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A quoi servent les preuves ?

Publié le 27/02/2008

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Si la croyance religieuse est encore habité par le doute, la foi l'évacue. Aussi peut-on distinguer le « croire que », du « croire à » et du « croire en ». Le « croire que » traduit-trahit une opinion, une conjecture. Le « croire à » exprime une implication plus personnelle. Et enfin, le « croire en » manifeste une conviction, une confiance absolue. * Le terrain de la rationalité procédurale Les preuves ne servent donc à quelque chose que dans un contexte bien précis, celui de la rationalité procédurale, qui procède par démonstration. C'est le domaine dans lequel nous avons besoin d'une certitude que nous ne pouvons obtenir par une intuition immédiate. Tel est le domaine des sciences, mais également celui du droit : toute enquête vise à établir des faits certains afin de ne pas laisser le crime impuni et de ne pas commettre non plus d'erreur judiciaire. II. Éléments matériels, procédures rationnelles Une preuve sert donc à établir ou étayer une certitude lorsque celle-ci n'est pas présente immédiatement à l'esprit ou lorsque la certitude doit être partagée par tous.

Le libellé du sujet peut paraître surprenant: le recours à des preuves mérite-t-il vraiment d'être interrogé, ne va-t-il pas de soi ? Or ce qui va de soi c'est qu'on interroge plus et ce dont on risque par conséquent d'oublier le sens réel.  L'enjeu est ici de réfléchir, par le biais de la question des preuves, sur le fonctionnement de la rationalité humaine (par exemple sur la différence entre croyance, certitude, connaissance) et sur l'organisation de procédures reconnues par tous (l'utilisation des preuves dans le domaine judicaire).  La question de l'utilité des preuves peut également se poser lorsqu'on se trouve confronté au refus de se laisser convaincre.

« règle, une proposition d'une autre proposition connue comme vraie, qu'elle soit ou non démontrée.

«Ces longues chaînes de raison, si simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir àleurs plus difficiles démonstrations, m'avaient donné occasion de m'imaginer que toutes les choses qui peuventtomber sous la connaissance des hommes s'entresuivent en même façon.» Descartes, Discours de la méthode(1637). • Descartes a eu, dès sa jeunesse, l'idée d'une mathesis universalis, ou science universelle, qui étendrait lecaractère démonstratif des mathématiques à l'ensemble des objets de connaissance possible (le monde physique enparticulier:• Ce discours démonstratif est défini par la cohérence de ses raisonnements, et par l'évidence des principes surlesquels il repose.

Ainsi, si l'on part d'une vérité absolument claire et distincte, et que l'on en déduit de manièrerationnelle les conséquences, on arrive forcément à d'autres vérités, et ainsi de suite.• Rien ne devait pour Descartes, échapper à ce modèle, c'est pourquoi, il propose aussi un traité Les Passions del'âme, dans lequel il traite de l'âme humaine en «physicien» et géomètre (deux termes presque synonymes pour lui). • Faits et interprétationCes précisions nous permettent de mieux comprendre que les preuves ne prouvent pas par elles-mêmes mais dans lecadre d'une interprétation réglée, d'une procédure précise qui seule permet à la raison de pallier l'absence decertitude immédiate et absolue.

C'est pourquoi les preuves ne sont utiles que si l'on en mesure la fiabilité exacte etqu'on les considère sous un angle critique.

C'est pourquoi aussi, dans le domaine juridique, certains éléments,comme des enregistrements ou des tests de détecteur de mensonges, n'ont pas toujours « force de preuve ». III.

Y a-t-il des preuves absolues ? La nécessité d'une interprétation ne rend-elle pas alors les preuves inutiles ? On peut se poser la question de laportée réelle de cette fonction probatoire. • Les preuves sont toujours relatives à un système rationnelToutes les remarques qui précèdent tendent d'abord à prouver que les preuves ne sont telles que dans le cadre d'unsystème donné : un objet ou un énoncé n'est jamais une preuve « en soi ».

Bachelard montrera que la réalitéscientifique n'est donc pas la réalité spontanément et passivement observée.

C'est une réalité construite.

Le fait n'ade signification scientifique que lorsqu'il est transposé de façon à pouvoir nous livrer des caractéristiques objectives,mesurables.

La construction scientifique du fait consiste généralement à imaginer une série d'artifices techniquespour transposer l'observation dans le champ visuel et spatial. • Les preuves sont-elles définitives?Dans le domaine juridique surtout, mais également dans le domaine scientifique, il est parfois nécessaire dedistinguer plusieurs degrés de certitude : les éléments dont on dispose sont-ils des « preuves manifestes » ou de «fortes présomptions » ? Une observation scientifique représente-t-elle une preuve certaine ou une évaluationstatistique? La question se pose lorsqu'il s'agit de substituer des simulations informatiques à l'observation réelle. • Vouloir avoir raisonOn peut enfin préciser que les preuves, pour être véritablement utiles, ne doivent pas seulement être produites ausein d'un système démonstratif cohérent : il leur faut également être produites par des interlocuteurs de bonne foi.La mauvaise foi, qui est l'expression de la pure volonté d'avoir raison, produit des apparences de preuve qui ne sontque des arguments stratégiques et idéologiques.

Les preuves ne servent que si celui qui les reçoit est disposé à lesexaminer comme telles. Conclusion Sans preuve, une hypothèse reste seulement conjecturale et ne peut devenir certaine par elle-même; munie depreuves, elle gagne en plausibilité jusqu'a devenir certaine dans l'état actuel des connaissances.

Les preuvesservent à étayer des connaissances, à établir un accord, mais ne peuvent prétendre valoir de façon définitive etabsolue; de nouveaux éléments peuvent conduire à repenser la place des éléments probants dans le système.. »

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