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l'homme maîtrise-t-il le développement de la technique ?

Publié le 27/02/2005

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technique

• technique, du grec teknê : c'est un savoir-faire propre à l'homme qui fabrique ce que la nature ne lui fournit pas. Elle permet une maîtrise de la nature —> La technique a pour fonction de transformer le donné. —> La technique consiste en la fabrication d'outils, de machines de plus en plus perfectionnées, qui remplacent les hommes dans de nombreuses tâches (exemple : robotisation des usines automobiles, mais a aussi pénétré la science (exemple : techniques de fécondation in vitro). —> Il y a aujourd'hui prolifération des techniques, dans tous les domaines : militaires, nucléaires, média, vie quotidienne, etc. • maîtriser : être maître de, dominer, posséder, contenir, contrôler. • développement : extension, croissance, progrès.

Nous avons vu vu le rôle de la technique dans le travail : si le travail est une médiation entre l'homme et la nature, la technique tient le rôle de l'intermédiaire, à un point tel que nous avons croisé en chemin la question de savoir si le travail n'était pas essentiellement technique.

C'est que la technique offre au travail ses moyens : la technique consiste bien en un ensemble de moyens. Si le travail est essentiellement technique, c'est que la technique ne se contenterait pas de proposer des moyens, mais qu'elle suggérerait aussi des finalités. Se demander       si nous maîtrisons ou non la technique, c'est bien se demander si l'homme fixe lui-même les finalités de ses actions : ce n'est en effet qu'à cette condition que le travail peut rester humain.

 

technique

« technique est dangereuse, c'est qu'elle en arrive à confronter les unes aux autres des lois et lesmécanismes naturels incompatibles entre eux.

Souvenons-nous d' Aristote ; «en « prolongeant » la nature, la technique l'emmène peut-être un peu trop loin, parce que, même si la fission atomique qui estle principe des bombes nucléaires est naturelle, la nature ne produit pas spontanément des bombes.

Dansle mythe du « Protagoras », Platon donnait d'ailleurs à la technique ce premier éclairage : Epiméthée , chargé de distribuer aux espèces mortelles les atouts et les qualités, avait été trop prodigue avec lesautres espèces, ce qui fait que plus rien ne restait pour l'homme.

voulant réparer l'oubli, Prométhée subtilise à Héphaistos et Athéna le feu et la connaissance des arts, ce pour quoi il sera puni par Zeus , comme s'il fallait comprendre que ce faisant il avait commis quelque acte répréhensible : avoir donné auxhommes le moyen d'aller trop loin.

Dans le Protagoras de Platon, le personnage de Protagoras (célèbre sophiste) fait le récit du mythe de la situationoriginelle de l'homme.

Dépourvu de tout, nu et sans défense, celui-ci est à la merci d'une nature hostile et peuprodigue à son égard.

Chargé par les dieux de distribuer des qualités spécifiques à chaque animal, Prométhéeaccepte de déléguer cette mission à son frère Epiméthée qui, dans son empressement, oublie l'homme.

Pour éviterque ce dernier ne disparaisse et pour réparer l'étourderie d'Epiméthée, Prométhée dérobe le feu à Héphaïstos et laconnaissance des arts à Athéna pour en faire présent à l'homme.

Mais les Dieux en sont irrités et punissentProméthée pour sa forfaiture.

Les leçons de ce mythe sont très nombreuses.

D'abord, on peut remarquer que sansles arts et le feu (c'est-à-dire sans la technique), l'homme est dans un état de dénuement total.

Comparativementaux animaux, il ne dispose en effet d'aucun "outil naturel" : pas de bec, pas de crocs, pas de fourrure, pas de venin,pas d'agilité à la course… L'homme est donc contraint, sous peine de disparaître, de pallier la faiblesse de sacondition par l'usage d'outils et d'artifices divers.

La technique se donne par conséquent, d'abord, comme unenécessité vitale à laquelle nous devons notre survie et notre arrachement à la nature ainsi que notre spécificité.Mais dans le mythe, il faut rappeler que les dieux punissent Prométhée et ce n'est pas seulement le vol qu'ilssanctionnent parce que celui-ci s'apparente plus fondamentalement à un viol : Prométhée a donné à l'homme lemoyen d'être une sorte de dieu lui-même, un rival inattendu.

Par le développement des arts et des techniques,l'homme dispose d'un pouvoir extraordinaire.

Alors, le cadeau est peut-être empoisonné : ce pouvoir, l'homme peut-ille maîtriser ? Ce à quoi il doit sa survie ne risque-t-il pas de préparer paradoxalement sa disparition ? Si la techniqueest d'origine divine, elle procure un grand pouvoir, une immense responsabilité, et elle peut aussi se retourner contreceux qui ne sont pas conscients des dangers qu'elle engendre. La technique peut donc se retourner contre la nature après en être issue et constituer un danger pour elle, et ce en un sens qui n'est pas exclusivement matériel, mais qui est aussi spirituel.

Dans sonanalyse de la technique, Heidegger , très au-delà de la bonne conscience écologique, met en lumière une certaine relation d' « arraisonnement » : à force de vouloir se rendre « maître et possesseur de la nature », comme le disait Descartes , l'homme met, selon la riche métaphore heideggerienne, la nature « à la raison » : Heidegger parle aussi d' « arraisonnement » , comme si la technique abordait la nature en pirate ; Qu'est-ce à dire ? Dans sa conférence titrée « La question de la technique », Heidegger part de la question suivante : « quelle est donc l'essence de la technique moderne pour que celle-(ci puisse s'aviser d'utiliser les sciences exactes de la nature ? » Pour répondre à cette question, il faut inverser le rapport traditionnel entre science et technique.

En apparence, la technique suit les sciencesexactes de la nature ; en réalité, la relation est presque inverse : c'est l'application technique quirenforce un certain aspect de ces sciences naturelles : « La physique moderne n'est pas une physique expérimentale parce qu'elle applique à la nature des appareils pour l'interroger, mais inversement : c'estparce que la physique –et déjà comme pure théorie- met la nature en demeure de se montrer comme uncomplexe calculable et prévisible de forces que l'expérimentation est commise à l'interroger », ajoute Heidegger .

Et peut-être en effet peut-on aller jusqu'à dire que lorsque la science travaille, elle a déjà en vue les applications techniques, qui peut-être alors l'orientent dans ses travaux : c'est bien ce queveut dire Heidegger quand il dit que c'est pour appliquer son « questionnement », sa mise à la question, que la physique est expérimentale. La technique humaine, explique-t-il plus largement, accomplit un destin remontant à la philosophie grecque et au nom duquel elle organise la nature en objet : ce faisant, l'homme viole et épuise un certain« fonds », non pas celui des réserves quantitatives de minéraux, mais celui d'une réserve de dévoilement et d'étonnement.

est-il d'ailleurs si faux que notre rapport à la nature soit devenu à ce point médiatisépar la technique que nous ayons du mal à voir ce qu'est la nature ? Bref, c'est cet enjeu de la techniquequi, aux yeux de Heidegger , illustre le mieux l'oubli de l'Etre dont il veut se faire le penseur.

Mais, dire que la technique contribue à l'oubli de l'Etre, ce n'est certes pas le rejeter en tant que telle : ce serait ungrand contresens que de voir pour autant chez Heidegger une diabolisation ou un refus de la technique. « Nous pouvons utiliser les objets techniques et nous en servir normalement,mais en même temps, nous en libérer, de sorte qu'à tout moment nousconservions nos distances à leur égard.

Nous pouvons faire usage des objetstechniques comme il faut qu'on en use.

Mais nous pouvons, du même coup, leslaisser à eux-mêmes comme ne nous atteignant pas dans ce que nous avons deplus intime et de plus propre.

Nous pouvons dire « oui » à l'emploi indispensabledes objets techniques et nous pouvons en même temps lui dire « non », en ce. »

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