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Peut-on être responsable de ce dont on n'a pas conscience ?

Publié le 16/12/2005

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conscience
- Il s'agit de savoir, si, malgré tout, une part de ma responsabilité est engagée dans de tels événements. Question a priori surprenante: comment me sentir responsable de ce qui est hors de ma portée (hors de la portée de ma conscience)? Mais qui se justifie à partir du moment où j'admets que tout être humain a pour tâche, dans sa propre existence, de définir à travers son propre comportement ce que peut être l'humanité, et donc, réciproquement, de se sentir concerné par tous les événements qui touchent l'humanité sous toutes ses formes - même apparemment la plus « lointaine«.- C'est-à-dire d'un point de vue existentialiste. Rappeler la position de Sartre: engagement intégral. La liberté totale dont je jouis a pour revers une responsabilité elle-même sans limite, qui m'oblige à prendre position sur tout - et donc à vouloir que rien n'échappe à ma conscience. Faute de quoi je suis un « salaud«.- Même si l'on juge cette thèse irréaliste, elle a l'avantage de souligner que rien de ce qui est humain ne doit m'être étranger - et résonne d'un souvenir de Kant : il m'appartient, moralement parlant, de tout faire pour la réalisation de l'humanité. Refuser ce type de responsabilité sous prétexte qu'elle est écrasante ou que je n'ai pas à savoir ce qui se passe dans des régions lointaines ou sous des régimes étrangers, c'est trouver refuge dans un conformisme qui n'a aucune valeur morale et me «délivre« en effet de ma responsabilité (mais se délivrer, c'est ici renoncer à l'humanité en moi).
  • Deux interprétations possibles de la question:
— suis-je responsable de ce qui se déroule dans la société ou l'histoire sans que j'en aie conscience? — suis-je responsable de ce qui a lieu dans mon inconscient? Dans les deux cas, la problématique est morale (responsabilité) plus que juridique.

conscience

« étranger — et résonne d'un souvenir de Kant : il m'appartient, moralement parlant, de tout faire pour la réalisation de l'humanité.

Refuser ce type de responsabilité sous prétexte qu'elle estécrasante ou que je n'ai pas à savoir ce qui se passe dans des régionslointaines ou sous des régimes étrangers, c'est trouver refuge dans unconformisme qui n'a aucune valeur morale et me «délivre» en effet de maresponsabilité (mais se délivrer, c'est ici renoncer à l'humanité en moi). II.

La question de l'inconscient - L'inconscient freudien est, par définition, hors de portée de ma conscience.— Dès lors, ce qui s'y déroule paraît bien ne pas impliquer ma responsabilité,puisque je ne dispose d'aucun contrôle sur ce type d'événements.

Ceci paraîtacceptable pour une existence « normale», mais— Si les pulsions se traduisent dans le comportement par une agressivitésocialement gênante, puis-je, pour refuser la responsabilité de leurs résultats,faire valoir leur origine inconsciente?— Du point de vue pénal, l'argument est recevable : circonstancesatténuantes de la «folie» et de la perte de contrôle qu'elle implique.— L'inconscient peut-il alors tout excuser? III.

Signification morale de la cure — Les théories freudiennes proposent, non seulement une description nouvelle de l'appareil psychique, mais aussiune méthode thérapeutique.

Si l'on admet la première, il faut être attentif au sens de la seconde.Par définition, la cure a pour objet de «rééquilibrer» un sujet perturbé par ses pulsions inconscientes.

Cerééquilibrage (pour ne pas parler de guérison) s'effectue par une «prise de conscience» des éléments traumatisantset de leur signification.

La cure, ainsi, obtiendrait un effacement de l'effet pathogène.— Il apparaît dès lors que l'inconscient ne peut plus être un alibi pour fuir la responsabilité: la cure au contraireconfirme que tout sujet a la possibilité d'assumer celle-ci, y compris à l'égard de ce qui semblait dans un premiertemps la nier. Dans la trente et unième des « Nouvelles conférences d'introduction à lapsychanalyse » (1932), intitulé « La décomposition de la personnalitépsychique », Freud décrit le but du traitement psychanalytique par cetteformule : « Là où « çà » était, « je » dois devenir », où le « ça » représentel'inconscient.

Il est remarquable que la traduction de la phrase allemande aitprêté à controverses.Pour comprendre l'enjeu de cette phrase, il faut garder à l'esprit que lapsychanalyse, avant d'être une discipline, voire une science, est avant toutune thérapie, une façon de guérir des patients.Dans notre texte, Freud affirme « C'est que l'être humain tombe malade enraison du conflit entre les revendications de la vie pulsionnelle et la résistancequi s'élève en lui contre elles ».

La maladie provient d'un conflit entre lesnormes « éthiques, esthétiques et sociales » et des désirs qui « semblentremonter d'un véritable enfer ».Or ces désirs censurés ne sont pas plus conscients que la censure elle-même.Le malade subit donc un combat interne dont il n'a ni la maîtrise, ni laconnaissance : « La psychanalyse entreprend d'élucider ces cas morbidesinquiétants, elle organise de longues et minutieuses recherches, elle se forgedes notions de secours et des constructions scientifiques et, finalement peutdire au moi : « il n'y a rien d'étranger qui se soit introduit en toi, c'est unepart de ta propre vie psychique qui s'est soustraite à ta conscience et à lamaîtrise de ton vouloir.

» En quoi consiste alors le traitement ? A traduire l'inconscient en conscient : « On ne prête pas assez attention danscette affaire à un point essentiel, à savoir que le conflit pathogène des névrosés n'est pas comparable à une luttenormale que des tendances psychiques se livrent sur le même terrain [...] Il y a lutte entre des forces dontquelques-unes ont atteint la phase du [...] conscient, tandis que les autres n'ont pas dépassé la limite del'inconscient.

C'est pourquoi le conflit ne peut aboutir que lorsque les deux se retrouvent sur le même terrain.

Et jecrois que la seule tâche de la thérapeutique consiste à rendre cette rencontre possible.

» (« Introduction à lapsychanalyse »).Le but de la cure est donc de faire que le patient, au lieu de subir un conflit dont il n'a pas la maîtrise, puisseprendre conscience de celui-ci.

Un conflit qui existe mais n'est pas posé ne peut être résolu.

Seule la claireconscience des désirs qui agitent le patient, et des choix qu'il doit faire entre ses désirs et ses normes, peut amenerà la guérison.

Supprimer le refoulement conduit à remplacer une censure dont je n'ai pas conscience, par unjugement et un choix conscient : « En amenant l'inconscient dans la conscience, nous supprimons les refoulements[...] nous transformons le conflit pathogène en un conflit normal, qui, d'une manière ou d'une autre, finira bien parêtre résolu.

». »

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