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Autrui me connaît-il mieux que je ne me connais moi-même ?

Publié le 20/03/2015

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Il faut commencer par souligner ce paradoxe : si je suis immédiatement présent et originairement donné à moi-même, si je me saisis moi-même sans l'intermédiaire du langage et sans possibilité de masque ou de dissimulation, il semble impossible que je ne sois pas celui qui me connaît le mieux.

 

Pour que le sujet prenne sens, il faut donc concevoir un moi véritable qui pourtant ne se réduise pas au moi dont j'ai conscience, il faut qu'autrui puisse me connaître tel que je suis en vérité, et cependant tel que je ne suis pas originairement pour moi-même et à mes propres yeux.

 

Comme l'explique Kant dans l'analyse des «Paralogismes«, la conscience pure de moi est une fonction de la pensée en moi, elle n'est donc pas une intuition qui me donnerait à moi-même comme objet.

 

Certes, cette analyse veut réfuter la psychologie rationnelle : mais elle a pour notre propos cette conséquence que l'intuition (sensible et empirique) que j'ai de moi-même n'est pas plus originairement vraie que celle que je puis avoir des objets extérieurs.

 

Du fait que je ne me saisis moi-même que comme phénomène, il n'y a pas de privilège épistémologique de l'intériorité.

 

Puis-je alors en conclure que les pensées singulières qui sont en moi l'occasion du cogito caractérisent mon être particulier et me le font véritablement connaître?

 

C'est comme si le journal intime prétendait s'autoriser de la vérité du cogito.

 

Or théologiens et moralistes dénoncent ensemble cette vanité de la connaissance de soi, les uns en affirmant que Dieu me connaît mieux que je ne me connais moi-même et en dénonçant la prétention de mon intériorité, les autres en démasquant toutes les dissimulations et tous les artifices dont j'use pour me présenter à mes propres yeux.

 

C'est ainsi que contre toute justification fondée sur l'excellence de mes intentions (que je suis le seul à connaître), on m'objectera la réalité de mes actes.

 

Et même si lion dit, avec Kant, que la vérité de l'agir humain est dans la maxime de son action plus que dans son succès, on ne fonde pas pour autant un privilège de la conscience sur l'objectivité extérieure, puisque la maxime suprême de mes actions précède tout usage de ma liberté dans le temps, et donc ne m'est pas empiriquement accessible.

 

« Dissertations 57 l'analyse des « Paralogismes », la conscience pure de moi est une fonction de la pensée en moi, elle n'est donc pas une intuition qui me donnerait à moi-même comme objet.

Certes, cette analyse veut réfuter la psychologie rationnelle : mais elle a pour notre propos cette conséquence que l'intuition (sensible et empirique) que j'ai de moi-même n'est pas plus originairement vraie que celle que je puis avoir des objets extérieurs.

Du fait que je ne me saisis moi-même que comme phénomène, il n'y a pas de privilège épistémologique de l'intériorité.

b) Certes, il semble que je sois mieux placé que quiconque pour observer ce qui se passe en moi.

Cependant, si toute pensée en moi (et mes imaginations, mes volontés, mes passions sont des pensées, puisque j'en suis immédiatement conscient, comme le dit Descartes) m'apprend b~en que je pense et que je suis, cette conscience ne me distingue en rien des autres.

Puis-je alors en conclure que les pensées singulières qui sont en moi l'occasion du cogito caractérisent mon être particulier et me le font véritablement connaître? Ainsi, quand il semble à Chimène qu'elle hait Rodrigue, elle peut effectuer authentiquement le cogito à propos de cette haine Ge hais, ou il me semble que je hais, donc je suis) : mais il ne s'ensuit pas qu'elle connaisse en vérité le fonds de son cœur.

c) Il y a donc une illusion qui me fait passer de la vérité de la pensée ou même de l'être pensant en moi à la croyance en la vérité de l'observation intérieure : je décris des états d'âme donc je me connais non plus seulement comme être pensant mais comme individu et personne.

C'est comme si le journal intime prétendait s'autoriser de la vérité du cogito.

Or théologiens et moralistes dénoncent ensemble cette vanité de la connaissance de soi, les uns en affirmant que Dieu me connaît mieux que je ne me connais moi­ même et en dénonçant la prétention de mon intériorité, les autres en démasquant toutes les dissimulations et tous les artifices dont j'use pour me présenter à mes propres yeux.

Il -Connaissance d'autrui et reconnaissance de soi Il ne suffit pas de prouver que ma connaissance de moi-même a des lacunes, il faut maintenant montrer comment cette part de moi qui m'échappe est accessible à autrui.

a) La vérité de mon être existe comme signification des signes, également perceptibles pour moi-même et autrui, mais dont autrui seul effectuerait l'interprétation : comme le dit ce personnage de Marivaux, « quand vous. »

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