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Peut-on gouverner sans justice ?

Publié le 01/03/2004

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Si l'État nie la notion de personne au nom de l'intérêt général, il multiplie les injustices; ces injustices qui caractérisent toutes les formes de totalitarisme. Favoriser l'intérêt privé est une injustice Le rôle de l'État est de veiller à maintenir une cohésion sociale, d'éviter qu'il y ait une trop grande disparité dans la répartition des richesses. Si l'État favorise les intérêts des plus riches au dépend des plus pauvres, s'il favorise les projets particuliers aux dépens des intérêts collectifs, il commet d'autres injustices. En effet, sa force dépend de tous, et non de quelques-uns. C'est donc une des plus importantes affaires du gouvernement, de prévenir l'extrême inégalité des fortunes, non en enlevant les trésors à leurs possesseurs, mais en ôtant à tous les moyens d'en accumuler, ni en bâtissant des hôpitaux pour les pauvres, mais en garantissant les citoyens de le devenir. Les hommes inégalement distribués sur le territoire, et entassés dans un lieu tandis que les autres se dépeuplent ; les arts d'agrément et de pure industrie favorisés aux dépens des métiers utiles et pénibles : l'agriculture sacrifiée au commerce ; le publicain rendu nécessaire par la mauvaise administration des deniers de l'état ; enfin la vénalité poussée à tel excès, que la considération se compte avec les pistoles, et que les vertus mêmes se vendent à prix d'argent telles sont les causes les plus sensibles de l'opulence et de la misère, de l'intérêt particulier substitué à l'intérêt public, de la haine mutuelle des citoyens, de leur indifférence pour la cause commune, de la corruption du peuple, et de l'affaiblissement de tous les ressorts du gouvernement. ROUSSEAU 1. INTRODUCTION L'amour du bien public, vertu républicaine par excellence, est sans doute essentiel à une certaine idée de la démocratie. Ce qu'on pourrait appeler la conception républicaine de la souveraineté populaire représente un pari sur la liberté : la libre adhésion des citoyens à la cause commune, leur résolution réfléchie à la défendre, sont les seuls ressorts dont puisse se prévaloir une constitution politique excluant l'arbitraire et la violence. A quelle condition de tels ressorts peuvent-ils exister durablement ?
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« qui, après l'avoir étudiée dans la jeunesse pour leur instruction, ne l'abandonnent pas mais y restent attachés,deviennent pour la plupart des personnages tout à fait bizarres, pour ne pas dire tout à fait pervers, tandis queceux qui semblent les meilleurs, gâtés néanmoins par cette étude que tu vantes, sont inutiles aux cités.

»Socrate n'en disconvient pas.

Il souligne cependant que l'inutilité de la philosophie n'est pas le fait des philosophes,mais des citoyens qui se refusent à chercher conseil auprès d'eux.

Socrate s'explique au moyen d'une image.

Ilcompare la société à un navire dans lequel les marins, ignorants es lois de la navigation, se disputent le gouvernailet méconnaissent le seul vrai pilote qui pourrait les guider, préférant le tenir pour un « bayeur aux étoiles », « unvain discoureur » et « un propre à rien ».En ce qui concerne la perversité des philosophes, Socrate s'attache à en expliquer les causes.

Il décrit lesdégradations du naturel du vrai philosophe en montrant que celui-ci, doué à l'origine de toutes sortes de hautesqualités, peut déchoir si de néfastes influences s'exercent sur lui : « Si donc ce naturel que nous avons attribué auphilosophe reçoit l'enseignement qui lui convient, c'est une nécessité qu'en se développant il parvienne à toutes lesvertus ; mais s'il a été semé, a grandi et a puisé sa nourriture dans un sol ne lui convenant pas, c'est une nécessitéqu'il produise tous les vices, à moins qu'un dieu ne lui porte secours.

»Or, dans la société telle qu'elle est, les jeunes gens doués de toutes les qualités qui font les philosophes vont sedétourner de la vérité et gaspiller leurs talents pour assurer leur réussite personnelle et celle de leur famille.

Dèslors, seuls les moins aptes à la philosophie se consacreront à elle : « Donc, ces hommes, nés pour la philosophie,s'en étant éloignés et l'ayant laissée seule et inféconde, pour mener une vie contraire à leur nature et à la vérité,d'autres, indignes, s'introduisent auprès de cette orpheline abandonnée de ses proches, la déshonorent, et luiattirent les reproches dont tu dis que la chargent ses détracteurs : à savoir que de ceux qui ont commerce avecelle, certains ne sont bons à rien, et la plupart méritent les plus grands maux.

»La solution passe donc, poursuit Socrate, dans une nouvelle attitude adoptée par la cité à l'égard de la philosophie.Il ne faut pas enseigner la philosophie aux enfants pour qu'ils oublient celle-ci une fois arrivés à l'âge adulte mais,tout au contraire : « donner aux adolescents et aux enfants une éducation et une culture appropriées à leurjeunesse, prendre grand soin de leur corps à l'époque où il croit et se forme, afin de le préparer à servir laphilosophie ; puis quand l'âge vient où l'âme entre dans sa maturité, renforcer les exercices qui lui sont propres ; etlorsque les forces déclinent, et que le temps est passé des travaux politiques et militaires, libérer dans le champsacré, exempts de toute occupation importante, ceux qui veulent mener ici-bas une vie heureuse et, après leurmort, couronner dans l'autre monde la vie qu'ils auront vécue d'une destinée digne d'elle.

»Que les philosophes soient rois et guident ainsi la multitude : est-ce là un simple rêve ? Socrate admet que laréalisation en est difficile mais il nie qu'elle soit impossible.

A cette condition seule, les hommes pourront connaître lavéritable félicité : « Une cité ne sera heureuse qu'autant que le plan en aura été tracé par des artistes utilisant unmodèle divin.

»Et ces artistes, Socrate décrit ainsi ce que sera leur tâche : « Parachevant cette esquisse, ils porterontfréquemment leurs regards, d'un côté sur l'essence de la justice, de la beauté, de la tempérance et des vertus dece genre, et de l'autre côté sur la copie humaine qu'ils en font ; et par la combinaison et le mélange d'institutionsappropriées, ils s'efforceront d'atteindre à la ressemblance de l'humanité véritable, en s'inspirant de ce modèlequ'Homère, lorsqu'il le rencontre parmi les hommes, appelle divin et semblable aux dieux.

» Exprimée par Platon, la conviction que les philosophes doivent être rois ou les rois philosophes s'imposa dansl'histoire de la pensée politique.

Comme toutes les idées fortes et simples, elle devint même un lieu commun ainsiqu'en témoigne, parmi des centaines d'autres exemples, le chapitre XLIII du « Gargantua » de Rabelais.

Séduit par lagénérosité et la grandeur de Grandgousier, le peuple manifeste son admiration pour un roi si savant et si juste.Gargantua cite alors Platon : « C'est ce que dist Platon : que lors les republicques seroient heureuses quand les roysphilosopheroient ou les philosphes regneroient.

»La « République », cependant, ne se limite pas à cette seule théorie du philosophe-roi.

Platon y propose unedescription de sa cité idéale dans laquelle règnent l'union de tous et, parmi les gardiens, la communauté desfemmes, des enfants et des biens.

En ce sens, on a pu définir la philosophie de Platon comme la première expressiondu communisme.Si la réunion de la philosophie et du pouvoir politique reste cependant la caractéristique essentielle du systèmePlatonicien, c'est que l'ordre de la cité idéale y est inséparable d'un ordre total que seule la raison est à même demettre au jour.Le scandale pour nous réside dans le fait que cet ordre est indissociable d'une conception de la justice qui noussemble le comble même de l'injustice.

Pour Platon , la justice est en effet dans le respect de cet ordre idéal quiassigne à chacun sa place et sa fonction.

Or, la société que décrit Platon est, si on la juge à l'aune de nos valeursmodernes, une société radicalement inégalitaire, un univers de castes qui nie l'individualité de ses membres.

Lesêtres y sont en effet répartis en trois races : celle d'or, celle d'argent et celle de fer et d'airain.

Même si lesindividus ne sont pas assignés à une race en raison seulement de l'hérédité, il est certain qu'un ordre, que nousjugerions très pesant, s'impose à eux et détermine l'essentiel de leur existence.En ce sens le communisme Platonicien est l'exacte antithèse du communisme marxiste puisqu'il consiste non enl'abolition de la lutte des classes, mais en l'organisation rigide d'une société qui tire paradoxalement le principe deson unité de sa division même en castes.

Si l'on ajoute à cela le fait que, dans la « République », l'individu semblen'exister que pour et en fonction de la communauté à laquelle il appartient, on comprendra que certains théoriciensmodernes aient voulu voir dans la philosophie Platonicienne le premier de tous les totalitarismes.

Appliquer lacatégorie moderne de « totalitarisme » à la « République » Platonicienne constitue bien entendu un anachronismedélibéré qui, s'il peut être justifié politiquement, repose sur peu de fondements historiques et intellectuels.

Disonsplutôt qu'avec la « République » commence l'histoire de ces utopies qui, cherchant à traduire les rêves politiques del'humanité, donnent souvent à ceux-ci l'allure de nos pires cauchemars.. »

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