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ASPECT PSYCHOLOGIQUE DE L'OUBLI

Publié le 18/03/2011

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   Introduction: Définition    L'oubli n'est ni la distraction pure et simple, inhibition due à la préoccupation, ni la simple absence de souvenir: c'est une perte, un appauvrissement: il y a eu souvenir. Ce n'est pas non plus le défaut d'évocation présente; il faut qu'il y ait eu impuissance éprouvée, constatée, pour qu'on parle d'oubli. C'est l'échec du souvenir quand toutes les circonstances favorables à son rappel sont présentes.    Caractères de l'oubli    — L'oubli est gênant, dans la vie sociale comme dans la vie intellectuelle;    — il est inquiétant : il donne le sentiment de la légèreté de l'esprit, des défaillances de l'attention; il est une atteinte portée à l'intégrité de la pensée;    — il est tragique : il entame notre fidélité aux morts, notre fidélité à un idéal, et nous apparaît finalement comme une désagrégation de nous-mêmes.

« b - La mémoire est une construction mentale : on en trouve la preuve dans l'amnésie, et dans les expériences de lathéorie de la forme. 2° Rapports de l'oubli et du moi. a - L'oubli, effet du moi : on peut invoquer ici des constatations psychologiques comme les rapports entre la naturedes témoignages et le type mental du témoin, mais surtout la doctrine de Freud sur l'oubli effet du moi inconscient : Dans son Introduction à la psychanalyse (pp.

84 sq.) Freud étudie plusieurs sortes d'oubli : — L'oubli des projets est dû à un contre-vouloir qui se dissimule, car s'il s'avouait il serait rejeté : « Cependant, lorsqu'il se produit dans l'intervalle qui sépare la conception d'un projet de son exécution, unchangement important de la situation psychique, changement incompatible avec l'exécution de ce projet, l'oubli decelui-ci ne peut être taxé d'acte manqué.

» Le contre-vouloir peut être direct ou indirect : par exemple, le tuteur qui oublie de recommander son pupille peutl'avoir oublié ou bien par manque d'intérêt pour son pupille, ou bien par manque de sympathie pour la personne à quiil fallait adresser la recommandation. — L'oubli des noms propres se produit souvent sans qu'il soit facilité par le déplaisir : les noms oubliés appartiennentà d'autres cycles d'associations, avec lesquels ils se trouvent en rapports plus étroits.

La mnémotechnique montreque les noms sont oubliés en raison même des efforts que l'on fait pour les préserver de cet oubli.

Une personne quiconnaît un Théodore oubliera plus facilement les Théodore de l'histoire et de la politique étrangère que ceux quin'ont pas de parents portant ce nom.

Il s'agit donc d'un mécanisme associatif, qui peut d'ailleurs se compliquer detendances hostiles.

— L'oubli d'impressions et d'événements vécus. C'est un cas particulièrement favorable à la thèse.

Cependant, poursuit Freud : « L'oubli ne peut être considéré comme un acte manqué que dans la mesure où, envisagé à la lumière de notreexpérience de tous les jours, il nous apparaît surprenant et injustifié, c'est-à-dire lorsque l'oubli porte par exemplesur des impressions trop récentes ou trop importantes ou sur des impressions dont l'absence forme une lacune dansl'ensemble dont on garde un souvenir parfait.

» Les impressions défavorables, dit Freud, s'oublient facilement : d'où la règle d'or de Darwin, de noter avec un soinparticulier les observations défavorables à sa thèse, parce qu'il s'était aperçu qu'il ne parvenait pas à les fixer danssa mémoire. On objecte à la théorie de l'oubli défense contre les impressions pénibles le fait que celles-ci ont tendance plus qued'autres à revenir, comme on le constate pour le souvenir des humiliations, des offenses; mais sans doute faut-ilreconnaître là deux tendances qui luttent et gagnent tour à tour. — La perte, et l'impossibilité de retrouver des objets rangés : Y a-t-il volonté de perdre? « On perd un objet lorsqu'il est usé, lorsqu'on a l'intention de le remplacer par un meilleur, lorsqu'il a cessé de plaire,lorsqu'on le tient d'une personne avec laquelle on a cessé d'être en bons termes ou lorsqu'il a été acquis dans descirconstances auxquelles on ne veut pas penser.

» (Freud, Introduction à la psychanalyse.) b - Les différents « moi ». On constate l'opposition entre différents « moi » qui ont chacun leurs systèmes de souvenirs et d'oublis : cetteopposition peut jouer non seulement entre le moi pathologique et le moi normal, mais entre ce moi normal et le moisemi-pathologique de l'ivresse ou même entre les divers « moi » normaux adaptés à des milieux différents : moi del'homme au travail et moi du même homme en vacances, moi du savant et moi de l'homme privé, etc. Il faudrait étudier enfin les rapports de l'oubli et de l'indifférence. 3° L'oubli, condition du moi. a - L'oubli permet de se détacher sans regrets ni remords des sentiments éteints. b - L'exemple des écrivains qui oublient l'œuvre achevée montre que l'oubli s'explique par l'apparition d'une mentaliténouvelle.

C'est ce qu'on nomme l'exclusivisme de la mémoire, ou des mémoires.. »

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