédie sans liberté, puisque le rayonnement tragique de la
fatalité tient à sa transcendance et que cette transcendance transcende une liberté »
CAMUS , Sur l’avenir de la tragédie , conférence à Athènes, 1955 : le héros tragique se révolte et
exerce sa liberté contre un ordre qui le dépas se.
La tragédie est alors ambiguë : « Il y a tragédie
lorsque l’homme par orgueil (hybris : démesure arrogante de l’homme) entre en contestation avec
l’ordre divin »
Du désordre à la norme
Le conflit entre l’homme et le monde est l’occasion d’une interrogation « sur Dieu, sur la loi et sur
l’homme » puis il y a un retour à l’ordre, un rappel des lois essentielles : valeur morale (plus que
dans l’hypothétique catharsis)
Tragédies de Corneille : dénouement pas toujours tragique, leçon clair mais contestée par l’éventuel
plaisir que le spectateur a pu éprouver en épousant les calculs et sentiments des héros tragiques.
Tragédies de Racine : dénouement : résolution de la crise, spectateur davantage exposé à la
« fascination de l’interdit »
Le théâtre tragique pr ogramme le désordre et tâche de résoudre, in extremis, ce désordre de
l’homme et du monde par le retour difficile et parfois impossible à une/la norme.
Déchirement de
l’homme par les paroles théâtrales qui mettent en cause la norme établie par l’intrigue m ême.
La fin
de la tragédie suppose que les places soient réattribuées, répéter l’ordre, rappeler les lois
essentielles, « que le père soit le père, que le fils soit le fils et que l’Etat fonctionne.
» Ce n’est
pas parce que les tragédies se « finissent bi en » qu’elles ne sont pas tragédies.
La tragédie est
d’abord un code et non une vision tragique du monde.
Corneille : résolution finale contestée par
plaisir donné au spectateur de constater les méandres des actions humaines.
Racine, en revanche : 2 objets contradictoires : montrer toute l’horreur qu’il y a à s’affranchir du
monde + représenter cette lutte (quitte à ne plus en voir les leçons).
Il faut donner au spectateur une
raison d’espérer + montrer l’envers du discours d’espoir : « que ceux qui ne peuvent pas souscrire
au monde sombrent dans la mort et les passions » : Fascination du spectateur pour l’interdit.
En offrant le spectacle des passions en conflit avec la norme, la représentation tragique bouleverse
le monde mais, ce faisant, l’interroge, ce qui est la fonction de l’art.
Les spectateurs des tragédies de
Racine, plus que celui des tragédies de Corneille, est partagé entre la leçon dont est porteur le retour
à la norme et la « fascination de l’interdit »
Christian BIET , La Tragédie , 1997
Le tragique sans la tragédie
« La tragédie (…) est d’abord définir par sa forme, par le haut registre de langue qu’elle emploie,
par le fait que ses personnages ne sont ni populaires ni communs, par le péril de mort inscrit dans
l’intrigue et/ou par la possibilité d’une ou plusieurs issues sanglantes, et donc (…) la tragédie
française des XVI et XVII siècles n’est pas nécessairement « tragique » au sens philosophique du.
»
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