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Faute, défaut, vice et vertu

Publié le 20/03/2004

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Une idée lui vient : son livre est là, dans son pupitre; s'il profitait d'une distraction du surveillant. Mais sa conscience proteste : la tromperie, le tort fait aux camarades... Il hésite, discute avec lui-même, puis cède à la suggestion mauvaise : faute morale de déloyauté. Il avait pourtant bien promis, au début de l'année, de travailler assidûment : il en avait compris la nécessité, le devoir, pour remplir son rôle d'écolier et plus tard d'homme : mais telle occasion est venue : et tel jour, sa mollesse naturelle aidant et s'en rendant parfaitement compte, il a volontairement perdu son temps, négligé une leçon, un devoir : faute morale due à l'inconstance et qui, d'ailleurs, par la faiblesse intellectuelle qu'engendre sa répétition, a mis notre étudiant sur le chemin de la déloyauté de tout à l'heure : tout se tient dans la vie morale. La faute morale, au sens formel et complet du mot, c'est donc un acte libre et volontaire, reconnu par la conscience comme opposé à la loi morale (c'est-à-dire violant l'ordre qui mène notre nature à la perfection qu'elle réclame, ordre imposé à nous comme tel par Dieu Législateur Suprême, et manifesté par la conscience). Elle est à la fois objective et subjective : si le second élément manquait, elle ne serait qu'une faute matérielle; et s'il existait seul, ce serait le résultat d'une conscience mal éclairée ou mal formée. B. Ces fautes morales, on peut déjà le soupçonner par ce qui vient d'être dit, sont souvent engendrées dans tel ou tel individu par une mauvaise disposition naturelle, innée, qui tient au caractère primitif, au tempérament : cette tendance à tel acte moralement défectueux est le défaut; inconstance ou déloyauté natives, qui, en elles-mêmes, ne constituent pas une culpabilité morale, mais peuvent être la cause de défaillances plus ou moins nombreuses et volontaires. C. Mais il est à craindre que des fautes morales répétées sur un point ne viennent à engendrer une habitude mauvaise, le vice correspondant.

« II.

ACTE BON, QUALITÉ, VERTU. A.

Si notre écolier, au lieu de se laisser séduire par le désir de réussir sans faire l'effort correspondant, avait mis àchaque occasion en pratique sa résolution de travail pour cultiver généreusement et constamment ses facultés avecénergie, il aurait fait autant d'actes moralement bons de ténacité, conformes à la loi morale et le dirigeant versl'idéal humain de formation personnelle.S'il avait eu à honneur, le jour de l'examen, de faire sa composition par ses propres lumières, malgré la suggestionmalhonnête de son penchant, il serait resté fidèle au précepte moral qui règle les relations sociales entre hommes :son action aurait été bonne et loyale; de même si, pris de repentir, il avait averti à temps de sa faute qui de droit,pour empêcher les conséquences injustes de sa déloyauté. B.

Ces actes bons peuvent évidemment, eux aussi, provenir d'une disposition naturelle vers le bien; c'est la qualitémorale de loyauté; c'est l'énergie personnelle qui aime à vaincre les obstacles répétés et constitue la ténacité.Mais ils peuvent aussi jaillir d'une volonté généreuse luttant contre la propension d'un défaut ou d'un vice pouracquérir la vertu contraire. C.

L'enfant, le jeune homme vraiment loyal est celui qui ne fait pas un acte de sincérité et de probité moraleseulement en passant, mais qui souvent, en toutes sortes de circonstances, prend facilement et généreusement,joyeusement même, une attitude franche et honnête : il a vraiment la vertu de loyauté, acquise par une séried'actions loyales.La vertu de ténacité présentera encore de façon plus frappante ce caractère de fermeté et de continuité dans lebien, poussant à persévérer dans l'accomplissement du devoir, malgré la lassitude et les obstacles renaissants :c'est l'exercice qui entraîne et façonne la volonté.Toute vertu se présente comme une force acquise par la répétition d'actes bons, et poussant à reproduirefacilement ces mêmes actes.

En un mot, c'est un dynamisme emmagasiné, comme le vice, mais cette fois dans lesens de la loi morale, c'est en un sens véritable comme du mérite accumulé.Il est donc aisé de voir, puisque la vertu est en somme l'habitude du bien, quelles conceptions inexactes il fautécarter et quels éléments entrent dans sa constitution intime. 1° L'objet de la vertu étant le bien moral, elle doit évidemment se tenir éloignée de tout désordre et de tout excès;mais il va sans dire qu'au point de vue élan, générosité et ardeur à poursuivre son but, la vertu est un sommet :c'est ainsi qu'il faut entendre la conception d'ARISTOTE sur le juste milieu.2° Vouloir ramener avec KANT la vertu à l'effort pénible, c'est méconnaître le caractère de facilité et d'entrainjoyeux qu'elle donne à la pratique du bien, comme résultante d'une longue rectitude morale.3° Enfin n'y voir avec SOCRATE et PLATON que la science du bien, c'est oublier qu'elle est avant tout une tendanceà l'acte, facilitée et fortifiée par l'amour du bien. En réalité, la vertu est donc un mouvement habituel de toute l'âme vers le bien moral : intelligence, volonté etamour y entrent à la fois; et c'est ce qui contribue à faire de la vertu un facteur si important de perfection morale. CONCLUSION.

— Cette simple analyse de quelques notions morales montre aisément quelle influence, néfaste ou heureuse, suivant leur nature, peuvent avoir, dans la vie individuelle et la vie sociale et nationale, leur mise enpratique et leur réalisation concrète.Leur caractère plus stable et permanent donne surtout au vice et à la vertu une portée plus considérable et leurconfère plus d'inconvénients ou d'avantages.

Un peuple débilité par les vices est sujet à une prompte décadence.Au contraire, la culture de la loyauté, de la ténacité et autres nobles vertus, par chacun des individus, ne contribuepas peu à faire une grande nation.. »

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