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La politique de 1910 à 1919 : Histoire

Publié le 10/01/2019

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LA CRISE DES PARTIS FRANÇAIS. Dans la France d’avant-guerre, la crise des partis désorganise la vie politique. Le radicalisme, à son apogée dans la décennie précédente, devient un mouvement imprécis et lâche, dont beaucoup d'élus se réclament sans y être strictement attachés. Quant au parti socialiste, ses divisions sur le plan parlementaire et sa trop faible audience électorale le rendent inapte à prendre seul les rênes du gouvernement. Ce contexte permet en revanche à des personnalités politiques indépendantes de s'affirmer plus facilement, comme le républicain-socialiste Aristide Briand, trois fois président du Conseil de 1910 à 1914. Les enjeux de la politique extérieure constituent un autre facteur d’instabilité ministérielle. Mais les impératifs de la défense nationale obtiennent finalement l’adhésion de la majorité du pays, puis de la classe politique, sous l’influence de Raymond Poincaré, chef du gouvernement de 1912 à 1913. Certains écrivains, Paul Dérou-lède ou Charles Péguy, se font les chantres d’un nationalisme qui s’exacerbe à l'approche du conflit. À la veille de 1914, P«Union sacrée» existe déjà en germe.

LA MARCHE VERS LA GUERRE. L'Europe d'avant 1914 est séparée en deux camps antagonistes. D'un côté, la France, la Grande-Bretagne et la Russie ont noué des liens diplomatiques et militaires que les crises internationales contribuent à resserrer. De l'autre, l’Allemagne. l'Autriche-Hongrie et l’Italie forment la Triplice. Loin de maintenir l'équilibre de la paix, les systèmes d'alliance contribuent à l'accélération de la course aux armements. Les rivalités économiques et coloniales entre puissances rendent plus fragile encore cette paix armée. Le Reich de Guillaume II inquiète par sa croissance démographique et sa volonté d'expansion commerciale à travers le monde. En 1911, il s’en faut de peu que la question du partage du Maroc mette aux prises la France et l’Allemagne. C'est finalement la lutte d’influence entre Russes et Autrichiens dans les Balkans et la volonté de Vienne, encouragée par l'Allemagne, de «mater» la Serbie après l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, qui précipitent l'Europe dans un conflit général. Un conflit qu'aucune puissance n’avait, semble-t-il, désiré.

UN PACIFISME MINORITAIRE. Dans les années qui précèdent la guerre, le socialiste Jean Jaurès se fait le porte-parole d'un pacifisme qui n’exclut pas le patriotisme. Ses plaidoiries en faveur d’une «Armée nouvelle» composée de milices de citoyens rallient la grande majorité des socialistes. Seule une minorité d’entre eux ainsi que la CGT se déclarent à la fois antipatriotes et antimilitaristes, mais toutes deux prévoient cependant le déclenchement de la grève générale en cas de conflit international. Or, quand la guerre commence, ce mot d’ordre est abandonné et des socialistes entrent au gouvernement. En marge des organisations de gauche, certains intellectuels et hommes politiques se prononcent en faveur de la paix. La crise morale que connaît la France en 1917 renforce leur audience. L’écrivain Romain Rolland, prix Nobel de la paix en 1916, multiplie les écrits pacifistes tandis qu'au sein de la classe politique l’ancien président du Conseil Joseph Caillaux défend une paix de compromis avec l’Allemagne. Mais l'arrivée au pouvoir de Georges Clemenceau en novembre 1917 ravive la flamme patriotique qui isole cette tendance jusqu’à la victoire.

LA MORT DE JEAN JAURÈS. Jean Jaurès reste la grande figure du socialisme français du début de ce siècle. Fondateur de l'Humanité, il est l'artisan de l'unité socialiste, concrétisée par la création de la SFIO, qu’il cherchera à rapprocher des forces syndicales et de l'internationale ouvrière. Le socialisme humaniste qu'il défend a pour objectif de dépasser le principe de la lutte des classes pour une alliance du plus grand nombre, dans le strict respect de la tradition républicaine. Très vite, Jaurès pressent le risque de guerre engendré par le jeu des alliances et par celui du colonialisme des grandes puissances; de même, il prédit les conséquences européennes du conflit balkanique. Ses discours en faveur de l’autonomie de l'Alsace-Lorraine et d’une réforme de l’armée française lui valent les attaques haineuses de Maurice Barrés ou de Charles Maurras, qui attisent ainsi l'esprit nationaliste et revanchard, caractéristique du climat d’avant-guerre. Jaurès est assassiné le 31 juillet 1914 par Raoul Villain. Sa mort est un symbole. Elle sonne le glas des derniers espoirs de paix. Le lendemain, l’Allemagne puis la France décrètent la mobilisation générale.

LA FRANCE DANS LA GUERRE. Centrée en guerre rassemble un pays traditionnellement divisé par de profondes fractures politiques, sociales et religieuses. Mais cette «Union sacrée» ne signifie pas unanimité. Si la participation au gouvernement Viviani des socialistes Jules Guesde et Marcel Sembat en est l’expression la plus symbolique, les divisions politiques ne disparaissent pas pour autant. Cette cohésion nationale se maintient jusqu’en 1917, année charnière marquée par l’échec de l’offensive du général Nivelle, par des mutineries et par la révolution bolchevique qui vient renforcer les socialistes minoritaires, partisans d’une paix blanche. En septembre 1917, la SFIO refuse de collaborer. L’Union sacrée est officiellement rompue en novembre à l’occasion de la formation du gouvernement Clemenceau, à dominante radicale. Dès lors, pacifistes ou défaitistes sont sévèrement sanctionnés. Ces voix restent pourtant très marginales. Combattre jusqu’à la victoire totale, tel est le mot d’ordre. Si la bataille de Verdun a laissé de profondes blessures, les soldats suivront le général Foch dans l’offensive finale.

LA MARNE ET VERDUN. Août 1914, le plan XVII de l’état-major français n'a pu contenir la progression des armées allemandes. Le 2 septembre, l'armée du général von Kluck est à Senlis. Mais au lieu de poursuivre sur Paris, von Kluck infléchit sa route vers le sud-est. Tirant profit de cette erreur, le général Joffre ordonne la contre-offensive. C’est la bataille de la Marne qui prend fin le 10 septembre avec le repli des Allemands sur la ligne de l’Aisne. Elle consacre la fin de la guerre de mouvement. Les armées ennemies tentent alors de se déborder mutuellement, dans une «course à la mer». En vain. Le front désormais stabilisé s'étend du Jura à la mer du Nord. Mais les états-majors ont beaucoup de difficultés à s’adapter à cette nouvelle situation. À plusieurs reprises, ils tentent de percer le front. Sans succès. Sous l’impulsion du général von Falkenhayn, une nouvelle stratégie voit le jour: celle de l’usure. Pour saigner à blanc l’armée française, celui-ci choisit le secteur de Verdun, mal défendu. La bataille dure onze mois. Le bilan est effroyable : 300 000 morts. Pour tous les soldats qui y ont combattu, Verdun reste un enfer, symbole de la Grande Guerre.

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