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La liberté peut-elle être un fardeau ?

Publié le 15/04/2004

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fardeau

• Noter le caractère paradoxal du libellé du sujet. • Peut-on constater empiriquement que la liberté peut être un fardeau ? Dans quels domaines? Métaphysique, moral, politique ? • On peut trouver des développements intéressant particulièrement le sujet proposé (et lui donnant particulièrement sens) dans certains travaux de Sartre et Simone de Beauvoir. — Consulter L'Être et le Néant (Gallimard) (notamment la fin de l'ouvrage), de Sartre. — Pour une morale de l'ambiguïté de Simone de Beauvoir.

  • « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui « (article IV de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 26 août 1789). Nous savons bien, en effet, qu'autrui peut opprimer notre liberté, et nous la sienne. Ma liberté peut être un poids pour celle des autres, et inversement. Mais celui qui est libre, sa liberté peut-elle l'accabler lui-même ? La liberté peut-elle être un fardeau ?
  • Première partie : Le fardeau de la liberté dans la problématique socio-politique
  • Deuxième partie : Un fardeau métaphysique ?
  • Troisième partie : Le fardeau de la liberté morale
fardeau

« n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait.

» L'homme n'est ni ceci ni cela.

Son existence n'est d'abord soutenue par rien.

C'est précisément parce quel'homme n'est d'abord rien qu'il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peutqu'être liberté.

La chose qui est ceci ou cela, qui n'est que ce queue est, ne saurait être libre.

Un arbre nepeut jamais être que l'arbre qu'il est.

Un objet n'a pas à être : un coupe-papier, par exemple, est.

Tout objetmatériel est.

L'homme n'est pas.

Il n'est pas d'avance ceci ou cela, ce qu'il va devenir n'est pas décidéd'avance.

L'homme est ce qu'il se fait:« Ainsi il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir L'homme est seulement,non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il seveut après cet élan vers l'existence; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait.

» Et si l'homme n'est d'abord rien et doit librement choisir son essence, cela signifie qu'il est pure subjectivité,projet :« C'est aussi ce qu'on appelle la subjectivité.

et que l'on nous reproche sous ce nom même.

Mais que dire parlà, sinon que l'homme a une plus grande dignité que la pierre ou la table ? Car nous voulons dire que l'hommeexiste d'abord, c'est-à-dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient dese projeter dans l'avenir L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d'être une mousse,une pourriture ou un chou-fleur » La liberté est donc, pour Sartre, un absolu qui ne se choisit pas.

L'homme ne choisit pas d'être libre, il l'est, ilne peut que l'être.

Il l'est tout entier et toujours.

Il ne saurait être tantôt libre, tantôt esclave.

Ce que Sartreexprime sous cette formule : « L'homme est condamné à être libre.

»Si l'homme est celui qui se fait, ce projet réalise pas dans l'intimité douillette d'un ego refermé sur lui-même,mais ne peut se réaliser que dans son rapport au monde et à autrui.

L'homme est « en situation ».

C'est-à-dire qu'il est « conditionné par sa classe », « son salaire », « la nature de son travail », conditionné jusqu'àses sentiments et ses pensées.

Mais si l'homme ne peut pas choisir sa classe sociale, il peut se choisir lui-même dans sa « manière d'être ».

Sartre lui-même reconnaît en 1940 qu'il est « le produit monstrueux ducapitalisme, du parlementarisme, de la centralisation et du fonctionnalisme », mais c'est à partir de cettesituation familiale qui l'a constitué qu'il entreprend de se « personnaliser ».

D'où la formule : « L'important n'estpas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La situation n'est pas quelque chose qui limite la liberté elle est ce à partir d'où commence la liberté.

C'est laraison pour laquelle Sartre a pu écrire en 1944 dans « Les Lettres française » (fondé par Aragon et Paulhan):« Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande.

» Qu'est-ce à dire, sinon qu'à cemoment-là, puisque nous étions traqués, «chacun de nos gestes avait le poids de l'engagement » ? La libertéest donc le choix permanent qui oblige chacun, à chaque instant, quel que soit l'obstacle ou la situation, à sefaire être.Ainsi, pour Sartre, si l'existence précède l'essence et si Dieu n'existe pas, l'homme est alors responsable de cequ'il fait, de ce qu'il est : « Nous n'avons ni derrière nous, ni devant nous, dans le domaine lumineux desvaleurs, des justifications ou des excuses.

Nous sommes seuls, sans excuses.

C'est ce que j'exprimerai endisant que l'homme est condamné à être libre.

Condamné parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurscependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.

» Mais par là, Sartre signifie aussi que l'homme est « responsable de tous les hommes » :« Quand nous disons que l'homme se choisit, nous entendons que chacun d'entre nous se choisit, mais par lànous voulons dire aussi qu'en se choisissant, il choisit tous les hommes.

»Autrement dit, chacun de nous, par ses choix, ses actes, pose les normes du vrai et du bien et engage ainsil'humanité tout entière.

Certes, beaucoup d'hommes ne se sentent pas responsables, croyant en agissantn'engager qu'eux-mêmes, et « lorsqu'on leur dit: mais si tout le monde faisait comme ça ? ils haussent lesépaules et répondent: tout le monde ne fait pas comme ça ».

Mais, en fait, ils se masquent leur angoisse, lafuient.

Ils sont de mauvaise foi, car en vérité, on doit toujours se demander: « Qu'arriverait-il si tout le mondeen faisant autant ? »Dire que « l'homme est condamné à être libre », cela signifie bien que l'homme n'est pas niais qu'il se fait, etqu'en se faisant il assume la responsabilité de l'espèce humaine, cela signifie aussi qu'il n'y a pas de valeur nide morale qui soient données a priori.

En chaque cas, nous devons décider seuls, sans points d'appui, sansguides et cependant pour tous.Contrairement à la chose qui est ce qui est, l'homme, en tant que « pour-soi», n'est jamais tout à fait soi.

Ilest et il n'est pas ce qu'il est.

En avouant, par exemple, que je suis un menteur, j'adhère à ce que je suis maisen même temps je prends mes distances à l'égard de ce que je suis.

La conscience est donc bien négativitéinfinie, pouvoir de dépassement de ce qui est.

Mais la liberté se confond-elle avec la spontanéité de laconscience ? Un enfant est-il libre ? La liberté ne se développe-t-elle pas avec l'expérience et laconnaissance ? Sartre semble sous-estimer le rôle de la raison et de la connaissance dans la liberté. Il n'y a pas de liberté sans conscienceLa liberté est un poids.

Elle ne me laisse jamais en paix.

Il me faut toujours réfléchir sur le sens de mes actes,sur ce qui les motive.

De plus, chaque décision que je prends m'engage, en tant que personne libre et. »

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