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Autrui me connaît-il mieux que je ne me connais moi-même ?

Publié le 27/07/2009

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De quelque manière qu'on l'envisage, la connaissance pose le problème du rapport de la pensée à un objet. Connaître c'est avant tout saisir quelque chose par la pensée, et de façon plus précise le saisir adéquatement. Mais ce problème prend un tour aigu si l'on envisage la connaissance de soi confrontée à celle qu'autrui peut avoir de nous-mêmes.

L'objet de cette connaissance ne semble-t-il pas se dédoubler ? Comment en effet faire coïncider le sentiment tout intérieur de ce que je suis, sentiment qui ne renvoie au fond qu'à ma seule conscience, à ce que les autres perçoivent de moi ? Entre ma conscience qui est en quelque sorte close sur elle-même et  les manifestations de mon être dans le monde (mes actes mes paroles mes qualités apparentes…) seuls signes susceptibles de donner aux autres la matière d'une connaissance, il peut sembler y avoir un écart irréductible.

Mais ces deux connaissances ne se rejoignent-elles pas dans une difficulté liée au statut incertain de l'objet. En effet dans les deux cas, si connaissance il y a, puis-je en être au sens propre un objet ? Comment d'une part, pourrais-je être à la fois le sujet et l'objet de cette connaissance, et d'autre part puis-je affirmer sans difficulté que je suis un objet pour autrui, au même titre que les autres objets du monde ?

Aussi la question posée nous conduit-elle à poser le problème de l'identité de ce moi qui se donne dans des représentations divergentes et parfois contradictoires. Qui suis-je, moi dont la conscience semble parfois s'opposer aux représentations qu'autrui a de moi ?

 

« critère de connaissance.

Je suis ce que je fais mais aussice que je dis.

C'est dans l'essencedu langage que l'on trouve uncritère qui légitime la parolecomme accès à la connaissancede soi par les autres.

On interroge ici le sens de"mieux " une meilleureconnaissance serait uneconnaissance plus objective.

Transition les limites de laconnaissance qu'autrui peut avoirde moi sont tirées de l'exempleutilisé précédemment Utilisation d'un exemple littéraireà l'appui de la thèse Définition d'autrui comme alterego.

Cette définition permet dedonner une nouvelle orientationau développement.

Distinction entre ce que je suis etqui je suis.

Différents types deconnaissances de ce moi.

Laréponse que l'on cherche visecelui qui correspond à la questionqui suis-je ? On travaille maintenant plusprécisément le problème.

l'échecde la connaissance de soiMontre peut-être que cet objetn'existe pas, n'est qu'une fiction.Mais ce moi est peut-être lerésultat de cette objectivation(inévitable ) manquée acte que je n'aurais pas conscience d'avoir commis les autres le peuvent légitimement : "car bien que le châtiment soit attaché à la personnalité, et la personnalité à la conscience et quepeut-être l'ivrogne n'ait pas conscience de ce qu'il a fait, les tribunaux humains cependant lepunissent à bon droit, parce que contre lui il y a la preuve du fait, tandis qu'en sa faveur il nepeut y avoir la preuve du manque de conscience ". De plus il en va de mes actes comme de mes paroles.

Je suis certes la somme de mesactes mais tout autant la somme de ce que je dis.

On pourrait objecter que ce qui est aufond ma vérité tient plus à ce que je veux dire qu'à ce que je dis réellement.

L'idée mêmequ'autrui puisse se tromper sur le sens de mes mots, puisse ne pas me comprendre nemarque-t-elle pas l'impuissance du langage à traduire fidèlement mon être.

Mais l'essencemême de la parole n'est-elle pas d'être toujours une parole adressée.

Dès l'instant ou l'onparle, on parle à l'autre.

Aussi toute parole incomprise n'est-elle pas avant tout uneparole incompréhensible ? Et c'est à bon droit qu'autrui peut fonder sa connaissance demoi plus sur ce que je dis que sur ce que je veux dire.

Aussi la connaissance qu'autrui peut avoir de moi semble bien meilleure au sens ouelle serait plus objective.

Autrui me juge sur ce que je manifeste dans le monde, et de cesmanifestations il est meilleur juge que je ne suis.

On le voit bien sur la connaissance ducorps (car après tout je ne suis pas qu'une pure pensée mais aussi un corps ).

Ce corpsest pour autrui un objet parmi les autres objets du monde, ce qu'il ne peut être pour moi.Autrui me voit me saisi dans une perception qui m'est à jamais interdite.

C'est parexemple l'expérience banale d'un refus de se reconnaître sur une photo ou un film (" jesuis vraiment comme ça ?") photo ou film qui d'une certaine façon objective notre apparence à la manière (au moins analogiquement) du regard de l'autre.Cette connaissance enfin est meilleure non seulement parce qu'elle apparaît plusobjective mais parce qu'elle est chronologiquement première.

Autrui me connaît avant quemoi-même je me connaisse.

L'enfant est un individu pour ses parents avant de seconsidérer comme tel.

Les analyses de Jacques Lacan sur le stade du miroir ont montréque cette connaissance était la condition de l'élaboration de l'identité individuelle.

Lapsychose qui pourrait être considérée comme la pathologie de l'identité (au sens ou lepsychotique ne parvient pas à distinguer ce qu'il est de ce qui n'est pas lui) pourrait êtreliée à l'absence de cette reconnaissance première.

Devenir soi passe nécessairement parle regard de l'autre.

Mais cet exemple ne nous indique-t-il pas les limites de cette connaissance ? Lesparents connaissent moins leur enfant qu'ils ne le "construisent".

De la même manièrefinalement que chaque fois l'autre me construit à travers le filtre de ce qu'il est.

Le regardd'autrui n'est objectif qu'en apparence il est déformé voilé par ses préjugés, il est dirigépar son histoire.

Dans La recherche du temps perdu Marcel Proust a parfaitement décrit cette confusion des sentiments qui fait que l'identité de l'être aimé se dissout dans la passion amoureuse.

Swann ne connaît pas Odette la femme qu'il croit aimer, elle n'estpour lui qu'une fiction, peut-être même qu'une idée.C'est qu'autrui est avant tout un alter ego, un autre moi.

Autrui est autre que moi maisjamais au même titre que les autres êtres du monde.

Et réciproquement je suis pourautrui un autre moi, ce qui lui interdit à jamais de me considérer comme un objet.

C'estpour cela qu'autrui ne me connaît que par comparaison ou du moins par projection.

Ilprésume que j'éprouve ce qu'il éprouve, que je désire ce que je désire…Aussi ce que autrui peut rigoureusement connaître de moi c'est que je suis un alterego un autre moi.

Mais de la même manière on peut se demander si, en toute rigueur cequi se livre à la conscience n'est pas la seule saisie de notre essence.

Le terme duchemin des Méditations de Descartes n'est-il pas l'épreuve de cette identité universellede soi comme être pensant ? Mais la singularité, ce que je suis réellementindividuellement, ce qui me distingue de tous les autres n'est peut-être jamais l'objet qued'une connaissance imparfaite, connaissance dont l'objet semble se dérober chaque foisqu'on tente de le cerner, que ce soit dans la connaissance qu'autrui a de moi ou danscelle que je me fais de moi-même.

Nous voyons donc que la connaissance de soi n'est pas univoque.

Elle dépendfinalement de la question que l'on se pose.

A la question sur ce que je suis, il semblebien qu'autrui et moi-même puissions arriver pareillement à la même réponse : je peuxme connaître comme un être pensant, qui se distingue des objets du monde.

Autrui mereconnaît aussi comme cet autre moi qui lui est semblable et pourtant autre.

Mais la question : qui suis-je ? Ne permet pas de connaissance exacte.

Moi-même je m'échappe àmoi-même.

Je ne peux qu'éprouver mon identité, (je sais, ou je crois savoir que suis moi )mais non pas la connaître.

Autrui n'a accès qu'à ce qui se donne d'elle dans mes actesmes paroles ou ce qui apparaît de mon corps.

D'un coté une épreuve purement subjectivede l'autre, une objectivation imparfaite.

Autrui ne me connaît ni mieux ni moins bien queje ne me connais moi-même car ce que je suis ne peut être objet de connaissance.

Mais si la connaissance de ce moi apparaît toujours parcellaire inadéquate, que ce soit. »

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