Devoir de Philosophie

Le bonheur n'est-il qu'une chimère ?

Publié le 02/02/2004

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L'homme est déjà en butte à des contraintes indépendantes de sa volonté, il doit déjà combattre des ennemis extérieurs. Mais trouve-t-il au moins en lui-même un allié sûr? La réponse de Pascal est négative : l'hostilité se déploie également à l'intérieur de lui-même. Il doit perpétuellement se méfier de ses débordements internes. Il est à lui-même son propre champ de bataille.Quels sont les protagonistes de cette guerre civile? Il s'agit d'une opposition classique entre les passions et la raison. La thèse défendue par Pascal est donc essentiellement « dualiste » au sens où la nature humaine est fondamentalement composée de deux puissances différentes. L'homme est à la fois un animal etun dieu. Par son corps, ses instincts et ses passions, l'homme appartient au monde matériel, au monde de la « chair », au sens chrétien.

« comme la source d'un conflit inexpiable.

Au contraire, certaines écoles philosophiques ont visé et prétendu atteindreune pacification intérieure de l'homme.

C'est le cas du stoïcisme et de l'épicurisme.

Tous deux visent l'ataraxie,c'est-à-dire la « paix ».De cette façon, Pascal écarte aussi une objection implicite : « certes l'homme a une double nature, mais en quoicela est-il fatal? » Notons qu'il ne répond pas seulement à des écoles mortes depuis l'Antiquité, car ces deuxcourants de pensée sont très puissants au XVIIe siècle.

De surcroît, il convient de prendre garde à ceci : le termede « sectes », s'il possède déjà une connotation dépréciative à l'époque de pascal, n'en désigne pas moins trèscouramment de simples courants de pensée. • La quête perpétuelle du bonheur ne tient qu'à ce fait : l'homme est doué de raison, mais il subit ses passions, sesdésirs, ses instincts.

S'il était comme l'animal, il n'aurait pas à se préoccuper du bonheur; la vie le conduisant à fairece qu'il a à faire sans qu'il y pense.

C'est parce qu'il pense, qu'il est conscient d'être animé par des forces vitales quile dépassent, que l'homme cherche sans cesse à concilier raison et passion afin d'atteindre au bonheur. Qu'est-ce que le bonheur ? • Il n'y a pas une règle universelle du bonheur.

A chaque être, à chaque personne de le définir.

Toutefois, laphilosophie de Platon à Kant associe le bonheur à la vertu.

Ainsi que le dit Sénèque : « Vivre heureusement et vivreconformément à la nature est une même chose.

» • Kant sera le premier à dissocier bonheur et vertu.

Contrairement au devoir,qui est un impératif moral, le bonheur est quelque chose de subjectif.

Kantécrit dans la Critique de la raison pratique, « C'est l'état dans le monde d'unêtre raisonnable à qui, dans tout le cours de son existence, tout arrive selonson souhait et sa volonté.

».

Le bonheur est la satisfaction de tous mespenchants.

C'est par l'expérience que je peux accéder au bonheur. Comme le souligne Kant , dans « Fondements de la métaphysique des mœurs », il n'est rien qui puisse être tenu pour absolument bon, si ce n'est seulement une bonne volonté.

Et ce qui fait quela volonté est bonne ou non, « ce ne sont pas ses œuvres ou ses succès », ni « son aptitude à atteindre tel ou tel but proposé », mais son vouloir même.

La bonne volonté, c'est celle qui se détermine à agir par pur respect du devoir. Or il est bien connu qu'on peut être vertueux tout en étant malheureux,et être heureux sans être vertueux.

On peut même dire que faire sondevoir n'est pas le moyen le plus sûr d'être heureux : agir par devoir, c'estsouvent aller contre ses inclinations, ses désirs.

Certes agir moralementn'implique pas l'ascétisme, et on peut considérer que c'est aussiindirectement un devoir de travailler à son bonheur car un minimum debien-être est la condition de la vertu.

Reste que pour Kant la recherche du bonheur n'a de valeur morale que lorsqu'elle n'est qu'un devoir.

Ainsi unhomme gravement malade, qui n'a aucun espoir de recouvrer la santé,peut bien manger ce qu'il veut, quitte à en souffrir ensuite, mais l'impératif du bonheur lui commande d'observerles règles de l'hygiène ; c'est dire, au fond, que la recherche du bonheur peut devenir une vertu lorsqu'on aperdu tout espoir d'être effectivement heureux. Si, pour Kant , il y a une certaine opposition entre le bonheur et la vertu, c'est parce que le bonheur obéit à des motivations empiriques rebelles par nature à toute universalisation, alors que le devoir commande universellement.Ce que les hommes nomment le bonheur n'est souvent que l'objet temporaire et accidentel de leur désir. Le bonheur, selon l'expression de Kant , est « un idéal, non de la raison, mais de l'imagination ». Le bonheur chez Kant. « Pour l'idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans mon étatprésent et dans toute ma condition future, est nécessaire.

Or il est impossible qu'unêtre fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose, se fasse unconcept déterminé de ce qu'il veut ici véritablement.

Veut-il la richesse ? Que desoucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il pas par là attirer sur sa tête ! Veut-ilbeaucoup de connaissance et de lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que lui donnerun regard plus pénétrant pour lui représenter d'une manière d'autant plus terrible lesmaux qui jusqu'à présent se dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables,ou bien que charger de plus de besoins encore ses désirs qu'il a déjà bien assez depeine à satisfaire.

Veut-il du moins la santé ? Que de fois l'indisposition du corps adétourné d'excès où aurait fait tomber une santé parfaite, etc.

! Bref, il est incapablede déterminer avec une entière certitude d'après quelque principe ce qui le rendrait. »

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