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Kant : Une propriété de la raison consiste à pouvoir, avec l’appui de l’imagination

Publié le 21/09/2018

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kant

Une propriété de la raison consiste à pouvoir, avec l’appui de l’imagination, créer artificiellement des désirs, non seulement sans fondements établis sur un instinct naturel, mais même en opposition avec lui ; ces désirs, au début, favorisent peu à peu l’éclosion de tout un essaim de penchants superflus, et qui plus est, contraires à la nature, sous l’appellation de « sensualité ». L’occasion de renier l’instinct de la nature n’a eu en soi peut-être que peu d’importance, mais le succès de cette première tentative, le fait de s’être rendu compte que sa raison avait le pouvoir de franchir les bornes dans lesquelles sont maintenus tous les animaux, fut, chez l’homme, capital et décisif pour la conduite de sa vie.

 

KANT

 

1. sensualité : recherche du plaisir des sens pour lui même.

Mots et expressions clés

 

• la raison : désigne en général la faculté de distinguer le vrai du faux et le bien du mal. Mais, ici, Kant en souligne un seul aspect : la faculté spécifiquement humaine - absente, donc, chez tous les autres animaux - de rompre avec l’instinct naturel pour faire rentrer l’homme dans le domaine de la pensée. Kant n’en développe pas les aspects théorique (raison « pure ») et éthique (raison « pratique » ). Il en souligne simplement l’une des « propriétés » (ligne 1), résultant de son alliance avec l’imagination. L’important reste cette notion de rupture avec l’état de nature.

• imagination : elle désigne au sens premier la faculté de penser à partir d’images, perçues ou non à l’extérieur. Elle peut donc reproduire ces images ou bien en produire de nouvelles, en faisant entrer l’homme dans ce que Kant nomme le règne du « superflu ». Elle est en quelque sorte un relais entre la raison et la sensibilité.

 

• instinct naturel : il est ici opposé à la raison. Il désigne la faculté, commune à tous les animaux, de préserver leur vie et leur intégrité corporelle (manger, boire, se reproduire, fuir devant le danger. .. ). Mais cette faculté reste de l’ordre du besoin, enraciné dans le corps. Elle ne s’élève pas au registre du désir, qui est toujours mêlé de pensée ou, comme l’explique plus précisément Kant ici, de raison et d’imagination.

 

• sensualité : il faut la distinguer de la sensation, qui désigne une affection de l’âme que l’on rapporte à un objet extérieur (la sensation de froid, rapportée à de la glace) ; de la sensibilité, qui permet la sensation (c’est une sorte de réceptivité de l’esprit) ; et du sentiment, qui ne se rapporte à aucun objet extérieur précis et désigne un état de l’ âme (de la peine devant un paysage, par exemple). La « sensualité » définit ici une complexification voire une perversion de la capacité de l’âme à ressentir du plaisir par les sens. Elle consiste à faire de ce plaisir une fin en soi. C’est pourquoi elle rompt avec l’instinct naturel, où le plaisir est le résultat de quelque chose d’autre, mais non l’objet direct de la recherche. Un exemple : si l’on éprouve une sensation de plaisir ou de satiété après avoir étanché sa soif avec un peu d’eau, on est dans le registre de l’instinct. Si on se surprend à rechercher tel millésime de vin pour partager un bon repas entre amis, on entre dans le règne de la sensualité. On le recherche non parce qu’on a soif, mais parce qu’on souhaite donner du plaisir à toute la tablée.

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« 10 6 • imagination : elle désigne au sens premier la faculté de penser à partir d' image s, per çues ou non à l'extérieur.

Elle peut donc reproduire ces images ou bien en produire de nouve lles, en faisant entrer l'h omme dans ce que Kant nomme le règne du« superflu ».

Elle est en quelque sorte un relais entre la rai son et la sensibilité.

• instinct naturel : il est ici opposé à la rai son.

Il désigne la fac ulté, com­ mune à tous les animaux, de préserver leur vie et leur intégrité corporelle (manger, boire, se reproduire, fuir devant le danger.

..

).

Mais cette faculté reste de l'ordre du besoin, enraciné dans le cor ps.

Elle ne s'élève pas au registre du désir, qui est toujours mêlé de pensée ou, comme l'explique plus précisément Kant ici, de raison et d'imagi nation.

• sensualité : il faut la dist inguer de la sensation, qui désigne une affec­ tion de l'âme que l'on rapporte à un objet extérieur (la sensation de froid, rapportée à de la glace) ; de la sensib ilité, qui permet la sensa tion (c'est une sorte de réceptivité de l'esprit) ; et du sentiment, qui ne se rapporte à aucun objet extérieur précis et désigne un état de 1' âme (de la peine devant un paysage, par exempl e).

La «sensua lité» définit ici une com­ plexifica tion voire une perversion de la ca pacité de 1' âme à res sentir du plaisir par les sens.

Elle consi ste à faire de ce plaisir une fin en soi.

C'est pourquoi elle rompt avec l'in stinct naturel, où le plaisir est le résulta t de quelque chose d 'autre, mais non l'o bj et direct de la recher che.

Un exemple : si l'o n éprouve une sensa tion de plaisir ou de satiété après avoir étanché sa soif avec un peu d'eau, on est dans le registre de l'instinct.

Si on se surprend à rechercher tel millésime de vin pour partager un bon re pas entre amis, on entre dans le règne de la sensualité.

On le recherche non parce qu'on a soif, mais parce qu'on souha ite donner du plaisir à toute la tablée.

• Intérêt philosophique du texte L' intérêt philoso phique de ce texte est double .

1.

Aspect « class ique » du texte : la rai son y est présentée comme faculté spécifiquement humaine de rompre avec le règne naturel.

Cela signifie que tous hommes la pos sèdent, mais sans exclusion de leur part « ani­ male ».

Elle est tout entière offerte à cha cun, mais son usage peut être soit bon, soit mauvai s.

Dans la Sixième Proposition de l'Idée d'une histoir e univer selle d'un point de vue cosmo politique, Kant utilise une image pour expliquer cela : l' homme est fait d'un bois tordu et noueux, mais il a la capacité de se redr esser et de devenir régulier.

En cela, Kant se situe dans la lignée de Desca rtes : le « bon sens » est « la chose du monde la mieux partagée », mai s tous les hommes ne s'en servent pas à bon escient.

2.

L'éveil de la raison est une arme à double tranchant.

II rend l'homme capable du meilleur comme du pire .

La sensualité, comprise comme pen-. »

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