Devoir de Philosophie

l'habitude est-elle un obstacle a la création artistique ?

Publié le 18/11/2005

Extrait du document

Cézanne serait l'exemple d'une perception préréflexive, mais l'application du corps au monde sensible d'un contact direct avec les choses. Il s'agit de chercher une représentation pure des choses qui mettrait au jour la structure du visible. On parvient ainsi à l'architecture invisible du visible, à la révélation de l'essence des choses. Mais n'est-ce pas là l'essence de l'art, de suspendre le regard habituel sur les choses ? N'est-ce pas le but de l'art de montrer l'intelligible dans le sensible.   2)L' habitude ou l'imitation du réel.      C'est aussi le rôle de l'artiste de ne pas reproduire le réel tel quel. Hegel dans son Esthétique, pense que reproduire la nature est un travail superflu. C'est un travail inutile et présomptueux car l'homme n'est pas Dieu. Ce genre de peinture n'est qu'une caricature du réel.

 Il s’agit de savoir ce qu’on entend par habitude, s’il s’agit de l’habitude routinière de la vie quotidienne ou s’il s’agit de l’habitude de l’artiste lui-même qui serait habitué à un certain de recettes, de procédés qui marchent sans se soucier de créer quelque chose de nouveau. Elle peut âtre aussi l’aboutissement normal d’un long travail, d’un processus d’essais et d’erreurs, de rectification qui dans les activités supérieures est quasi obligatoire. Le style artistique est en quelque sorte l’habitude de l’artiste, un artiste sans habitude est-il concevable ? Le problème se situe au niveau de l’artiste dans le processus de création. Car il va de soi que pour créer une œuvre d’art, il faut sortir du quotidien et voir les choses autrement, placer sur elle un regard neuf en dehors des préoccupations de la vie ordinaire. Etre incapable de prendre du recul par rapport à la réalité, de prendre le temps de regarder les choses est une condition primordiale pour accéder à un degré de réalité plus profond que les apparences.

« Hegel: L'art n'est pas une imitation de la nature, il est supérieur à elle Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

Lacontemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauténaturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui estnécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'unêtre naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art,tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plusde plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher desoleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrachede la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature etse pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, penseHegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire del'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faitepour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche às'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sensqui veut se rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence,car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étanthistoriquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à lareligion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère etHésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegel définit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme.

La religion chrétienneest essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert etqui est morte en croix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historiquea été fugitif, et si l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualitéchrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.

Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle. 3) L'habitude comme source d'art .

Si on comprend l'habitude comme un tradition, comme une coutume il va de soi que la production d'oeuvre s'ytrouve encourager.

On ne peut dénier l'existence d'un art primitif, d'un populaire qui est la matérialisation même destraditions.

Parfois elles n'ont pas évolué depuis des siècles, et ce qui fait la valeur de cet art à l'heure del'industrialisation. La parure de plumes du chef indien et la hache de silex de l'Australien, la pirogue du pêcheur mélanésien et la tente du cavalier turkmène ne sont plus tenues pour des trophées de guerre ou des curiositésd'explorateur, mais pour des oeuvres valant en elles-mêmes et pour elles-mêmes, dignes d'être conservées etexposées au même titre que les produits les plus élaborés des civilisations exotiques.

Cet art est né de la purerépétition de rituel visant à la cohésion du groupe et à sa permanence dans le temps.

Ils sont le reflet de l'espritd'un peuple.

C'est un art souvent anonyme, enseigné par la tradition orale.

C'est parfois l'isolement même de cet artpar rapport aux grands changements qui fait sa force et son originalité.

L'art moderne aurait perdu cette humanitéen devenant impersonnel, en ne se référant plus qu'à des codes géométriques.

Conclusion.

Il va de soi que pour voir les choses en artiste, il faut suspendre son regard habituel sur les choses, suspendre seshabitudes et ses visées utilitaires.

L'artiste ne peut reproduire ainsi le réel, il ne peut avoir comme but la satisfactiondu désir.

Il se doit au contraire d'amener l'homme dans des régions inconnues, d'apporter un regard neuf sur lemonde, d'ouvrir d'autres perspectives.

Mais c'est ignorer la capacité qu'à l'homme d'embellir son quotidien, de luiimprimer la marque de son temps, de son pays.

Des objets nés de la tradition, de la coutume, de l'habitude sont enfait de véritables oeuvres d'art, symbole parfois de civilisations disparues.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles