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Blaise Pascal: La raison peut-elle juger de tout ?

Publié le 09/03/2005

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Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le coeur; c'est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes, et c'est en vain que le raisonnement, qui n'y a point de part, essaye de les combattre. Les pyrrhoniens, qui n'ont que cela pour objet, y travaillent inutilement. Nous savons que nous ne rêvons point; quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison, cette impuissance ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison, mais non pas l'incertitude de toutes nos connaissances, comme ils le prétendent. Car la connaissance des premiers principes, comme qu'il y a espace, temps, mouvement, nombres, [est] aussi ferme qu'aucune de celles que nos raisonnements nous donnent. Et c'est sur ces connaissances du coeur et de l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie et qu'elle y fonde tout son discours. Le coeur sent qu'il y a trois dimensions dans l'espace et que les nombres sont infinis; et la raison démontre ensuite qu'il n'y a point deux nombres carrés dont l'un soit double de l'autre. Les principes se sentent, les propositions se concluent et le tout avec certitude, quoique par différentes voies.

QUESTIONNAIRE INDICATIF    • Par quoi, selon Pascal, sont connus « les premiers principes «?  • Que sont « ces premiers principes «?  • Différences, selon Pascal, entre « les principes « et « les propositions «?  — Par quoi sont appréhendés « les principes «?  — Par quoi sont appréhendées « les propositions « ?  — Les différences sont-elles, si l'on peut dire, de « méthodologie « ou d'ordre de « certitude « ?  • Importance de la notation selon laquelle « c'est sur ces connaissances du cœur et de l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie et qu'elle y fonde tout son discours «?  • En quoi, si l'on suit Pascal, peut-on soutenir — comme lui — que « les pyrrhoniens qui n'ont que cela pour objet, y travaillent « inutilement «?  • Quel est l'enjeu de ce texte ?  • Que pensez-vous du raisonnement développé dans la dernière phrase du texte proposé ?  • Que pensez-vous de l'affirmation de Pascal selon laquelle « le cœur sent qu'il y a trois dimensions dans l'espace «?  • Peut-on « prouver « autrement que « par raison «? (Pascal dit « quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison «.)  • Que pensez-vous de la position et de l'argumentation de Pascal ?  • En quoi ce texte a-t-il un intérêt philosophique ?

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« immédiate, cette capacité à saisir l'évidence de manière directe.

Le coeur, non la raison, connaît ces véritésindémontrables que Pascal appelle «premiers principes» et qui sont les bases réelles de toute connaissance humaine,puisque tout raisonnement, en philosophie comme en sciences, les prend pour point de départ.Par cette distinction Pascal nous montre que le vrai ne se limite pas au rationnel, entendu au sens de «démontrablepar la raison », mais qu'il le dépasse et le fonde.

Aussi les raisonnements que Descartes développait dans sesMéditations métaphysiques pour nous permettre de distinguer la réalité que perçoit un homme éveillé de l'illusion desrêves du dormeur, sont-ils, selon Pascal, totalement vains.

«Le coeur, non la raison, sait que je suis éveillé et nerêve point.» De la même manière, c'est par lui que je saisis que l'espace existe et qu'il se déploie selon les troisdimensions qui lui donnent son volume : hauteur, largeur et profondeur.

Il n'y a pas non plus besoin de raisonnerpour démontrer l'existence du mouvement des corps dans la nature, comme le faisaient les Grecs qui se sont perdus,tel Aristote, dans des définitions complexes alors que c'est un fait premier et évident.Ce que sait le coeur est sans preuve, mais il est su avec une entière certitude, certitude aussi ferme que celle quefonde un raisonnement, plus solide même qu'elle, puisqu'un raisonnement peut être faux.

C'est pourquoi le coeurjouit d'une sorte de supériorité sur la raison : non seulement c'est sur lui « qu'il faut que la raison s'appuie» pourfonder son propre discours, mais c'est le coeur qui seul nous fait accéder à la foi, car c'est par lui que nousconnaissons l'existence de Dieu.

Ce à quoi s'oppose cet extrait: Pascal s'oppose ici à tous ceux qui affirment qu'il n'y a de certitude que prouvée, de vérité que démontrée, et qui,ne parvenant pas à tout démontrer, finissent par dire qu'on ne peut rien démontrer et que nous n'avons aucunecertitude.

C'est ce que faisaient en particulier les philosophes de l'école des sceptiques qui, à la suite de leurfondateur Pyrrhon (d'où leur nom de « pyrrhoniens ») prétendaient qu'il fallait pratiquer un doute systématiquepuisque aucune proposition ne peut être établie avec certitude et mise au rang de vérité.Pour Pascal, cette activité est vaine et les sceptiques «travaillent inutilement» à détruire les vérités évidentes,après avoir d'abord tenté sans succès de les démontrer, car ils ont confondu les vérités qui relèvent du coeur etcelles qui relèvent de la raison.Ce texte s'oppose aussi implicitement à Descartes et à tous i ceux qui comme lui ont cherché à prouver l'existencede Dieu par des raisonnements.

C'est, là encore, une confusion entre les deux ordres de vérité, alors que le coeur etla raison s'étendent sur des domaines séparés.

L'erreur du rationalisme est justement de vouloir étendre le pouvoirde la raison au-delà des limites qui lui sont permises et de nier le domaine où non seulement elle ne peut pénétrer,mais qui la fonde, au titre des premiers principes.Le raisonnement apparaît à sa juste place, plus modeste : « Plût à Dieu, écrit Pascal à la suite de cet extrait, quenous connaissions toutes choses par le coeur.

Mais la nature nous a refusé ce bien.

Elle ne nous a donné aucontraire que très peu de connaissances de cette sorte ».

Ceux qui ont reçu la foi, « ceux à qui Dieu a donné lareligion par sentiment du coeur », ont un avantage sur ceux qui ne l'ont pas reçue et qui tentent désespérémentd'atteindre les certitudes qu'elle apporte par la raison, moyen inapproprié et inefficace. PASCAL (Biaise). Né à Clermont-Ferrand en 1623, mort à Paris en 1662. Enfant précoce, il écrivit à onze ans un traité des sons, et retrouva tout seul, à douze ans, la trente-deuxièmeproposition du premier livre d'Euclide.

A dix-neuf ans, il inventa une machine arithmétique.

En 1646, il entre enrelations avec Port-Royal et fait sa première expérience sur le vide.

A partir de 1652, commence ce que l'on aappelé la « vie mondaine » de Pascal.

Ami du duc de Roannez, il fréquente les salons et les femmes, s'adonne aujeu, mais poursuit cependant la réalisation de ses travaux mathématiques : il se révèle le promoteur de l'analyseinfinitésimale et du calcul des probabilités.

Insatisfait de la vie qu'il mène, las du monde, le cœur vide, il éprouve lanostalgie de Dieu.

Pascal a une illumination dans la nuit du 23 novembre 1654, et trace quelques lignes sur unmorceau de papier, qu'il conservera cousu à l'intérieur de son vêtement.

Il se retire à Port-Royal-des-Champs, etparticipe avec ardeur à la polémique qui oppose les Jansénistes et les Jésuites, prenant la défense de Port-Royal(1656-1657).

La guérison de sa nièce, à la suite de l'attouchement d'une épine de la couronne de Jésus, le rendencore plus convaincu dans sa foi chrétienne.

Il abandonne ses recherches de mathématiques et de géométrie, etvit désormais dans l'humilité et la souffrance.

Il imagine la création de carrosses à cinq sols pour le déplacement despauvres, voitures qui sont à l'origine des transports publics en commun.

Il meurt le 17 août 1662.

— Bien entendu, iln'y a pas de système philosophique de Pascal, que Bayle a appelé « un individu paradoxe de l'espèce humaine ».Malade et las, Pascal a cherché en souffrant.

Il s'est approché de l'univers invisible, à tâtons.

Dieu est pour lui « ladernière fin, comme lui seul est le vrai principe ».

Polémiste, géomètre, physicien, Pascal est l'un des plus grandsécrivains français.

Sa distinction entre l'esprit de géométrie et l'esprit de finesse est célèbre.

L'esprit de géométrie,c'est celui qui procède par définitions et déductions rigoureusement logiques et qui s'étend jusqu'aux plus extrêmesconséquences.

L'esprit de finesse, c'est la « souplesse de pensée » qui permet, face à la complexité des choses,l'adaptation aux circonstances concrètes.

— Rappelons ici l'argument du pari, dans le problème de l'existence de. »

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