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L'acquisition du langage permet-elle de former sa pensée ?

Publié le 16/02/2004

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langage

Par les mots, le sujet pensant donne une forme objective à ses pensées et les rend accessibles à sa propre conscience. Hegel veut ainsi démystifier l' ineffable, ce « quelque chose « de si riche, de si nuancé et de si subtil qu'aucune parole ne pourrait l'exprimer. L'ineffable, écrit Hegel dans Philosophie de l'Esprit, «c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot «.  C. Les périls du langage * Toutefois, comme toute institution, comme toute oeuvre de l'esprit qui matérialise l'esprit, le langage est susceptible de trahir ce qu'il est supposé traduire. Bergson, entre autres, a montré comment le langage pouvait dénaturer la pensée. D'après lui, le langage convient pour désigner des objets matériels juxtaposés dans l'espace. A la multiplicité infinie des choses, il substitue des mots en nombre limité dont chacun exprime toute une classe d'objets, ce qui est très commode pour l'action matérielle et collective des hommes aux prises avec le monde. Mais l'origine sociale et pragmatique du langage le disqualifie pour l'expression de ma vie intérieure, dont les états successifs, dans le flux de la durée, se fondent les uns dans les autres comme les couleurs de l'arc-en-ciel. Ces moments uniques et incomparables, la langue commune ne peut que les banaliser et les trahir.

POUR DÉMARRER    L'action par laquelle on arrive à maîtriser le pouvoir d'expression verbale de la pensée rend-elle possible l'organisation et la structuration de cette dernière ? Un sujet très classique qui vous questionne sur les relations du langage et de la pensée, conçue comme activité mentale du sujet.    CONSEILS PRATIQUES    Définissez bien le langage et la pensée. Consacrez-vous au sujet dans sa précision, en notant qu'il s'agit de traiter le problème très déterminé et circonscrit de la formation de notre activité mentale, de sa genèse et de sa mise à jour. C'est par les mots que cette activité s'engendre et se crée ; on ne saurait dissocier pensée et langage. Il faut à la fois parler pour penser et penser pour parler.

langage

« 2.

Il est impossible de penser sans les mots. 3.

Le langage clarifie la pensée. D'emblée, la thèse de Hegel est affirmée clairement, en une phrase lapidaire : « C'est dans le mot que nous pensons. » L'ensemble du texte vise à l'analyse des deux termes : la pensée, le mot, et à leur articulation.

D'où formellementdeux possibilités : penser avec les mots (penser « dans le mot ») ; penser sans les mots (c'est la tentation de l'ineffable).

Cette seconde tentative est écartée, par Hegel , comme une erreur.

Ainsi, seule, la première possibilité demeure, d'où l'affirmation renouvelée, sous une autre forme, de la thèse : « le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie. » 1.

La thèse est examinée en chacun de ses éléments.

D'abord la pensée.

Penser c'est avoir conscience depenser, ce qui implique un dédoublement.

Si naïvement toute pensée, en tant que personnelle (« nos pensées »), est crue de l'ordre de notre intériorité (et strictement seulement de cet ordre), philosophiquement, elle est aussi de l'ordre de l'extériorité (et donc différenciée de l'intériorité).

Penser est une activité (« donner »à nos pensées) qui assure le passage d'un ordre à un autre, où l'on passe en même temps de l'abstrait(« penser » dans le vague en général) au concret, de la subjectivité à l'objectivité (des pensées « déterminées », cad qui sont celles-ci ou celles-là).

Enfin, avec une réflexion particulière qui doit être consacrée à l'idée de forme (la « forme » objective) qui, en tant que forme, assure une universalité de la pensée applicable dans la diversité et la multiplicité des situations – s'opposant implicitement à un plein qui ne peut seréférer qu'à l'unique particularité du contenu de ce qui est ici et maintenant.

Forme claire opposée à l'obscur duplein. En suite le mot.

Si pour la pensée, il convenait de distinguer intériorité et extériorité, il faut reconnaître au mot (défini au passage comme « son articulé ») le statut concret (« l'existence ») d'une synthèse de l'intériorité (« l'interne ») et de l'extériorité (« l'externe »).

D'un rapport privilégié du mot et de la conscience, puisque c'est le mot qui est le seul à pouvoir à chaque fois unir (intimement) les deux positions de la pensée. La pensée n'est ni l'intériorité seule (l'intériorité est insuffisante il en faut plus) ni l'extériorité seule (il n'y a d'extériorité que seconde, puisqu'elle est le produit, le résultat d'une activité qui prend naissance dans l'intériorité).Mais seul le mot articule en même temps, à la fois, l'intériorité (c'est moi, je, qui parle) et l'extériorité (la « forme » du langage me permet de dire l'universel). 2.

Penser, cad tenir à la fois l'intériorité et l'extériorité, n'est possible qu'avec les mots.

D'où logiquement(« par conséquent ») la réfutation d'une thèse, qui pourtant a cours, et selon laquelle, croit-on, il serait possible de « penser sans les mots ». Prétention démesurée d'un vouloir (« vouloir » penser) qui s'oppose à un pouvoir limité, et qui prend la figure d'une tentative (qui est peut-être même une tentation) impossible et insensée.

Tout à la fois dans le sens de tentativefolle (désespérée), qui n'a pas de sens (qui ne s'oriente nulle part, car sans issue) et vide (ça ne veut rien dire,puisque justement pour penser il faut des mots…). Prétention de l'ineffable à dénoncer.

Selon la métaphore architecturale d'une construction où il y a un haut et unbas (et par là même une fondation, « un fondement ») la croyance répandue (« ordinairement ») en l'ineffable (ce qui échappe à l'expression) est celle d'un haut sur-valorisé (« ce qu'il y a de plus haut »), mais qui ne s'appuie sur rien (« sans fondement »).

Ce qui fait que ce qui est pris par l'opinion, pour le haut n'est en réalité –à l'opposé de l'apparent- que superficialité, qui s'oppose à la solide épaisseur du profond. Cette métaphore, imaginée pour dire l'ineffable, ne pouvant jouer qu'à vide, on peut aussi en proposer une autre,plus réelle (« en réalité… »), mais ici, à peine suggérée : celle d'un baquet, où une chimie secrète (« obscure ») opère sa fermentation.

L'ineffable n'est pas apparemment dans la clarté de ce qui est « le plus haut », mais, en réalité, dans l'obscur de ce qui est au plus profond.

Mais cet obscur fait l'objet d'un travail caché qui s'accomplit au-dedans, dans le bruissement discret de la fermentation.

Mais cette pensée sobre est incomplète, « obscure » au sens d'incompréhension, impossible à déchiffrer, comme on parle d'un sens difficile à comprendre, de quelque chosed'embrouillé ou de fumeux (les vapeurs de la fermentation).

Elle ne sera pensée qu'une fois accomplie, achevée,rendue claire par le mot qui donne le sens. 3.

D'où la reprise de la thèse, mais en insistant maintenant sur le processus à l'œuvre qui permet un passage, versle plus (« le plus haut », « le plus vrai »).

Extrême du mot qui, mené à son terme, fait passer de l'essence à l'existence, du possible au réel.

Langage qui dit le vrai, qui explicité l'implicite de la pensée : « Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie. » L'intérêt de ce texte tient à la dénonciation de la thèse d'une dénaturation de la thèse d'une dénaturation de la pensée par le langage.

Ce dernier, soutient-on parfois, par sa simplification, ne parviendrait jamais à rendre comptede la complexité de la pensée.

Aussi ce texte est-il une condamnation de l'hypothèse d'un ineffable de la pensée,irréductible à tout langage. Positivement, Hegel , par le langage, fait le lien entre l'intérieur et l'extérieur, en affirmant, dialectiquement, qui ce. »

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