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[Affinités de l'art et de la philosophie]

Publié le 08/08/2014

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philosophie

·    Cf. Nietzsche : « La vie n'est possible que grâce à des illusions d'art « (Naissance de la tragédie). « Si nous n'avions pas approuvé les arts, si nous n'avions pas inventé cette sorte de culte de l'erreur, nous ne pourrions pas supporter de voir ce que nous montre maintenant la science : l'universalité du non-vrai, du mensonge, et que la folie et l'erreur sont conditions du monde intellectuel et sensible. La loyauté aurait pour conséquence le dégoût et le suicide. Mais à notre loyauté s'oppose un contre­poids qui aide à éviter de telles suites : c'est l'art, en tant que bonne volonté de l'illusion. « (Gai Savoir, § 107 ; cité par J. Granier, Le Problème de la Vérité dans la philoso­phie de Nietzsche, p. 521-22).

 

La philosophie n'est pas l'art, mais elle a avec l'art de profondes affinités. Qu'est-ce que l'artiste ? C'est un homme qui voit mieux que les autres car il regarde la réalité nue et sans voiles. Voir avec des yeux de peintre, c'est voir mieux que le commun des mortels. Lorsque nous regardons un objet, d'habitude, nous ne le voyons pas ; parce que ce que nous voyons, ce sont des conventions inter­posées entre l'objet et nous ; ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaî­tre l'objet et de le distinguer pratiquement d'un autre, pour la commodité de la vie. Mais celui qui mettra le feu à toutes ces conventions, celui qui méprisera l'usage pratique et les commodités de la vie et s'efforcera de voir directe­ment la réalité même, sans rien interposer entre elle et lui, celui-là sera un artiste. Mais ce sera aussi un philosophe, avec cette différence que la philosophie s'adresse moins aux objets extérieurs qu'à la vie intérieure de l'âme.

 

Henri BERGSON

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« éléments de réponse 1) Dégagez l'idée centrale de ce texte, ainsi que les étapes de l'argumentation.

• Idée centrale : philosophe et artiste ont en commun de percevoir la réalité en elle-même, mieux que les autres hommes.

• Argumentation : -Bergson annonce d'emblée sa thèse générale : philoso­ phie et art se ressemblent beaucoup.

-Puis il définit ce qui caractérise l'artiste : une percep­ tion directe du réel, qui ne s'arrête pas à son aspect utili­ taire.

- li oppose alors cette perception artistique à la percep­ tion ordinaire.

Cette dernière est conventionnelle (cf.

la question 2), utilitaire, superficielle puisqu'elle s'attache à la surface des choses.

- Bergson conclut que l'artiste est philosophe; tous deux ont le souci de découvrir la réalité même.

li nuance toute­ fois sa thèse en précisant que les deux n'étudient pas tout à fait les mêmes objets : l'artiste s'intéresse davantage à l'extériorité, le philosophe davantage à l'intériorité.

2) Expliquez : « ce que nous voyons, ce sont des conventions interposées entre l'objet et nous ».

Lorsque nous ne sommes ni philosophe ni artiste, nous ne prêtons pas attention aux choses elles-mêmes.

Notre perception ordinaire est utilitaire : elle se contente donc d'une simplification du réel, pourvu que celle-ci permette de l'utiliser efficacement.

Bergson nomme conventions les classifications pratiques, les définitions communes qui nous facilitent la tâche, mais qui ne sont pas la fidèle traduction de la réalité puisqu'elles ont été faites dans un autre but : simplifier notre action sur les choses.

Elles sont donc le résultat d'une sorte d'accord entre les hom­ mes.

Par exemple, un mot de la langue désigne des réali­ tés en fait très différentes.

li est, bien sûr, très commode et même nécessaire de nommer « arbres » certains objets qui ont des traits communs.

Mais la véritable réalité est faite d'arbres toujours singuliers, que le tableau du pein­ tre nous donne à voir comme tels.. »

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