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A-t-on raison d'accuser la technique ?

Publié le 08/03/2004

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technique
Si la technique, me dis-je, semble présenter des inconvénients, sinon même des dangers, elle présente néanmoins des aspects positifs, des avantages certains. Ma réflexion abordera donc les avantages de la technique tout en restant sensible à ses inconvénients... • « A-t-on raison d'accuser la technique? « DEMANDE-T-ON. «Avoir raison «, qu'est-ce? C'est ne pas avoir tort, au sens où je suis dans le vrai ou le juste. D'où vient cette dernière précision? Probablement de ce que mon esprit se souvient de la suite de la question : on parle en effet, d'accuser. Or, avec accusation, on a aussi coupable et jugement: l'accusé est-il coupable? Si oui, on fournit les preuves, sinon, quel est le vrai coupable? • On voit qu'il s'agit de rechercher un ou des coupables : la question des aspects positifs et négatifs, avantages et inconvénients de la technique, est donc totalement nulle et non avenue!
•   La teknê grecque est un savoir-faire caractéristique, propre à l'homme, qui fabrique ce que la nature ne lui a pas fourni. Elle permet une maîtrise de la nature. •   La technique a donc pour fonction de transformer le donné. On ne comprend alors pas très bien pourquoi il faudrait l'accuser et surtout de quoi l'accuse-t-on ? Est-elle responsable de quelque chose ? A-t-on raison de l'accuser ? Est-il alors logique de rendre responsable la technique des maux dont souffrent les hommes (la pollution, par exemple) ou n'est-ce-pas plutôt l'utilisation de la technique qui est ici en cause ? •   Nous nous interrogerons sur la finalité de la technique.
  • I) Pourquoi n'aurait-on pas le droit d'accuser la technique.
a) La technique est dangereuse et inhumaine. b) Technique et aliénation. c) Technique et idéologie.
  • II) Pourquoi accuser la technique ?
a) L'homme est est un homo faber (Bergson). b) La technique a permis d'améliorer les conditions de l'existence humaine. c) Du bon usage de la technique.
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technique

« l'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une besogne particulière ; blanchir les épingles enest une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers et d'y bouter les épingles ;enfin l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations distinctes ou à peu près qui, danscertaines fabriques sont remplies par autant de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier enremplisse deux ou trois.

J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers, et où ,par conséquent, quelqu'uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations.

Mais quoique la fabrique fûtfort pauvre et pour cette raison, mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils mettaient à boutde faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour ; or, chaque livre contient au-delà de quatre milleépingles de taille moyenne [...].

Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres,et s'ils n'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingtépingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, etpas peut-être la quatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, enconséquence d'une division et d'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

»SMITH, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ». Pour montrer l'efficacité de la division du travail, Smith prend comme exemple une fabrique qui produit des« objets de peu de valeur » et qu'il est donc utile de produire en grand quantité.Dans cet exemple, la division du travail possède deux aspects : d'une part, « fabriquer des épingles » devientun métier particulier alors qu'auparavant le forgeron fabriquait des épingles et aussi d'autres produits.

D'autrepart ce métier lui-même est divisé en autant de métiers qu'il y a d'opérations à effectuer.L'habitude accroît l'habileté pour chacune de ces opérations, permettant ainsi une plus grande rapidité dans letravail.

Mais la spécialisation a pour contrepartie l'incapacité à exercer le métier de forgeron dans toute sadiversité.

Et plus la division du travail augmente, plus chaque opération est simplifiée.

La dextérité acquise parla répétition d'une tâche particulière n'est pas équivalente à l'habileté de métier.Si Smith souligne ici l'utilité économique de la division du travail, à un autre endroit de son livre il en montrerala nocivité pour le travailleur : « Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérationssimples [...] n'a aucune occasion de développer son intelligence ni d'exercer son imagination [...] Il devient engénéral aussi ignorant et aussi stupide qu'il soit possible à une créature humaine de le devenir.

» Au début du XX ième , Taylor invente « l'organisation scientifique du travail », qui vise à augmenter la productivité en rationalisant le travail.

Le travail est divisé de telle sorte que chacun n'effectue plus qu'uneparcelle de l'objet.

Le travailleur répète toujours les mêmes gestes.

Aucune habilité de métier n'est plusnécessaire, les tâches simplifiées peuvent être exécutées sans formation.

Ce qui entraîne pour l'ouvrier uneactivité dénuée de sens et ennuyeuse, simple moyen de gagner sa vie.

L'idée d'aliénation sembleparticulièrement adéquate pour désigner ces phénomènes.

La « rationalisation » du travail, est critiquée comme déraisonnable d'un point de vue humain. D'autre part, au nom de l'égalité entre les hommes, il est possible de reprocher à la rationalisation du travaild'accentuer la division entre travail intellectuel et travail manuel et entre tâches de commandement et tâchesd'exécution.

En effet, l'organisation de la fabrication du produit doit être pensée entièrement à l'avance et laproduction décomposée en un certain nombre de gestes : ce travail préalable de conception n'est pas le faitde ceux qui exécuteront le travail.

De plus, l'exécution d'une tâche dépendant de l'exécution d'une autre, lesrythmes de production doivent être strictement respectés et donc contrôlés. La technique aliène l'hommeC'est dans la phase initiale de sa pensée que Marx écrit : « Ce qui estanimal devient humain, ce qui est humain devient animal ».Ce qui est humain, c'est le travail.

Or, dans les « Manuscrits de 1844 »,encore marqués par l'influence de Hegel, si le travail est principiellementformateur, sa forme contemporaine (le travail à la chaîne) devientaliénante, abêtissante, inhumaine.

En clair, le travail de vient animal.Les « Manuscrits » appartiennent à la phase initiale de la pensée dujeune Marx.

Notre auteur n'y est pas encore en possession desprincipales catégories de sa pensée.

Le matérialisme historique n'estpas parvenu à la formulation qu'il acquerra dans la maturité.

D'une part,Marx s'y montre plus proche d'une réflexion proprement politique, quipassera ensuite au second plan (ou se verra réélaborée après lesanalyses économiques du « Capital »).

D'autre part, Marx y est encoretributaire d'une lecture essentialiste, moins historienne que par la suite.C'est ainsi qu'il prétend définir une essence du travail qui se voitpervertie par les formes modernes de production.Marx est alors très marqué par un passage de la « Phénoménologie del'esprit » de Hegel, la dialectique du maître & de l'esclave.

Dans cemouvement, qui fait suite à l'épisode de la lutte à mort pour lareconnaissance, Hegel montre que la libération véritable de l'humaniténe vient pas du maître, qui ne domine que symboliquement le monde,mais de l'esclave.

C'est par la discipline qu'impose le travail que l'homme s'éduque et domine, réellement cette. »

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