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Peut-on croire en la science?

Publié le 27/03/2005

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. sa justification... La confiance que nous lui accordons pour faire notre bonheur ne relève-t-elle pas souvent de la foi religieuse, voire de la superstition et de la bigoterie ? Bien plus, comme nous le rappelle Kierkegaard et l'existentialisme, toute existence ne se fonde-t-elle pas, a priori, sur un choix, injustifiable logiquement ? Un saut qualitatif en dehors et au-delà de toute intelligibilité rationnelle ?C'est la question que nous nous poserons après avoir vu en quoi la croyance en la science semble tout d'abord s'opposer à l'idée de religion; nous verrons enfin que, plutôt que de "croire en la science", il est peut être moins naïf et plus fécond de "croire en la raison". I. Une croyance athée * Le savoir s'oppose à la superstition.Croire en la science, c'est d'abord croire en la rationalité, en la force universelle des démonstrations et des preuves rationnelles. Or les religions comportent la plupart du temps des éléments irrationnels et une référence au surnaturel (par exemple, les miracles) que le rationaliste désigne souvent comme de la superstition. La science peut-elle être un objet de superstition?

« complexité des théories élaborées par la science contemporaine et la sophistication des techniques utilisées peuvent donner à la pratique scientifique l'aspect d'un culte devant lequel le profane ne peut que rester bouche bée et dontil ne peut discuter les résultats.III.

Croire et savoir.Face à cette attitude « pieuse » à l'égard de « la science » transformée en absolu, il convient de rappeler quelques aspects qui invitent à une attitude plus nuancée.• La science faillible.Il convient tout d'abord de souligner le fait que les sciences ne progressent pas d'un mouvement continu et infaillible comme le ferait un projet divin : souvent les scientifiques avancent en tâtonnant, bien des idées apparemmentprometteuses se révèlent stériles et à l'inverse bien des découvertes majeures sont dues au hasard.

Les nouvelles théories naissent souvent de la révision radicale d'une théorie précédente.Une hypothèse scientifique qui ne se heurterait à aucune contradiction est une hypothèse inutile.

De même, une expérience scientifique qui ne rectifie aucune erreur ne sert à rien.

Une expérience ne peut être scientifique que si ellecontredit l'expérience commune.

La pensée scientifique se caractérise par une succession d'erreurs rectifiées, à la différence de l'expérience commune, qui ne se contredit jamais, mais se contente d'établir de plates équivalences."C'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique." Ces obstacles ne sont pas seulement et simplement externes, ils ne relèvent pas de la naturelle complexité du monde et de sesphénomènes, mais procèdent de l'acte même de connaître.

Les obstacles épistémologiques qui motivent et font progresser la connaissance, sont inhérents à l'esprit de connaissance.

Jamais on ne peut connaître pleinement et demanière immédiate la réalité.

Ce n'est pas tant que celle-ci se cache ou résiste à nos efforts d'appréhensions, mais c'est que la lumière que projette la connaissance sur les choses comporte une part d'ombre inévitable.

La véritése donne toujours après coup, une fois que se sont dissipées toutes les erreurs et les opinions fausses, premières dans l'ordre de la connaissance, car immédiates et spontanées : "Le réel n'est jamais ce qu'on pourrait croire, maisil est toujours ce qu'on aurait dû penser." Au premier abord, la pensée empirique se donne comme opaque, trouble et obscure.

La mise en oeuvre d'un appareil de raisons est nécessaire pour la clarifier, l'analyser, la dépouiller del'inessentiel.

On ne peut trouver la vérité qu'en retournant sur un passé d'erreurs.

Dans le domaine de l'histoire des sciences, on peut voir que la connaissance vraie ne s'établit qu'en s'opposant à une connaissance antérieurequ'elle corrige, et ce faisant, surmonte les obstacles qui nous en interdisaient l'accès.• Une pratique humaine.Ces irrégularités du progrès des sciences nous rappellent que « la science » n'existe qu'à travers la pratique scientifique des hommes et la pluralité des disciplines scientifiques.

La croyance que l'on peut porter à cette pratique doitdonc tenir compte de ce facteur humain.• Raison et science.Dans La Vie de Galilée, Brecht montre un Galilée qui professe sa croyance non pas en la science, mais en la raison.

C'est peut-être cette croyance que les hommes peuvent partager avec le plus de profit : celui qui croit en lascience risque de remettre son destin entre les mains de scientifiques dont la compétence ne consiste pas à savoir ce qui est bon pour les autres hommes; celui qui croit en la raison croit au dialogue entre les hommes et à la forcede la réflexion.

Une telle croyance concerne aussi bien le domaine des sciences que celui de la morale ou de la politique et risque moins de tourner à la superstition.ConclusionIl faut par conséquent bien distinguer la pratique scientifique, empreinte de rationalité, et la place que l'on accorde à la science et à ses résultats dans notre représentation du monde : s'en remettre à elle comme à une Providencepour résoudre tous les problèmes auxquels l'humanité est confrontée constitue une attitude naïve que les faits viennent souvent démentir.

Mais il serait tout aussi superstitieux et irrationnel de diaboliser la science et de s'enfermerdans un discours de condamnation du progrès.

Le travail de la raison consiste à tenter sans relâche d'humaniser les instruments dont l'homme se dote.. »

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