Devoir de Philosophie

Qui nous dicte nos devoirs?

Publié le 31/01/2005

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3° Nous avons jusqu'ici pris des exemples généraux (le mensonge, la lâcheté, l'injustice); et pourtant on fera observer qu'il est des cas où le mensonge est permis, bien plus, où c'est un devoir de mentir, par exemple pour sauver un innocent ou tranquilliser un malade. D'une façon générale, il existe des « conflits de devoirs » qu'il faut bien résoudre, et on ne le peut qu'en sacrifiant un devoir à l'autre. Il y a donc des cas où c'est un devoir de dire la vérité, d'autres où c'est un devoir de la taire. Ces cas ne sont pas les mêmes; il n'y a pas deux cas singuliers parfaitement identiques. Et nous devons déterminer notre devoir en tenant compte chaque fois de toutes les circonstances. Autrement dit, il n'y a pas en morale de lois générales, il n'y a que des lois singulières (qui sont en même temps universelles parce qu'elles sont valables pour tout être raisonnable). C'est ce qui explique que des actes comme le mensonge, l'injustice, le manque de charité, le meurtre même aient pu, dans certaines circonstances, être considérés comme des devoirs. Nous ne pouvons donc répondre à la question « Que dois-je faire ? » sans nous informer aussi complètement que possible sur la situation particulière où nous nous trouvons. Ordonnance de la dissertation.

« qu'il souffre de voir des malheureux autour de lui — ce sont des exemples de Kant — n'agissent pas par devoir.

Celuiqui agit par devoir n'a qu'une raison de le faire, c'est qu'« il le faut », autrement dit c'est parce qu'il estime que c'estune loi, c'est-à-dire une règle qui vaut pour tout homme, universellement.

Penser qu'une règle est valableuniversellement, c'est précisément refuser de la tenir pour un préjugé, un préjugé étant une opinion reçue par tel outel selon les hasards de sa naissance et de son éducation.Nous ne savons pas encore ce que prescrira une telle loi, mais nous savons que si quelque chose peut être prescritinconditionnellement c'est assurément ce qui peut être prescrit universellement.

Le seul devoir qu'on puisseconcevoir, c'est le devoir d'obéir à la loi, s'il y a une loi.

On s'étonnera peut-être qu'un homme, être libre etraisonnable, se soumette librement à une loi au lieu d'agir selon son caprice.

Mais on comprendra à la réflexionqu'agir selon son caprice n'est pas être libre, mais au contraire être asservi à tous les hasards ; l'homme, êtreraisonnable, est libre lorsqu'il vit selon la raison, c'est-à-dire lorsqu'il agit comme agirait tout être raisonnable, doncselon une règle universelle, selon une loi.

L'homme libre est celui qui agit selon une loi, mais une loi qu'il se donne àlui-même; c'est ce qu'on appelle L'autonomie.

Pour savoir quel est mon devoir, en chaque circonstance, je dois doncme demander quelle loi j'établirais si j'étais législateur d'une cité d'êtres raisonnables.

« Agis toujours, dit Kant,comme si la maxime de ton acte pouvait être érigée en loi universelle.

» 2.

Le problème pratique. Comment déterminer mon devoir dans chaque cas singulier ? 1° Nous avons jusqu'ici justifié le devoir quant à sa forme : nous avons montré comment étaient possibles engénéral des impératifs catégoriques.

Il s'agit de savoir ce que prescrivent ces impératifs dans chaque cas singulier.L'objet d'un impératif catégorique ne peut être qu'un absolu, une chose bonne en soi et non pas bonne parce qu'elleest utile, une chose qui soit « une fin en soi ».

L'être pour qui seul un impératif catégorique existe, en l'espècel'homme, être raisonnable et libre, est aussi le seul être qui puisse être l'objet de cet impératif catégorique.

L'hommeest donc à la fois le sujet et l'objet, le principe et la fin du devoir, de tout devoir; le devoir est à la fois ce quis'impose à l'homme et ce qui impose le respect de l'homme.

Ainsi s'explique la seconde formule kantienne : « Agistoujours de façon à considérer l'humanité, en toi comme chez autrui, non seulement comme un moyen, mais toujoursaussi en même temps comme une fin ».

Ainsi se justifient, pour parler de façon plus scolaire, les devoirs envers soi-même comme les devoirs envers autrui. Le devoir est une loi de la raison. «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne quedans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin etjamais simplement comme un moyen.» Kant, Fondements de la métaphysiquedes moeurs (1785). • L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandement christiquequant à son fondement.

En effet le commandement d'amour du Christ vient del'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui prescritl'obéissance inconditionnelle au Christ.

L'impératif kantien vient, lui, de laraison.

C'est en nous-mêmes que nous le trouvons, comme une structure denotre propre esprit, qui fonde notre moralité.• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints ànous y plier, mais il est en nous comme une règle selon laquelle nous pouvonsmesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»).• Il se distingue aussi par sa portée.

En effet, traiter les autres «comme unefin» ne signifie pas nécessairement les «aimer».

C'est à la fois moins exigeant,car il s'agit «seulement» de les respecter, en reconnaissant en eux la dignitéhumaine.

Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect mêmequand on n'aime pas! C'est là que le «devoir» est ressenti comme tel. 2° Mais ces expressions sont encore formelles; car il faut savoir ce que c'est que « respecter l'humanité » dansl'homme de tous les jours, celui que nous rencontrons à chaque moment de notre vie.

Essayons de répondre aumoyen d'exemples d'abord.

On admet communément que c'est un devoir de dire la vérité; et l'on comprend aisémentpourquoi : un mensonge n'a d'efficacité que parce que celui à qui je m'adresse me croit; or s'il me croit, s'il me faitconfiance, c'est parce qu'il place nos relations dans le plan de l'humain, dans l'ordre des fins; mais si je le trompe,cela signifie que je me place, moi, dans le plan des choses matérielles, dans le domaine de l'utile, dans l'ordre desmoyens.

C'est donc là en même temps affirmer et nier, c'est se mettre en contradiction avec soi-même, c'ests'anéantir soi-même en tant qu'être raisonnable.

Il en est de même pour un homme qui fait une promesse avecl'intention de ne pas la tenir.

Il en est de même pour celui qui commet une injustice, car ce faisant il affirme et niel'égalité dans les rapports humains.

On peut comprendre aussi bien — et peut-être plus facilement encore — quelsdevoirs l'homme a envers lui-même, et discerner une contradiction dans la lâcheté, par exemple, ou dansl'intempérance ou dans la paresse. 3° Nous avons jusqu'ici pris des exemples généraux (le mensonge, la lâcheté, l'injustice); et pourtant on feraobserver qu'il est des cas où le mensonge est permis, bien plus, où c'est un devoir de mentir, par exemple poursauver un innocent ou tranquilliser un malade.

D'une façon générale, il existe des « conflits de devoirs » qu'il faut. »

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