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L'expression l'erreur est humaine signifie-t-elle une excuse, une constatation, une condamnation ?

Publié le 27/02/2008

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Une formulation assez originale d'un sujet classique sur la vérité et l'erreur. Celle-ci est-elle une composante intrinsèque de la condition humaine, et l'homme peut-il lutter contre elle ? Cherchez à bien caractériser chacune des attitudes philosophique ( ou pratiques) qui se dessinent derrière les trois interprétations. Dans le cas de la condamnation, examinez bien ce qui est condamné et au nom de quoi. Remarques préliminaires sur la formulation de la question. Il s'agit ici d'évaluer le sens et la portée d'une expression courante, qui est d'ailleurs aussi connue dans sa version latine (« errare humanum est») habituellement assortie d'une assertion qui en dit déjà beaucoup sur la responsabilité humaine en cas d'erreur prolongée ou réitérée («perserverare diabolicum» : il est humain de se tromper ; mais il est diabolique de s'enferrer dans l'erreur). Sens et portée de l'expression en cause font l'objet de trois caractérisations différentes, dont il faudra donc étudier la pertinence : excuse, constatation, condamnation. La question posée demande donc à la fois une définition analytique de chaque terme, et une étude comparée mettant en jeu une réflexion sur le statut de l'erreur (interprétation de sa nature et de sa genèse).
Il n'y a pas de certitude absolue, ni de vérité universelle: l'erreur est humaine. Même dans les science, il existe un principe d'incertitude. Mais, certaines vérités peuvent être établies avec certitude. L'homme est responsable vis-à-vis des autres. Il n' pas le droit à l'erreur. C'est particulièrement vrai dans les pratiques comme la médecine ou la justice.


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« Analyse du sujet :"l'erreur"Erreur veut dire méprise, et faire erreur veut dire se tromper .

On peut faire des erreurs de calculs, des erreurs d'appréciation, des erreurs de jugement, mais cela signifie à chaque fois que la représentation est fausse par rapport à la réalité.

Etre dans la vérité c'est être dans le réel, être dans l'erreur, c'est être dans l'illusion, voire aussi le mensonge, de toute façon dansde l'irréel.

Le mot se distingue de la faute.

Faire une faute est plus grave que de faire une erreur.

Dans la faute, une responsabilité est mise en cause, on n'aurait pas dû faire d'erreur, car par avance, on était prévenu.

Le policier qui tire sans sommation fait une faute professionnelle.

Le règlement stipule qu'il doit avertir et se servir de son arme dans des conditions trèsparticulières.

Enfreindre un règlement, la loi est une faute, pas une erreur.

L'erreur est involontaire, elle renvoie peut être à une négligence, un défaut d'attention, une précipitation, à uneévaluation incorrecte des choses.

La faute renvoie à une connaissance que l'on est supposé avoir et à un devoir .

Par exemple, s'agissant du respect que chacun doit à la langue, dont nous devons connaître les règles, on parle de faute d'orthographe, et non pas d'erreur d'orthographe. "est humaine " Ce qui est humain appartient à la nature humaine.

Il est humain de vouer un culte aux morts, dans toutes les sociétés un cérémonial entoure la mort.

Cela n'a guère de sens bien sûr chezl'animal, c'est très humain, au sens où ce rapport à la mort relève bien de la condition humaine.

Il est humain de vivre dans la représentation du temps, dans le projet et l'histoire, alorsque l'animal lui ne vit que sous la dépendance passive d'un présent immédiat.

Quand on dit qu'il y a des choses qui ne sont pas humaines, qui sont inhumaines, on veut dire : qu'elles nesont pas dignes de la condition humaine, pas digne de l'homme.

Il y a dans la violence sexuelle exercée contre des enfants, quelque chose de si ignoble que nous ne pouvons pas ne paspenser que ces actes sont barbares, inhumains, ou le fait de détraqués qui sont tombés en dessous de l'humanité.

Ce qui "est humain" n'a donc pas de prime abord un sens péjoratif,mais presque laudatif.

Cependant, en prononçant la formule "après tout, c'est humain !", nous formulons déjà une excuse après un reproche.

Nous voulons signifier que la nature humaineest bien limitée et qu'il faut parfois accepter certains faits et pardonner ce que nous voudrions trop souvent reprocher.

C'est sur cette ambiguïté que joue le sujet."excuse"Il ne saurait y avoir d'excuse sans une présomption de faute.

On n'excuse que celui qui se met en faute , mais que, pour diverses raisons on veut bien pardonner.

L'ex-cuse enlève ce qui accuse.

Si j'ai un rendez-vous important et que j'y parvient une heure en retard je suis plus ou moins excusable.

Ai-je sérieusement respecté ce rendez-vous et ceux qui m'attendent ?N'est-ce pas une façon de mépriser les autres que de jouer ainsi avec leur temps ? Si par contre mon retard est dû à un accident qui a ralentit la circulation, ce n'est pas de ma faute, ilfaut m'excuser.

J'ai pu faire au mieux et avoir les circonstances contre moi.

L'excuse enlève donc la responsabilité ou la faute."constatation"Une simple constatation se veut dépourvue de tout jugement et de toute appréciation.

On dira: "je ne juge pas, je ne critique pas, je constate !".

Elle tend à avoir une portée objective .

Dire qu'il y a aujourd'hui une montée du nationalisme n'a rien d'une condamnation, c'est un jugement qui ne fait que renvoyer à l'actualité.

On peut y voir une simple constatation portant surles faits .

Le ton de la constatation se veut neutre, comme si on se contentait de mesurer froidement, scientifiquement un phénomène sans être strictement affecté par son importance. La constatation est un jugement de fait . "condamnation"C'est tout l'opposé de la constatation là où il y a condamnation, il y a jugement de valeur au nom de normes morales.

"Le crime est honteux, il doit être puni sévèrement" est un jugement qui condamne.

Celui qui enfreint la loi ou les règles morales, doit subir sa "damnation", dans une "condamnation", car il a commis une faute.

Nul n'est censé ignorer la loi, ni les règlesmorales qui nous permettent de vivre en société.

Dans l'attitude du moraliste est on condamne, on s'en prend à la corruption des hommes, au vice, à la décadence des valeurs.

Dans l'attitude lucide du philosophe , nous cherchons plutôt à comprendre les hommes que de réprouver ou condamner.

Il est bien facile de condamner les hommes pour leurs travers, il est plus difficile de comprendre ce qui est en s'abstenant de tout jugement de valeur.

L'attitude de condamnation est souvent viscérale, elle vient d'une révolte passionnelle devant ce qui nous choque profondément, ce qui nous scandalise.

Mais pour voir clair, pour comprendre, il faut mettre entre parenthèses les réactions brutales, il faut observer posément et discerner le vrai du faux dans une situation d'expérience donnée.Problématique: Quel statut allons-nous reconnaître à l'erreur ? Qu'est-elle essentiellement , eut égard à la condition humaine ? La manière dont on interprète l'erreur n'est pas sans conséquence sur la manière de penser l'homme.· Condamner autrui pour ses erreurs, peut vouloir dire qu'en commettant une erreur il est tombé en dessous de la perfection que l'on attendait de lui.

Il y a parfois un mépris à l'égard de l'humain, une forme de misanthropie larvée dans la manière dont on considère les erreurs des autres.

On peut penser : "c'est un incapable qui n'est bon qu'à faire desgaffes...

", parce qu'on pense en sceptique désabusé : "d'ailleurs peut on vraiment avoir confiance dans les hommes quand on voit la boucherie et la violence et de leur histoire,quand ils font autant d'erreurs..."...."autant leur préférer les ordinateurs qui eux ne sont pas si malpropres et au moins ne font pas d'erreur".

Le cynisme de la condamnation del'erreur engage toute une représentation de l'homme. · Constater que l'homme fait des erreurs peut se comprendre en plusieurs sens.

C'est une manière de se borner à la constatation sans vouloir aller plus loin, sans en tirer les conséquences qui s'imposent.

La neutralité d'une telle position équivaut à de l'indifférence.

Or l'erreur pose bien un vrai problème.

Il s'agit de voir ce qui en elle est accidentel,relève des circonstances et ce qui est essentiel, à savoir cette possibilité très humaine de pouvoir se tromper.

Il n'est évidemment, d'un point de vue philosophique, pas trèssatisfaisant de s'en tenir à la seule constatation.

C'est une fin de non-recevoir, un refus d'interrogation.

Qu'implique donc ce fait que l'homme ce trompe? qu'est-ce qu'il peut nousenseigner d'important ?· Excuser l'homme pour ses erreurs suppose que l'on reconnaît ses limites, le fait qu'il est faillible en raison de sa finitude.

On enlève par là un préjugé d'accusation en laissant une place à l'erreur, parce qu'elle est autorisée par la nature limitée de l'homme.

L'ange est peut être infaillible, mais l'homme peut se tromper.

Ce n'est évidemment pas unegloire, cela n'élève pas beaucoup la condition humaine, mais cela nous donne un peu plus de sollicitude, de considération, de patience à l'égard des autres.

Pourtant, la dimensionde l'accusation demeure.

Nous ne cessons pas d'avoir des devoirs et des responsabilités, sans quoi nous ne serions pas vraiment humain.

Le fardeau des obligations peut-êtrelevé quand nous estimons que, malgré tout, celui que l'on accuse avait de bonnes intentions, même s'il s'est trompé lourdement.

Il est bien facile par exemple, dix ans après, decondamner les intellectuels qui se sont fourvoyés sur les exactions des régimes marxistes.

Aurions-nous été plus lucides ? Notre soif de justice sociale ne nous aurait elle pasfait pencher du côté des promesses d'une idéologie qui prétendait abolir l'exploitation des travailleurs ? Il est cruel de condamner en bloc un homme pour ses erreurs sans chercherà comprendre pourquoi il s'est trompé.

Il y avait tant d'espoir sincère, de bonne foi, d'amour de l'humain tant le coeur de ses hommes qui ont cru dans la possibilité ducommunisme universel.

Cela veut-il dire que l'on doit tout excuser ? Tout justifier ? Ce serait bien trop facile d'enlever ainsi toute responsabilité.

Faire des erreurs est une chose qui peut arriver à tous et qui mérite d'être excusé ; mais persévérer dans l'erreur , alors que l'on a été clairement averti quand les faits vous ont ouvert les yeux, est nettement plus condamnable, car cela signifie que l'on choisi délibérément l'erreur.

Ce qui nous choque par exemple dans l'affaire du sang contaminé, ce n'est pas que les médecins se soient trompé sur l'importance qu'avait le Sida à l'époque, c'est qu' ayant su que le sang entreposé risquait d'infecter des transfusé, ils aient persisté, pour faire comme si il n'en était rien.

Ce choix délibéré, pour des raisons commerciales, consistant à vendre un stock de sang, au mépris du danger encouru est condamnable.

La justice a estimé qu'il yavait eu faute et non pas simple erreur : celui qui choisit délibérément ce qu'il sait être une erreur, est véritablement en faute.

Une telle condamnation n'a rien de cruel, commel'est souvent le jugement simpliste et viscéral qui rejette l'erreur.

Elle rend hommage à la responsabilité humaine en la prenant au sérieux, elle prend aussi au sérieux la liberté de choix.

Elle prend l'homme comme une personne authentique et non une machine ou un animal.

L'homme n'est pas un dieu, mais il n'est pas un bête non plus.

Il peut davantage que l'animal privé de liberté.

Il n'est pas élevé à l'image de la perfection du dieu.

Il est en mouvement de l'un vers l'autre, capable du meilleur, mais parfois aussi capable du pire,capable de progrès, or justement ne progresse-t-on pas en tirant des leçons de ses erreurs ?. »

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