La parole tragique : modalités et fonctions
Publié le 26/03/2015
Extrait du document
Elle est à la fois le lieu du conflit (dans le dialogue, le monologue et même l'aveu) et celui de sa résolution. En effet, si c'est par elles que les passions humaines se disent et s'exaspèrent, c'est aussi par elle qu'elles se dénouent. La fonction cathartique de la parole apparaît particulièrement dans l'aveu. Lorsque Phèdre nomme sa faute, elle l'évacue en partie en la faisant partager à sa confidente, OEnone, ou à Hippolyte et Thésée.
«
K· x··.
P o s t s C H E S
ment à Hippolyte par un jeu, elle représente son amour, son aveu est dramatique.
La troisième fois, elle se confesse publiquement devant celui qui, par son seul être,
a fondé la faute ( ...
), Phèdre peut mourir, la tragédie est épuisée.
»
La double fonction du récit
Le récit a une double fonction dans la tragédie.
Il est d'abord un moyen d'infor mer le spectateur sur les événements extérieurs à l'espace scénique ou impossibles
à montrer sur scène (suicides, meurtres, batailles).
Il est un artifice utile pour res
pecter la règle des trois unités et celle des bienséances.
Prononcé en général par un
personnage secondaire (messager ou serviteur), il permet une dilatation de l'espace
et du temps dramatique et précipite ainsi
« la catastrophe* » finale : le récit d' Albine (Britannicus, V, 8) ou celui d'Ulysse (Iphigénie, V, 6) jouent ce rôle dramatique,
tout en maintenant l'intérêt de l'auditoire.
Mais le récit tragique est aussi un
avatar du récit épique.
Comme les héros et
les monstres del' Antiquité qui peuplent la tragédie, il inscrit l'univers tragique dans
le mythe (sens étymologique : «récit»).
Le récit de Théramène (Phèdre,V, 6) est
caractéristique de cette dimension épique de la parole, qui confère à la tragédie toute
sa grandeur.
Il • FONCTION DE LA PAROLE DANS L'ESPACE TRAGIQUE
La_e.~ole a_~bival~~~
Elle est à la fois le lieu du conflit (dans le dialogue, le monologue et même
l'aveu)
et celui de sa résolution.
En effet, si c'est par elles que les passions humaines
se disent et s'exaspèrent, c'est aussi par elle qu'elles se dénouent.
La fonction
cathartique de la parole apparaît particulièrement dans
l'aveu.
Lorsque Phèdre nomme sa faute, elle l'évacue en partie en la faisant partager à sa confidente,
Œnone, ou à Hippolyte et Thésée.
La parole tragique : un~~~!?.!!
Dans l'univers du héros tragique, la relation de force entre les personnages passe
par la parole: aimer, souffrir, combattre, c'est toujours parler.
La parole est le signe
et le moyen du pouvoir : Néron dans
Britannicus et Titus dans Bérénice perdent la
parole au moment où ils perdent la maîtrise de la situation, donc leur pouvoir.
Elle
est aussi le moyen de résoudre un conflit intérieur (par le monologue) ou extérieur
(par le dialogue-débat).
Conclusion : La parole tragique est donc le support et le moyen de l'action.
Elle est aussi une tentative, peut-être illusoire, de résoudre le conflit qui
déchire le héros ou qui
l'oppose aux autres : toutes les tragédies étant
construites sur une logique de l'échec, la parole est souvent, chez Racine,
une parole impuissante :
« la tragédie est seulement un échec qui se parle »
(R.
Barthes, Sur Racine, 1963)..
»
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