Lettre d'un instituteur pour recommander à l'un de ses élèves de suivre les cours du soir, après sa journée d'apprentissage

« qu'en effet tu es entré dans ta nouvelle condition; mais je ne t'ai plus revu et j'en ai été affligé, parce que je n'ai pas encore terminé mon œuvre avec toi et que ce qu'il me reste à faire est le plus important, peut-être, et pour ton intelligence et pour ton cœur.

Je compte donc te voir encore, et je t'attends le soir à mes cours d'adultes.

Tu en as assez appris, mon cher ami, pour savoir j que tu as encore grand besoin d'étudier, non-seule- ment pour étendre le cercle de tes connaissances, mais encore pour bien conserver celles que tu possèdes déjà, et pour en tirer tout le profit possible.

De ce côté donc, il est inutile que j'insiste auprès de toi.

Tu oublierais bien vite les éléments d'orthographe et d'arithmétique que je t'ai donnés, car il est dans l'ordre naturel des choses que l'on oublie vite ce que l'on apprend étant jeune, si l'on cesse de s'exercer et de pratiquer; arrivé à l'âge de dix-huit ans, tu te verrais obligé, par amour-propre autant que par nécessité, de recom­ mencer péniblement ce que tu peux continuer aisément et sans efforts aujourd'hui.

Viens donc, mon ami, et, j'en suis sûr, tu retrouveras quelque plaisir à t'asseoir sur les bancs que tu occupais encore hier avec quelque distinction .

.Mais quand bien même tu ne te rendrais pas à cette importante considération, il en est une autre d'un ordre plus élevé, que je n'hésite pas à te mettre sous les yeux, parce que je te sais assez raisonnable pour en comprendre toute la valeur.

Que vas-tu faire le soir, mon cher ami, après une journée d'un travail. »