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Quelle conception de l'homme l'hypothèse de l'inconscient remet-elle en cause ?

Publié le 21/03/2004

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b) "Il existe deux variétés d'inconscient: les faits psychiques latents, mais susceptibles de devenir conscients, et les faits psychiques refoulés qui, comme tels et livrés à eux-mêmes, sont incapables d'arriver à la conscience. Les faits psychiques latents ... sont des faits préconscients, et nous réservons le nom d'inconscients aux faits psychiques refoulés." (Freud dans Essais de psychanalyse)

c) "Qu'une chose se passe dans ton âme ou que tu en sois de plus averti, voilà qui n'est pas la même chose." (Freud dans Essais de psychanalyse appliquée)   - L'inconscient chez Freud est constitué de pulsions (généralement sexuelles) et de pulsions de censure, empêchant celle-là de pénétrer dans le domaine de la conscience. L'inconscient, qui était pour les philosophes cités plus haut une réalité métaphysique, dépassant l'homme, devient ainsi avec Freud une construction psychique propre à l'homme (donc inscrit dans son propre corps). A partir de cette structure s'expliquent des processus tels que la névrose, les rêves, les actes manqués, etc.   - Ainsi, une partie cachée au 'moi' régit la vie consciente, et se compose notamment du 'sur-moi' (intériorisation de l'autorité paternelle) responsable des refoulements des pulsions du 'ça', basées sur le plaisir (surtout sexuel). Freud explique de nombreuses pathologies psychologiques à partir de cette construction abstraite.

► Un sujet de ce genre peut être à la source de bien des déceptions si on ne consacre pas à l'analyse de son énoncé le temps nécessaire. En effet, il fallait sans doute éviter de commencer par étaler longuement des connaissances «de cours« sur la psychanalyse, avant de tenter de les opposer à la pensée de tel ou tel philosophe : il n'y aurait rien de réflexif, rien de philosophique, dans une telle démarche. Comment l'aborder, dès lors? La plupart des sujets proposés à l'examen sont formulés de façon à vous faire prendre position sur une thèse. Ce n'est pas le cas ici. Ce sujet a la particularité de sembler appeler le choix, parmi plusieurs possibles, d'une conception particulière de l'homme qui serait opposée à «l'hypothèse de l'inconscient« (expression désignant en bloc les propositions de base de la psychanalyse). Mais un sujet de philosophie, même commençant par «Quelle est...« n'est pas une devinette (du style: «Quelle est la couleur du cheval blanc d'Henri IV?«). Ici tout autant que lorsque l'énoncé suggère une réponse par oui ou par non, il convient avant tout de s'interroger sur la question elle-même: pourquoi la réponse à la question «Quelle est...« n'est-elle pas évidente?

Introduction

  • 1) La conception classique d'un homme maître de lui-même.
  • 2) L'homme n'est même pas le maître dans sa propre maison.
  • 3) Que reste-t-il de l'homme après la psychanalyse.

Conclusion

« - Ainsi, une partie cachée au 'moi' régit la vie consciente, et se compose notamment du 'sur-moi' (intériorisation del'autorité paternelle) responsable des refoulements des pulsions du 'ça', basées sur le plaisir (surtout sexuel).

Freudexplique de nombreuses pathologies psychologiques à partir de cette construction abstraite. - Toutes ces explications tournent autour d'un même point commun. En effet, toutes postulent que des forces, ou des représentations pulsionnelles, agissent sur les actes des hommes,sans que ceux-ci ne puissent ni s'en rendre compte, ni s'en rendre maître.

C'est ce que le sujet traité nomme"l'hypothèse de l'inconscient". 2/ Quelle conception de l'homme se trouve par là remise en cause ? - La tradition philosophique, qui comportait déjà des idées selon lesquelles l'homme est en lutte interne avec lui-même (exemple : tripartition de l'âme chez Platon), n'avait jamais, avant, formulé clairement l'hypothèse selonlaquelle une partie de l'âme est cachée à l'âme elle même (ou à l'esprit). - Les problèmes soulevés par cette hypothèse sont multiples. Quelle est la part de responsabilité laissée à l'homme, dès lors que des zones à lui même refoulées agissentsecrètement sur ses choix, et déterminent ses actions ? Si une partie inconsciente du sujet détermine les actions de ce sujet, et si celui-ci ne peut en être tenu pour cause,alors que dire, par exemple, d'un criminel ? Faut-il punir son inconscient ? Peut-on le punir pour des actes dont iln'est pas responsable ? C'est un problème éthique sérieux. - La conception philosophique de "l'homme de raison" est alors remise en question. Si la raison n'est qu'un jouet aux mains de forces qui lui échappent, alors la conception de l'homme défini par saraison et par l'usage qu'il en fait tombe en miettes. - Des philosophes comme Sartre ou Alain ont critiqué ces hypothèses en tant qu'elles mettent en danger certainesvaleurs éthiques.

Pour Alain, la morale se base sur une construction consciente de ses propres actes, se référant àdes valeurs éthiques supérieures vers lesquelles il faut s'efforcer de tendre : le "freudisme" vient mettre en péril unetelle conception de l'éthique. Ainsi met-il en garde le danger de tomber dans "le mythe de l'irresponsabilité" : "Il faut éviter plusieurs erreurs que fonde le terme d'inconscient.

La plus grave de ces erreurs est de croire quel'inconscient est un autre Moi; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses; une sorte de mauvais ange,diabolique conseiller.

Contre quoi il faut comprendre qu'il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je.Cette remarque est d'ordre moral" (Eléments de Philosophie). - Critique Sartrienne. Pour Sartre, croire en la théorie de l'inconscient revient à fuir l'angoisseprovoquée par ce qui est pourtant l'essence de l'homme : la liberté.

PourSartre l'inconscient est une thèse qui ne résiste pas à l'examen philosophique,et qui s'avère être immorale. Le concept du refoulement ne peut être inconscient car la censure est unphénomène qui nécessite le choix d'un sujet connaissant, donc uneconscience. Selon Sartre, la conscience est toujours totalement transparente à elle-même, tant du point de vue du savoir que de l'affectivité.

La conscience est,en outre, capable de négation, cette négation étant son acte essentiel, celuiqui fonde sa liberté.

La conscience peut diriger sa négation vers le dehors (cf.p.

54, l'imagination), mais aussi vers elle-même : c'est l'attitude de lamauvaise foi, qui est un « mensonge à soi ».

Dans la mauvaise foi, laconscience se masque à elle-même la vérité, « elle s'affecte elle-même demauvaise foi ».

Ainsi « la mauvaise foi implique par essence l'unité d'uneconscience », et la conscience est nécessairement consciente de ce qu'ellese dissimule : pour censurer, la censure de la conscience doit connaître cequ'elle censure.

L'erreur de Freud a été de briser cette unité et cettetransparence fondamentale de la conscience.

En posant l'existence d'uninconscient qui rompt l'unité du psychisme, la psychanalyse « hypostasie etchosifie » la mauvaise foi, c'est-à-dire fait une chose de ce qui est un acte. Sartre explique notamment des comportements, que Freud expliquait lui même en faisant intervenir l'inconscient, pardes concepts conscients tels que "la mauvaise foi" (dont il accusera d'ailleurs Freud), témoignant de l'ambiguïté qui. »

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