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Blaise PASCAL: Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le coeur...

Publié le 02/04/2005

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pascal
Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le coeur ; c'est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes, et c'est en vain que le raisonnement, qui n'y a point de part, essaye de les combattre. Les pyrrhoniens, qui n'ont que cela pour objet, y travaillent inutilement. Nous savons que nous ne rêvons point ; quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison, cette impuissance ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison, mais non pas l'incertitude de toutes nos connaissances, comme ils le prétendent. Car la connaissance des premiers principes, comme qu'il y a espace, temps, mouvements, nombres, est aussi ferme qu'aucune de celles que nos raisonnements nous donnent. Et c'est sur ces connaissances du coeur et de l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie, et qu'elle y fonde tout son discours. (Le coeur sent qu'il y a trois dimensions dans l'espace et que les nombres sont infinis ; et la raison démontre ensuite qu'il n'y a point deux nombres carrés dont l'un soit le double de l'autre. Les principes se sentent, les propositions se concluent ; et le tout avec certitude, quoique par différentes voies.) Et il est aussi inutile et ridicule que la raison demande au coeur des preuves de ses premiers principes, pour vouloir y consentir, que le coeur demandât à la raison un sentiment de toutes les propositions qu'elle démontre, pour vouloir les recevoir. Cette impuissance ne doit donc servir qu'à humilier la raison, qui voudrait juger de tout, mais non pas à combattre notre certitude, comme s'il n'y avait que la raison capable de nous instruire. Blaise PASCAL

QUESTIONNAIRE INDICATIF    • Par quoi, selon Pascal, sont connus « les premiers principes «?  • Que sont « ces premiers principes «?  • Différences, selon Pascal, entre « les principes « et « les propositions «?  — Par quoi sont appréhendés « les principes «?  — Par quoi sont appréhendées « les propositions « ?  — Les différences sont-elles, si l'on peut dire, de « méthodologie « ou d'ordre de « certitude « ?  • Importance de la notation selon laquelle « c'est sur ces connaissances du cœur et de l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie et qu'elle y fonde tout son discours «?  • En quoi, si l'on suit Pascal, peut-on soutenir — comme lui — que « les pyrrhoniens qui n'ont que cela pour objet, y travaillent « inutilement «?  • Quel est l'enjeu de ce texte ?  • Que pensez-vous du raisonnement développé dans la dernière phrase du texte proposé ?  • Que pensez-vous de l'affirmation de Pascal selon laquelle « le cœur sent qu'il y a trois dimensions dans l'espace «?  • Peut-on « prouver « autrement que « par raison «? (Pascal dit « quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison «.)  • Que pensez-vous de la position et de l'argumentation de Pascal ?  • En quoi ce texte a-t-il un intérêt philosophique ?

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« • Que pensez-vous de la position et de l'argumentation de Pascal ?• En quoi ce texte a-t-il un intérêt philosophique ? La thèse et les étapes de l'argumentation: Énoncée dès les premières phrases, la thèse de Pascal réaffirme la possibilité d'une connaissance et en énonce lesdeux facteurs constitutifs: le coeur, comme saisie immédiate des principes fondamentaux; la raison, comme facultéde connaissance discursive, se déploient à partir de ces principes.L'énoncé de la thèse débouche sur la critique du point de vue sceptique.

Cette critique, présentée explicitement àce niveau du texte, sous-tend en fait l'ensemble de l'argumentation de Pascal.Contre la dérision sceptique, Pascal affirme la valeur de la connaissance des premiers principes.

Ici, la thèsecentrale du texte est explicitement fondée par une affirmation que Pascal ne démontre pas, mais qu'il énonce trèsnettement.La fin du texte développe alors l'idée de la complémentarité des deux modes de connaissance (coeur et raison) etmême leur interdépendance (l'un n'a pas de sens sans l'autre). L'intérêt du scepticisme est donc de rabattre les prétentions dogmatiques de la raison, plus que de fournir unesolution définitive au problème de la vérité.

« Le pyrrhonisme est le vrai », disait, en forme de paradoxe, Pascal.

Enétablissant que la raison ne peut pas tout, il montre qu'elle n'a pas le monopole de la vérité.

Celle-ci est accessibleaussi par d'autres voies, par exemple le « coeur ». Les vérités du « coeur » ont plusieurs caractères :1.

Elles sont étrangères à la raison (« le raisonnement (...) n'y a point de part »), ce qui ne signifie pas qu'elles luisoient contraires : le coeur et la raison ont chacun leur ordre propre, le sentiment pour l'un, la preuve pour l'autre.2.

Elles sont néanmoins originaires : elles relèvent de la connaissance des « premiers principes » et fondent doncl'ordre des vérités rationnelles.3.

Elles sont connues immédiatement, c'est-à-dire sans preuves, et par évidence (« les principes se sentent...

»), àla différence des vérités de la raison, dont le prototype est la déduction mathématique, qui passent toujours par lamédiation de la démonstration (« les propositions se concluent »).Par leur caractère d'évidence, les vérités du coeur ressemblent à celles de l'intuition cartésienne.

Mais par leurcaractère non rationnel, elles s'en distinguent.Ainsi, le scepticisme a raison de rabaisser la raison ; mais il a tort d'en conclure à l'impossibilité d'une certitude,puisque celles du coeur se passent de la raison. « Nous connaissons la vérité non seulement par la raison* mais aussi par le cœur » Il serait ridicule de douter de tout sous prétexte que la raison ne parvient pas à tout démontrer, « on ne prouve pasqu'on doit être aimé en exposant d'ordre les causes de l'amour » (298).

Ainsi, Pascal répond aux pyrrhoniens etadjoint à la raison une leçon d'humilité.

C'est que le vrai est affaire de sentiment et d'intuition, tout autant que dedémonstration.

Et si la raison déduit, c'est en partant de principes certains par sentiment et non par raisonnement.« La dernière démarche de la raison est reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent ; elle n'est quefaible si elle ne va pas jusqu'à connaître cela.

» (188) Cela lui permettra de comprendre sa propre incompétencedans la connaissance de Dieu, qui peut être senti par le coeur mais reste hermétique aux analyses de la raison. PASCAL (Biaise). Né à Clermont-Ferrand en 1623, mort à Paris en 1662. Enfant précoce, il écrivit à onze ans un traité des sons, et retrouva tout seul, à douze ans, la trente-deuxièmeproposition du premier livre d'Euclide.

A dix-neuf ans, il inventa une machine arithmétique.

En 1646, il entre enrelations avec Port-Royal et fait sa première expérience sur le vide.

A partir de 1652, commence ce que l'on aappelé la « vie mondaine » de Pascal.

Ami du duc de Roannez, il fréquente les salons et les femmes, s'adonne aujeu, mais poursuit cependant la réalisation de ses travaux mathématiques : il se révèle le promoteur de l'analyseinfinitésimale et du calcul des probabilités.

Insatisfait de la vie qu'il mène, las du monde, le cœur vide, il éprouve lanostalgie de Dieu.

Pascal a une illumination dans la nuit du 23 novembre 1654, et trace quelques lignes sur unmorceau de papier, qu'il conservera cousu à l'intérieur de son vêtement.

Il se retire à Port-Royal-des-Champs, etparticipe avec ardeur à la polémique qui oppose les Jansénistes et les Jésuites, prenant la défense de Port-Royal(1656-1657).

La guérison de sa nièce, à la suite de l'attouchement d'une épine de la couronne de Jésus, le rendencore plus convaincu dans sa foi chrétienne.

Il abandonne ses recherches de mathématiques et de géométrie, etvit désormais dans l'humilité et la souffrance.

Il imagine la création de carrosses à cinq sols pour le déplacement despauvres, voitures qui sont à l'origine des transports publics en commun.

Il meurt le 17 août 1662.

— Bien entendu, il. »

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