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ARISTOTE: Chacun peut-il avoir sa vérité ?

Publié le 01/07/2015

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aristote

Attacher une valeur égale aux opinions et aux imaginations de ceux qui sont en désaccord entre eux, c'est une sottise. Il est clair, en effet, que les uns ou les autres doivent nécessairement se tromper. On peut s'en rendre compte à la lumière de ce qui se passe dans la connaissance

5 sensible : jamais, en effet, la même chose ne paraît, aux uns, douce, et aux autres, le contraire du doux, à moins que, chez les uns, l'organe sen¬soriel qui juge des saveurs en question ne soit vicié et endommagé. Mais s'il en est ainsi, ce sont les uns qu'il faut prendre pour mesure des choses, et non les autres. Et je le dis également pour le bien et le mal, le

io beau et le laid, et les autres qualités de ce genre. Professer, en effet, l'opi¬nion dont il s'agit, revient à croire que les choses sont telles qu'elles apparaissent à ceux qui, pressant la partie inférieure du globe de l'ceil avec le doigt, donnent ainsi à un seul objet l'apparence d'être double ; c'est croire qu'il existe deux objets, parce qu'on en voit deux, et qu'en¬suite il n'y en a plus qu'un seul, puisque, pour ceux qui ne font pas mou¬voir le globe de rceil, l'objet un paraît un.

ARISTOTE

QUESTIONS

1. À quelle thèse Aristote s'oppose-t-il et sur quels arguments appuie-t-il sa critique ?

2. Expliquez :

a. « les uns ou les autres doivent nécessairement se tromper « ;

b. « prendre pour mesure des choses «.

3. Chacun peut-il avoir sa vérité ?

n     Intérêt philosophique du texte

Aristote veut montrer qu'il n'existe qu'une seule vérité, commune à tous. On ne peut donc affirmer que toutes les opinions se valent, et que chacun détient son propre critère pour juger. Car cela reviendrait à identi­fier la vérité aux simples apparences. Et si chacun a sa vérité, aucune dis­cussion ni aucun accord ne sont plus possibles. Le raciste a autant raison que le philanthrope, et les choses peuvent être belles et laides ou encore sucrées et salées à la fois.

n     Problématique de la question 3

 

Aristote nous met en garde contre le relativisme, c'est-à-dire contre la tendance, répandue et finalement démagogique, à affirmer que toutes les opinions se valent. Si l'on veut tenir ferme l'idée d'une vérité universelle, on ne peut affirmer « à chacun sa vérité «. Pourtant, il n'y a pas de vérité sans appropriation, par le sujet, de cette vérité. On doit pouvoir la faire sienne et la revendiquer. Faute de quoi on en reste au stade de l'opi­nion. C'est tout l'enjeu de la question posée : chacun peut-il avoir « sa « vérité ?

aristote

« 136 LA VÉRITÉ • connaissance sensible : ce sont les enseignements que nous délivrent les cinq sens : l'ouïe, 1' odorat, le goût, la vue et le toucher.

On affirme en général que cette connaissance est trompeuse, parce qu'elle varie selon les moments et les individus (un bâton dans l'eau apparaît courbe, alors qu'il est droit).

Une des originalités du texte consiste à s'appuyer sur elle pour montrer qu'elle délivre à tous la même vérité.

• Intérêt philosophique du texte Aristote veut montrer qu'il n'existe qu'une seule vérité, commune à tous.

On ne peut donc affirmer que toutes les opinions se valent, et que chacun détient son propre critère pour juger.

Car cela reviendrait à identi­ fier la vérité aux simples apparences.

Et si chacun a sa vérité, aucune dis­ cussion ni aucun accord ne sont plus possibles.

Le raciste a autant raison que le philanthrope, et les choses peuvent être belles et laides ou encore sucrées et salées à la fois.

• Problématique de la question 3 Aristote nous met en garde contre le relativisme, c'est-à-dire contre la tendance, répandue et finalement démagogique, à affirmer que toutes les opinions se valent.

Si l'on veut tenir ferme l'idée d'une vérité universelle, on ne peut affirmer « à chacun sa vérité ».

Pourtant, il n'y a pas de vérité sans appropriation, par le sujet, de cette vérité.

On doit pouvoir la faire sienne et la revendiquer.

Faute de quoi on en reste au stade de l' opi­ nion.

C'est tout l'enjeu de la question posée : chacun peut-il avoir « sa » vérité ? CORRIGÉ QUESTION 1 Aristote critique la thèse relativiste, héritée du sophiste Protagoras, qui définit l'homme comme« la mesure de toute chose» (voir question 2, b.).

Selon le relativiste, en effet, les choses sont telles qu'elles apparaissent.

Et puisque les apparences varient en fonction des moments, des endroits et des per~onnes, il n'y a plus de vérité définitive sur les choses.

On peut dis­ tinguer trois façons de nier la vérité lorsqu'on est relativiste : 1.

La vérité une et universelle n'existe pas : il est donc inutile de la chercher.

2.

La vérité existe, mais l'esprit humain, limité et fini, ne peut pas la trouver.

3.

Même s'il était capable de la trouver, il ne la reconnaîtrait pas.. »

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