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Italie de 1910 à 1919 : Histoire

Publié le 12/01/2019

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La crise du « giolittisme »

 

Les gouvernements précaires formés par Sidney Sonnino en 1910, puis Luigi Luzzati en 1911, ne font que préparer le retour au pouvoir de Giovanni Giolitti, le 20 mars 1911. Marqué par un glissement à gauche, ce gouvernement — le quatrième de Giolitti depuis le début du siècle — s’appuie toujours sur une confortable majorité parlementaire centriste, élargie aux radicaux dont le représentant, Francesco Saverio Nitti, est nommé ministre de l’Agriculture, et aux socialistes réformistes qui offrent leur soutien sans participation. Giolitti entend poursuivre dans la voie des réformes en créant un Institut national des assurances destiné à financer les retraites ouvrières et en élargissant le droit de suffrage. Mais le président du Conseil a un autre projet : l’intervention en Libye. Ce programme pourra être appliqué sans trop mécontenter la droite conservatrice ni la gauche réformiste, mais il aura des effets imprévus, provoquant finalement la fin du «giolittisme». Craignant l’empiètement d’autres nations sur des territoires où les intérêts italiens sont désormais prédominants, Giolitti, dont la politique étrangère est restée très discrète, se décide à intervenir militairement contre l’Empire ottoman en septembre 1911.

 

L’opinion est avec lui. Non seulement la jeune Association nationaliste, constituée sous la direction d'Enrico Corradini en 1910, fait campagne en faveur de la guerre, mais la presse

 

giolittienne et certains milieux catholiques le poussent à agir. Peu d’Italiens échappent à l’enthousiasme, comme en témoigne l'échec de la grève générale de protestation organisée par le principal syndicat (la CGL). Or, si l’expédition se solde par l’annexion de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine, ses résultats sont finalement limités. La présence italienne est réduite essentiellement au littoral, et la pacification tout comme l’exploitation du territoire se révèlent beaucoup plus difficiles que prévu. À l’exaltation patriotique succèdent les déceptions et les rancœurs, exploitées par les nationalistes. A l’inverse, l’anticolonialisme et l’antimilitarisme, dont le principal représentant à

l’époque n'est autre que le socialiste-révolutionnaire Benito Mussolini, s’affirment lors du congrès du parti socialiste de Reggio Emilia, au mois de juillet 1912. Appelé aux urnes, le parti socialiste s’engage désormais à s’opposer tout d’abord à la «politique d'aventures coloniales et aux budgets militaires», mais également au protectionnisme industriel et agraire, ainsi qu’aux demi-mesures d’ordre social, et à exiger le suffrage universel complet.

 

Dès lors, le réformisme pratiqué par Giolitti depuis 1901 atteint ses limites et devient d’autant moins viable que le patronat, qui vient de créer la Confédération italienne de l'industrie, adopte également une attitude beaucoup plus intransigeante face aux syndicats avec lesquels il acceptait jusque-là de négocier.

 

L’extension du droit de vote aux analphabètes âgés d’au moins trente ans porte le nombre d’électeurs de trois millions et demi à huit millions. Malgré le pacte Gcntilloni, passé par les candidats libéraux avec l’Union électorale catholique afin de résister au choc, les élections du 26 octobre 1913 profitent avant tout aux socialistes, qui obtiennent soixante-neuf sièges (dont dix-neuf seulement reviennent aux réformistes) et aux radicaux, les deux tiers des députés libéraux ayant été élus après avoir négocié le soutien des catholiques. La révélation de cet accord déclenche alors une violente campagne à la fois antigiolittienne et anticléricale. Disposant d’une majorité réduite, Giolitti est obligé de démissionner sous la pression des

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« La guerre en Libye, épisode clé de l'ère giolittienne.

Le général Canem, gouverneur de Tripoli, /ir ici la déclaration d'annexion de la Tripoliwine et de la Cyrénaïque à l'Italie.

© Siiddeutscher Ver/ag Prisonniers italiens après la déroute (l'�ébouleme/11») de Caporetto le 24 octobre 1917.

© Siiddewscher Ver/ag radicaux.

Hors du Parlement, les oppositions se renforcent également.

Les nationalistes affirment clairement leur hostilité au libéralisme lors de leur congrès, au mois de mai 1914, et tissent des liens de plus en plus étroits avec certains milieux conservateurs, industriels et agrariens.

Par ailleurs, le courant révolutionnaire de Mussolini l'emporte encore plus nettement au sein du parti socialiste, à l'issue du congrès d'Ancône au mois d'avril de la même année.

En juin, la élargira encore cette fracture entre réformistes et maximalistes.

Antonio Salandra et l'entrée en guerre de l'Italie aux côtés des Alliés Nouvel adversaire de Giolitti depuis l'échec de Sonnino en 1909, Antonio Salan dra représente un courant plus conservateur au sein du libéralisme italien.

Giolitti lui accorde pourtant son appui dans un premier temps.

Mais le déclenchement du conflit va modifier profondément la situation politique.

Le 3 août, le gouvernement italien, lié aux Empires centraux par la Triplice, proclame sa neutralité.

L'Italie va changer de camp en l'espace de neuf mois.

à la suite d'une bruyante campagne en faveur de l'intervention.

Si les neutralistes, majoritaires dans le pays, sont issus des groupes politiques les plus représentatifs (les libéraux giolittiens.

la majorité des socialistes et des catholiques).les interventionnistes regroupent des minorités actives, aux motivations très contrastées, dont l'influence sera décisive.

Les nationalistes veulent non seulement libérer les terres irredente, mais aussi hisser l'Italie au rang d'une grande puissance, affranchie de la tutelle économique allemande.

Cette aspiration rejoint la glorification esthétisante de la guerre,. »

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