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La conscience d'être libre est-elle une illusion ?

Publié le 20/03/2005

Extrait du document

conscience

■ Mots clés

• conscience : signifie, étymologiquement, « avec le savoir, avec la connaissance «. Ce mot fait appel à la notion de sujet, du moi qui pense, qui émet des jugements, qui choisit, un moi libre et responsable, conscient. • être libre : sans entraves, en faisant ce que j'ai décidé de faire, maître de ma vie autant que je le veux. • illusoire : propre à engendrer l'illusion. Illusion vient du latin illudere qui signifie « se moquer, se jouer de «. C'est une croyance ou opinion fausse qui abuse l'esprit, se joue de nos sens.

► L'énoncé « La conscience d'être libre « peut se comprendre au moins de deux manières. Tout d'abord, si on entend par liberté la capacité de faire ce que l'on veut, on se sentira libre quand notre action ne rencontrera pas d'obstacle, quand notre volonté ne sera pas contrariée. Peut-on croire être libre, en ce premier sens du terme, et ne pas l'être ? Si je fais ce que je veux, le sentiment que j'ai alors de ma liberté ne peut pas, par définition, être illusoire. Le sujet ne semble pas pouvoir se convertir en problème dans cette direction. Il nous faut donc nous tourner vers une autre manière d'entendre le terme de liberté.  

Introduction

  •  1) La liberté est un fait de conscience

 A-L'évidence comme critère de vérité  B - Le fait de l'indécision du vouloir  

  •  2) Le libre arbitre n'est pas un fait

 A-Examen critique de la conscience de liberté  B- Le libre arbitre comme illusion naturelle

  •  3) La notion de libre arbitre n'est pas rationnelle

 A- Une notion qui engendre de l'inexplicable  B - Une notion qui rend l'existence absurde  C-Une invention haineuse    Conclusion

conscience

« Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre,mais privée de raison, est une volonté perdue.

Plus nous connaissons, plusnotre liberté est grandie et fortifiée.

Si nous développons notre connaissanceau point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement rationnel des causes etdes effets, nous saisirons d'autant mieux la nécessité qui fait que telle chosearrive et telle autre n'arrive pas, que tel phénomène se produit, alors que telautre ne viendra jamais à l'existence.

Pour Spinoza, une chose est libre quandelle existe par la seule nécessité de sa propre nature, et une chose estcontrainte quand elle est déterminée par une autre à exister et à agir.

Ausens absolu, seul Dieu est infiniment libre, puisqu'il a une connaissanceabsolue de la réalité, et qu'il la fait être et exister suivant sa proprenécessité.

Pour Spinoza et à la différence de Descartes, la liberté n'est pasdans un libre décret, mais dans une libre nécessité, celle qui nous fait agir enfonction de notre propre nature.

L'homme n'est pas un empire de liberté dansun empire de nécessité.

Il fait partie du monde, il dispose d'un corps,d'appétits et de passions par lesquelles la puissance de la Nature s'exerce ets'exprime en nous, tant pour sa propre conservation que pour la nôtre.

Biensouvent nous croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, parl'existence de causes extérieures :la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre passé, de notre culture.

Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouveplongé, nous sommes nécessairement déterminés à agir en fonction de causes extérieures à notre propre nature."Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommessont conscients de leurs désirs, et ignorants des causes qui les déterminent." N'est-elle pas simplement impression, conviction spontanée qui pourrait tenir à l'illusion du moment ? Tout dépenddonc en fin de compte de l'acception que l'on retient du mot conscience : l'identifier à la croyance spontanée, c'estpeut-être lui ôter ce qui la spécifie en tant que conscience, à savoir un minimum de distance, de réflexivité.

Laconscience d'être libre implique cette réflexivité, ou si l'on veut le dépassement de la "conscience naturelle" vers la"conscience de soi", dans laquelle je suis attentif à ce qui se passe en moi, ou entre moi et le monde.

Par un teldédoublement réflexif, le monde cesse d'être simplement vécu, pour être soumis à une activité de réappropriation.Spinoza écrit : « libre la chose qui existe de par la seule nécessité de sa nature et n'est déterminée à agir que parelle-même seulement.

Nécessaire ou plutôt contrainte celle qui est déterminée par autre chose à exister et à opérerd'une certaine manière déterminée.

» (Définition 7 de l'Éthique).

En ce sens, l'homme, réalité particulière au sein d'untout, n'est pas pleinement libre.

Mais peut-être la culture, qui tend à l'émanciper du déterminisme naturel, pourrait-elle lui conférer cette liberté dont il ne dispose pas spontanément au sein de la nature.

Sur cette voie, laconscience réfléchie d'une liberté possible et non pas d'emblée en acte doit délivrer le sujet des illusions quis'attachent à sa situation particulière dans la mesure où celle-ci est au départ aveugle à ce qui la détermine.L'effort qu'accomplit l'homme vers une réalisation de soi plus parfaite implique pour lui une compréhension active dela nature, avec laquelle il s'agit de vivre harmonieusement.

La conduite raisonnable suppose que chaque homme seplace du point de vue de la Nature comme totalité, au lieu de subir en la place particulière qu'il occupe undéterminisme auquel il reste aveugle.

A cette condition, la conscience d'être libre n'a plus rien d'illusoire, ni en elle-même, ni dans la représentation qu'elle se donne, ni même dans la situation qui la fait naître.Ce n'est peut-être pas librement que je "choisis" la lessive Y plutôt que X, même si, du seul fait que les deux mesont proposées, je crois être libre.

Mais l'illusion n'affecte ici que la croyance, en tant qu'elle porte sur l'objet duchoix.

Le fait même de pouvoir choisir, éprouvé en tant que tel, est évalué par une conscience réflexive qui enexplicite les implications comme un facteur de liberté, s'il s'assortit d'une connaissance de la situation dont ilprocède, et des véritables enjeux du choix.

Bref, peut-on statuer abstraitement sur la conscience d'être libre sansavoir présent à l'esprit l'ensemble du contexte mental et moral dans lequel elle se manifeste ?. »

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