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Abolir le travail et libérer le temps est-ce la même chose ?

Publié le 07/08/2005

Extrait du document

travail
Il y parvient en changeant les choses extérieures, qu'il marque du sceau de son intériorité et dans lesquelles il ne retrouve que ses propres déterminations. Un homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur son caractère farouchement étranger et pour ne jouir des choses que parce qu'il y retrouve une forme extérieure de sa propre réalité. Ce besoin de modifier les choses extérieures est déjà inscrit dans les premiers penchants de l'enfant : le petit garçon qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds qui se forment dans l'eau, admire en fait une oeuvre où il bénéficie du spectacle de sa propre activité. Ce besoin revêt des formes multiples, jusqu'à ce qu'il arrive à cette manière de se manifester soi-même dans les choses extérieures, que l'on trouve dans l'oeuvre artistique. Mais les choses artistiques ne sont pas les seules que l'homme traite ainsi ; il en use pareillement avec lui-même, avec son propre corps, qu'il change volontairement, au lieu de le laisser dans l'état où il se trouve. Là est le motif de toutes les parures, de toutes les élégances, fussent-elles barbares, contraires au goût, enlaidissantes, voire dangereuses. »   La thèse de Hegel affirme que l'homme se constitue par son activité. Il propose quelques exemples dont aucun ne relève du travail au sens courant du terme : l'enfant qui jette à l'eau des pierres, l'artiste, l'attention que l'on porte à sa propre apparence. Pourtant, dans les trois cas, il s'agit d' « ôter au monde extérieur son caractère farouchement étranger », autrement dit, il s'agit de transformer la nature ou de se transformer soi-même (dans le cas du dernier exemple). Hegel reconduit ici toute activité humaine à une forme de travail, puisqu'il s'agit toujours de transformer quelque chose.

Analyse du sujet :

  • Le sujet prend la forme d'une question fermée, à laquelle il s'agira de répondre par « oui « ou « non « en conclusion, au terme d'une argumentation documentée.
  • Il nous interroge sur l'identité dont les deux termes sont : « abolir le travail « et « libérer le temps «. Il s'agit donc de penser les rapports qu'entretiennent entre elles les notions de temps et de travail.
  • Le travail peut être défini comme l'activité consistant à transformer la nature (au sens large) en vue de la satisfaction de besoins. C'est parce que l'homme a un certain nombre de besoin que le travail apparaît nécessaire. Il s'oppose alors au loisir qui ne répond pas à une nécessité. Le travail, en tant qu'activité, occupe du temps, en tant qu'activité nécessaire, accapare du temps. Il y a donc un temps minimal de travail, qui, du fait des besoins de l'homme, apparaît irréductible.
  • Reste en suspend la question de savoir a quel point le temps de travail est réductible : pourrait-on par exemple imaginer des sociétés dans lesquelles la transformation de la nature serait entièrement opérée par des machines ? Sans répondre d'emblée, nous retenons que la technique réduit à première vue le temps de travail humain. Elle constituerait alors un moyen d'abolition du travail.
  • « Libérer le temps « suggère bien que celui-ci est accaparé par le travail : le temps libre est celui pendant le lequel je n'ai pas à travailler, celui pendant lequel je peux me consacrer à autre chose que mes besoins, libéré de la nécessité.

Problématisation :

Que, pour l'individu ou la communauté, réduire le travail libère du temps : c'est un fait. Derrière les termes du sujet gît cependant un présupposé : il ne vise pas le temps au sens large, celui que nous donne l'horloge, mais un temps qui a pour nous de la valeur. De quel temps si précieux s'agit-il ? Ce temps précieux, c'est bien celui ou l'homme n'est pas enchaîné à la nécessité d'oeuvrer pour ses besoins, celui qu'il peut enfin consacrer à sa propre constitution, c'est-à-dire par exemple celui où il décide de se constituer musicien, peintre, cinéphile etc. De là émergent deux questions :

I – Le temps est il plus précieux lorsqu'il est libre ?

II – Le travail dérobe-t-il nécessairement le temps ?

 

travail

« La thèse de Hegel affirme que l'homme se constitue par son activité.

Il propose quelques exemples dont aucun nerelève du travail au sens courant du terme : l'enfant qui jette à l'eau des pierres, l'artiste, l'attention que l'on porteà sa propre apparence.

Pourtant, dans les trois cas, il s'agit d' « ôter au monde extérieur son caractèrefarouchement étranger », autrement dit, il s'agit de transformer la nature ou de se transformer soi-même (dans lecas du dernier exemple). Hegel reconduit ici toute activité humaine à une forme de travail, puisqu'il s'agit toujours de transformer quelque chose.

Cependant l'objectif n'est plus pour l'homme la réalisation de ses besoins au sens large mais celle d'un besoinfondamental qui consiste à « se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement ». Le travail et le loisir sont ici placés sur un même plan par Hegel en ce que les deux permettent à l'homme de seconstituer.

Le temps qu'il s'agissait de libérer n'est donc pas plus précieux, au regard de la constitution de l'homme. II – Le travail dérobe-t-il nécessairement le temps ? Référence : Nietzsche « Chercher un travail pour le gain, c'est maintenant un souci commun à presque tous les habitants des pays decivilisation ; le travail leur est un moyen, il a cessé d'être un but en lui-même ; aussi sont-ils peu difficiles dans leurchoix pourvu qu'ils aient gros bénéfice.

Mais il est des natures plus rares qui aiment mieux périr que travailler sansjoie ; des difficiles, des gens qui ne se contentent pas de peu et qu'un gain abondant ne satisfera pas s'ils ne voientpas le gain des gains dans le travail même.

Les artistes et les contemplatifs de toute espèce font partie de cetterare catégorie humaine, mais aussi ces oisifs qui passent leur existence à chasser ou à voyager, à s'occuper degalants commerces ou à courir les aventures.

Ils cherchent tous le travail et la peine dans la mesure où travail etpeine peuvent être liés au plaisir, et, s'il le faut, le plus dur travail, la pire peine.

Mais, sortis de là, ils sont d'uneparesse décidée, même si cette paresse doit entraîner la ruine, le déshonneur, les dangers de mort ou de maladie.Ils craignent moins l'ennui qu'un travail sans plaisir : il faut même qu'ils s'ennuient beaucoup pour que leur travailréussisse.

Pour le penseur et l'esprit inventif l'ennui est ce « calme plat » de l'âme, ce désagréable « calme plat »qui précède la croisière heureuse, les vents joyeux ; il faut qu'il supporte ce calme, en attende l'effet à part lui.C'est là précisément ce que les moindres natures ne peuvent pas obtenir d'elles ! Chasser l'ennui à tout prix estvulgaire, comme de travailler sans plaisir.

Voilà peut-être ce qui distingue l'Asiatique de l'Européen : il est capabled'un repos plus long et plus profond ; ses narcotiques eux-mêmes n'agissent que lentement et réclament de lapatience, au contraire du poison européen, l'alcool, d'une soudaineté répugnante.

» Nietzsche s'oppose au travail recherché pour le gain et au travail posé comme valeur, c'est-à-dire recherché pourlui-même.

Sous cette dernière forme, se cache en effet une maladie : l'ennui des artistes et contemplatifs qui lechassent en travaillant, le travail fut-il pénible.

C'est l'absence de joie, (joie chère à la philosophie de Nietzsche),qui caractérise ces deux manières d'appréhender le travail.

A celles là, il oppose implicitement un travail dans lequeljoie et labeur coexistent : pensée joyeuse productrice de valeurs et action sont ici réconciliées. Le travail, par conséquent, ne dérobe pas de temps, il est même un lieu privilégié de l'affirmation (le grand « oui »nietzschéen) des valeurs, puisque l'action et la pensée y cohabitent. III – La technique ou l'impossibilité d'une abolition du travail Heidegger écrit dans plusieurs textes au sujet de la technique (cf.

notamment La question de la technique in Essais et conférences ).

Celle-ci est présentée comme l'accomplissement de la métaphysique.

Dans la production technique, l'homme n'est plus le sujet qui produit, mais il est appelé à servir la grande « machinerie » technique.

(cf.à ce sujet le film Metropolis de Fritz Lang, et les romans de Giono).

Un retour en arrière serait pensable si la technique ne tendait pas à devenir un processus totalement autonome, et par conséquent, totalement indépendantde l'homme qui n'en est qu'un rouage. La technique, loin de constituer la possibilité d'une diminution du travail humain, signe au contraire l'impossibilité de. »

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