Devoir de Philosophie

Puis-je, au nom de ma conscience, refuser de me soumettre aux lois ?

Publié le 28/01/2005

Extrait du document

conscience

•    Le sujet interroge d'abord sur une possibilité : « Puis-je «, qui m'implique directement en tant que sujet : « je «, « ma «, « me « ; il est important de le remarquer. Le « je « est le « je « du sujet pensant, de la conscience morale : capacité à porter des jugements de valeur sur ses actes et ceux des autres, pouvoir de distinguer le bien du mal.

•    « au nom de ma conscience « : c'est-à-dire en vertu du pouvoir que me confère ma conscience morale : nous comprenons ici que la conscience morale possède un pouvoir. Lequel ? Celui de distinguer le bien du mal. •    « refuser de me soumettre aux lois « : cette capacité de distinguer le bien du mal me donne-t-elle le pouvoir, ou du moins la possibilité, de ne pas obéir aux lois, c'est-à-dire aux institutions de mon pays ?

conscience

« droit de se rebeller ? Penser le droit, c'est penser qu'il fait parfois des victimes.

Pour que l'on puisse se conformeraux lois sans jamais rien refuser, il faudrait que la société soit parfaite ou que nous soyons devenus des machinesécervelées.

Refuser d'obéir, c'est aussi vouloir améliorer le droit.

La raison humaine vérifie constamment lacohérence des principes posés par le droit avec la réalité de leur application.

La révolte est une prise de consciencedu droit.C'est cette prise de conscience qui permet, au xvIIie siècle, à Toussaint-Louverture, esclave noir affranchi, deréclamer la liberté pour le peuple haïtien ; à Nelson Mandela de se battre contre l'apartheid sud-africain et de passerplus de vingt-cinq ans en prison.

On prend souvent comme exemple de désobéissance au nom de la conscience, lecas des gendarmes français qui ont refusé d'obéir aux lois raciales de Vichy pendant la Deuxième Guerre mondiale, etde tous les résistants aux régimes tyranniques.

L'opinion associe souvent conscience et monde intérieur.

Laconscience, nous le voyons bien, n'est pourtant pas une chose mais un acte, en ce sens que « toute conscienceest conscience de quelque chose », comme le dit Husserl. On trouve cette citation dans la seconde partie des « Méditations cartésiennes » (1929).

Husserl (1859-1938) est le fondateur de la phénoménologie et le précurseur de ce que l'on nommel'existentialisme. Le mot d'ordre de la phénoménologie est le retour aux choses mêmes.

Il s'agitde se battre contre une conception positiviste de la science et contre lesfaux savoirs, pour s'interroger à nouveaux frais sur la façon dot les chosesnous apparaissent. Notre citation apparaît dans les « Méditations métaphysiques ».

Le titre dit assez que Husserl entend se réapproprier le projet cartésien de fonder les sciences.

Mais il tente aussi, dans ce qu'il nomme « les temps de détresse », de fonder une véritable science de l'esprit, en se battant à la fois contre le« psychologisme » et contre le modèle des sciences objectives de la nature. « Partout à notre époque se manifeste le besoin pressant d'une compréhension de l'esprit [...] Ma conviction est que la phénoménologie a faitla première fois de l'esprit en tant qu'esprit le champ d'une expérience etd'une science systématique, et opéré par-là le retournement total de la tâchede la connaissance. » On retrouve donc, au départ de notre texte, la même exigence de rigueur, de radicalité que chezDescartes .

Husserl aussi pratique une sorte de doute qui consiste à suspendre notre croyance naïve et naturelle au monde et à son existence.

Lui aussi découvre comme première certitude le « Je pense ». Mais Descartes était pressé de fonder la science de son temps, et s'il découvrait le dualisme, il faisait de la conscience une chose qui pense.

Descartes établissait une sorte de parallèle entre la « chose étendue », le corps, et la « chose qui pense », la conscience. Husserl reste attentif à une propriété remarquable de la conscience : « Toute conscience est conscience de quelque chose ». Chaque fois que je pense, je pense bien à quelque chose.

Cela veut dire que le « Je », la conscience vise toujours autre chose qu'elle-même.

La conscience, si l'on veut, n'est jamais enfermée en elle-même, elle est toujours lemouvement de se dépasser vers autre chose, vers un objet.

Que la conscience soit toujours en mouvement versautre chose, cela signifie que toute activité psychique est toujours dirigée vers autre chose qu'elle-même.

On nepeut plus, comme tendait à le faire Descartes , assimiler la conscience à une chose ou à une intériorité. Précisément, ce qui différencie la conscience de toutes les choses, de tous les objets –qui sont ce qu'ils sont- c'est son caractère dynamique, qui fait qu'elle est toujours rapport à autre chose qu'elle-même, dépassement,mouvement, vers un autre.

La pensée porte toujours un rapport au monde.

Etre conscient, c'est d'abord êtreprésent au monde. Les existentialistes (surtout Sartre ) seront particulièrement attentifs à ce que Husserl nomme « intentionnalité », et qui désigne ce caractère de la conscience d'être toujours conscience de .

Voici comment Sartre commente cette formule : « Connaître, c'est s'éclater vers », s'arracher à la moite intimité gastrique pour filer là-bas, par delà soi , vers ce qui n'est pas soi, là-bas près de l'arbre, et cependant hors de lui .» La pensée est décrite ici en terme de mouvement, de dynamique, et non plus de « moite intimité ». Non seulement il n'y a pas de commune mesure entre les propriétés de la matière et celles de la pensée, mais il fautajouter que les choses et la conscience n'ont pas la même manière d'être.

L'existence propre de la conscience estcette capacité de se transcender, de se projeter vers autre chose, de porter un rapport au monde auquel, par-làmême, elle est présente. Husserl tire deux autres conséquences de ce caractère majeur de la conscience.

Si je perçois un cube, je déclare. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles