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Comment comprendre "l'existence précède l'essence" ?

Publié le 16/08/2005

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Il n'est pas un exemplaire d'une norme ou d'une nature préexistante, il se fabrique lui-même au cours de l'histoire. La première signification de la liberté est cette capacité humaine à se définir par soi-même. Un objet technique, voire un objet naturel, une pierre, ne sont rien d'autre que ce que leur définition préalable nous dit qu'ils sont. L'homme, à l'inverse, parce qu'en lui « l'existence précède l'essence » a reçu cet étrange privilège de se fabriquer lui-même. Mais « si vraiment l'existence précède l'essence, l'homme est responsable de ce qu'il est ». Sur chacun de nous pèse la responsabilité pleine et entière de nos actes et choix. Nous ne pouvons nous retrancher derrière aucune « nature » qui nous définirait et limiterait notre possibilité d'agir et de nous faire. Pire : « Nous ne voulons pas dire que l'homme est responsable de tous les hommes ». En effet, en posant tel ou tel choix politique, affectif, etc. j'en affirme la valeur, et la valeur pour la totalité de l'humanité.

« C'est pourquoi, aussi exaltante que soit notre liberté, elle sonne comme une condamnation, et produit de l'angoisse, cette angoisse queSartre décrira dans « La Nausée ».

Ainsi nous tentons de nous défaire de cette responsabilité.

C'est alors une conduite que Sartre qualifie de « mauvaise foi ». « L'Etre & le Néant » en donne un exemple cocasse.

Soit une jeune femme qui se rend à un rendez-vous galant.

Elle sait pertinemment à quoi elle s'attend, mais elle refuse de céder ou de rompre immédiatement.

Elle refuse en un sens de faire usage de sa liberté.

Par suite,dit Sartre dans une description qui est un morceau d'anthologie, elle abandonnera sa main, mais « comme si » elle ne s'en apercevait pas, ce qui est à la fois une façon d'accepter l'invitation et de la dénier : une façon de se démettre de sa capacité de choix.

Cet exempled'ordre intime peut se redoubler de l'exemple politique de Garcin dans « Huis-clos » : celui-ci refuse de reconnaître qu'il a agi de la dernière des façons possibles dans l'ordre politique en cédant à la lâcheté.Sartre ne nie pas le conditionnement social ou historique.

A l'inverse celui-ci forme des « situations ».

Mais s'il est donné à tout homme d'agir en situation, dans des conditions données, sociales, historiques, familiales, celles-ci ne définissent en rien un déterminisme quialiénerait notre liberté.

En déclarant « nous n'avons jamais été aussi libres que sous l'occupation allemande », Sartre n'est pas seulement provocant.

Il entend aussi signifier que la liberté d'action et de choix, aussi douloureuse et difficile soit-elle, est toujours entière.La « condamnation » à la liberté signifie que nous sommes responsables d'une conduite qui n'est guidée et justifiée par aucune valeur préétablie, aucune norme, aucun destin.

L'homme est essentiellement un projet, il se définit par ses actes, sans qu'aucune excuse nevaille.

Nous avons à assumer l'angoisse d'une telle liberté, au lieu de sombrer dans la mauvaise foi.. »

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