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Peut-on être sûr d'une vérité sans pouvoir la prouver ?

Publié le 26/08/2004

Extrait du document

Bachelard a su se rendre très attentif aux périodes de crise et de révolution scientifique, celles où l'on passe d'une théorie à une autre, d'un système à un autre, d'une méthode à une autre. Si « La Formation de l'esprit scientifique « est consacrée aux obstacles premiers et naturels de la connaissance scientifique, « Le Nouvel Esprit Scientifique « s'interroge sur les révolutions scientifiques contemporaines. La relativité Einsteinienne, la naissance de la mécanique ondulatoire, l'émergence des mathématiques axiomatiques sont le résultats d'efforts pour  penser « contre une connaissance antérieure «, mais cette dernière prend alors moins l'aspect de nos préjugés naturels que de notre héritage scientifique, qu'il faut reconsidérer et réformer. Or, en prenant un exemple peu Bachelardien, on aimerait illustrer le propos de l'auteur : «  Il y a rupture et non pas continuité entre l'observation et l'expérimentation. « En effet, si la science moderne prend naissance avec l'apparition de l'expérimentation, la croyance en l'observation, en l'expérience première et en ses prétendus faits est l'obstacle premier et majeur à la connaissance rationnelle. L'exemple le plus célèbre et le plus célébré reste le dispositif expérimental par lequel Galiléé, à l'aube du XVII ième, parvint à établir correctement la loi de la chute des corps. Pour étudier cette chute des corps, Galilée ne se fie pas à l'observation commune, mais construit un dispositif, sélectionne les paramètres décisifs pour la loi qu'il veut établir, et invente le moyen de mesurer leurs variations réciproques. Il s'agit simplement de faire rouler des boules dans un canal rectiligne creusé dans un plan incliné. Il suffit ensuite de mesurer le temps de chute de la boule en fonction de la distance parcourue. Un certain nombre de traits remarquables se dégagent de cette expérience.

« En fait, l'impression vécue de certitude n'est pas suffisante pour caractériser le jugement vrai.

Car onpeut se croire dans le vrai et cependant se tromper.

Je veux éprouver un sentiment très fort et trèssincère de certitude et pourtant être dans l'erreur.

C'est une grave objection à la théorie del'évidence-vérité. Comment distinguer les fausses évidences et les vraies évidences, C'est ici qu'un critère seraitnécessaire.

Descartes disait Leibniz , « a logé la vérité à l'hostellerie de l'évidence mais il a négligé de nous en donner l'adresse ».

Souvent les passions, les préjugés, les traditions fournissent des contrefaçons d'évidence.

Nous avons tendance à tenir pour claires & distinctes les opinions qui noussont les plus familières, celles auxquelles nous sommes habitués.

Les idées claires trop claires sontsouvent des « idées mortes ».

En revanche, les idées nouvelles, révolutionnaires, ont du mal à se faire accepter.

Au nom de l'évidence de la prétendue évidence, c'est-à-dire des traditions bienétablies et des pensées coutumières, les penseurs officiels, installés dans leur conformisme, ont toujours critiqué les grands créateurs d'idées neuves. Aussi, pour Leibniz qui juge l'évidence intuitive toujours sujette à caution, le raisonnement en forme fournit l'instrument du vrai, car il dépasse le psychologique pour s'élever au logique, aunécessaire.

A l'immédiateté de l'intuition il oppose les étapes nécessaires de la démonstration, conçuecomme chaîne où l'on substitue aux définis les définitions, et selon un ordre d'implication logique dont lesyllogisme fournit un des modèles.

« Tous les hommes sont mortels.

Or, Socrate est un homme.

Donc Socrate est mortel. »S'il est évident que Socrate est un homme, cette évidence, pour être communiquée et fondée, requiert l'appel, non à une intuition, mais à la formalisation des relationsd'implication logique entre des idées qui ne sauraient être considérées comme des absolus, mais commeles résultats de définitions ou de démonstration. On peut –dans une perspective rationaliste- définir la vérité comme la non-contradiction d'un système dejugements.

Cette définition convient à la fois à la vérité dite « formelle » et à la vérité « expérimentale ». a) La vérité formelle. Soit l'exemple du syllogisme suivant : · Majeure : tous les hommes sont honnête · Mineure : Or, Dupont est un homme · Conclusion : Donc Dupont est honnête. La conclusion est logiquement correcte.

Elle est en effet non contradictoire par rapport aux prémisses.

Laconclusion s'identifie à la majeure car la mineure me donne le droit de substituer à l'expression « Tous les hommes » (sont « honnêtes ») l'expression Dupont (puisque Dupont rentre dans la « classe » des hommes). La conclusion « Dupont est honnête » est formellement vraie par rapport aux prémisses parce qu'elle s'identifie aux prémisses, qu'elle dit « la même chose », qu'elle est « tautologique ».

Seulement la conclusion ainsi que les prémisses peuvent être matériellement fausses.

Il est possible que Dupont ne soit pas honnête, car il estsans doute faux, matériellement, que tous les hommes soient honnêtes.

La vérité formelle ignore donc laréalité, elle est seulement l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.

La vérité formelle triomphe enmathématiques.

Si j'affirme que la somme des angles d'un triangle vaut deux droits.

Est-ce vrai ? c'est vrai(non contradictoire) si j'admets les postulats d'Euclide.

C'est faux (contradictoire) si je décide d'adopter uneaxiomatique non euclidienne. Toutefois, et aussi loin que l'on pousse ce travail de réduction des éléments par application du principed'identité, n'est-il pas inévitable de parvenir à un terme pour lequel on jugera que l'évidence intrinsèque durapport ou du défini est, en fin de compte, et au moins pour nous, plus claire que la démonstration que l'onpourrait en tenter ? Et quel que soit par ailleurs le degré de formalisation des règles, ne faut-il pas toujoursjuger qu'elles sont correctement appliquées ? Ainsi force nous est de constater que le débat entre intuitionnisme et formalisme ne saurait se clore aubénéfice unique de l'un des deux termes, ce qui est probablement le signe qu'ils constituent non pasdeux éléments strictement antithétiques, mais plutôt deux pôles irréductibles de la connaissancehumaine.

Ce que Descartes affirme, contre les critiques du formalisme, « tout critérium qu'on voudra substituer à l'évidence ramènera à l'évidence » L'académie des sciences se moque de Pasteur comme les vieux chimistes s'étaient moqués de Lavoisier .

Les vérités les plus fécondes, bien loin de s'imposer tout d'abord comme des évidences, sont proposées l'étonnement & le scandale.

Le sentiment d'évidence, de certitude est une donnéepurement subjective, purement psychologique qui ne peut pas fournir un fondement objectif à lavérité.. »

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