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Comment la machine peut-elle être à la fois oeuvre humaine et source d'aliénation pour l'homme ?

Publié le 29/08/2005

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(...) Ainsi la règle du Beau n'apparaît que dans l'oeuvre et y reste prise, en sorte qu'elle ne peut servir jamais, d'aucune manière, à faire une autre oeuvre. «   Une première piste pour répondre au sujet serait d'envisager l'aspect systématique, automatique, de la machine, qui, sitôt qu'elle est conçue, n'a plus besoin de la pensée pour fonctionner : l'homme intervient donc au début pour créer la machine, puis la machine le dispense ensuite de tâches, ce qui présente peut-être le risque de mettre en congé la pensée de l'homme et de le menacer d'aliénation.     * La machine et la société humaine      Marx, Travail salarié et capital   « En produisant, les hommes ne sont pas seulement en rapport avec la nature. Ils ne produisent que s'ils collaborent d'une certaine façon et font échange de leurs activités. Pour produire, ils établissent entre eux des liens et des rapports bien déterminés : leur contact avec la nature, autrement dit la production, s'effectue uniquement dans le cadre de ces liens et de ces rapports sociaux. Ces rapports sociaux qui lient les producteurs les uns aux autres, les conditions dans lesquelles ils échangent leurs activités et participent à l'ensemble de la production, diffèrent naturellement suivant le caractère des moyens de production. Avec l'invention d'un nouvel engin de guerre, l'arme à feu, toute l'organisation interne de l'armée s'est nécessairement trouvée modifiée les conditions dans lesquelles des individus composent une armée et peuvent agir en tant qu'armée, ont été transformées ; il en va de même pour les rapports des diverses armées entre elles. C'est dire que les rapports sociaux suivant lesquels les individus produisent, les rapports sociaux de production, changent et se transforment avec l'évolution et le développement des moyens matériels de production, des forces productives. Les rapports de production, pris dans leur totalité, constituent ce que l'on nomme les rapports sociaux, et notamment une société parvenue à un stade d'évolution historique déterminé, une société particulière et bien caractérisée.

La question « comment « porte au sens strict sur un moyen – ici elle signifie plutôt « comment expliquer que la machine puisse être « ; elle exprime donc un étonnement quant à un fait que le sujet met en question, ce fait étant l'ambiguïté du rôle que la machine joue à l'égard de l'homme.

L'interrogation « peut-elle « interroge deux types de capacités : une capacité de fait – au sens d'une capacité physique par exemple : je ne peux pas voler dans les airs sans aide extérieure – et une capacité de droit – je ne peux pas faire telle ou telle chose car une instance me l'interdit, que cette instance soit un gouvernement, une tierce personne ou encore moi-même.

Une machine est un système technique complexe assigné à une certaine tâche ; par la construction de machines l'homme se libère de certains travaux.

Le sujet met en question une ambivalence du rôle de la machine : elle serait en effet « à la fois « oeuvre humaine et source d'aliénation pour l'homme. L'expression « oeuvre humaine «, d'abord, rapporte très clairement la machine à l'homme : sans l'homme, la machine n'existerait pas, la machine est pure création de l'homme, en ce sens on pourrait supposer qu'elle n'a aucune existence ou aucune autonomie en dehors de son usage par l'homme. L'ambivalence apparaît lorsque l'on pose que la machine est « source d'aliénation « pour l'homme. Aliéner, c'est rendre autre dans un sens péjoratif, l'aliénation est nécessairement nuisible, elle correspond à une perte d'identité ou à une perte de pouvoir, à un affaiblissement. Autrement dit, l'homme se trouverait aliéné par une chose dont il est supposé avoir la parfaite maîtrise.

Un travail sur le statut de la machine permettra d'éclaircir et d'expliquer ce paradoxe : quels sont les effets de la machine sur l'homme ? Quelles sont par exemple les conséquences de l'allègement du travail qu'elle rend possible ? Une machine n'a pas de pensée autonome, elle n'est pas capable de travailler autrement que de la manière que l'homme lui impose, elle ne peut donc progresser par elle-même : constitue-t-elle alors une promesse de progrès à long terme ? L'homme n'en serait-il pas trop dépendant, au point de n'être finalement plus capable de progresser, parce qu'il se reposerait trop sur les machines ? Ces reproches faits aux machines sont courants ; il faudra les interroger sous l'angle particulier de l'aliénation de l'homme et du paradoxe de la coexistence de cette aliénation avec la soumission totale des machines à la technique humaine.

 

« nécessairement trouvée modifiée les conditions dans lesquelles des individus composent une armée et peuvent agiren tant qu'armée, ont été transformées ; il en va de même pour les rapports des diverses armées entre elles.C'est dire que les rapports sociaux suivant lesquels les individus produisent, les rapports sociaux de production,changent et se transforment avec l'évolution et le développement des moyens matériels de production, des forcesproductives.

Les rapports de production, pris dans leur totalité, constituent ce que l'on nomme les rapports sociaux,et notamment une société parvenue à un stade d'évolution historique déterminé, une société particulière et biencaractérisée.

La société antique, la société féodale, la société bourgeoise sont de tels ensembles de rapports deproduction, dont chacun désigne un stade particulier de l'évolution historique de l'humanité.

» Si l'on envisage le rôle économique de la machine, il apparaît aussi qu'elle puisse être facteur d'aliénation pourl'homme en l'enrôlant dans des relations sociales dont il ne peut se déprendre.

La création de la machine rend plusfixes encore les rapports sociaux au sein d'un système de production : la lecture marxiste pourrait donc envisagerune aliénation sociale de l'homme par la machine, alors même que c'est l'homme qui en est à l'origine. * Le bon et le mauvais usage de la machine Bergson « Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel.

On l'accuse d'abord de réduire l'ouvrier àl'état de machine, ensuite d'aboutir à une uniformité de production qui choque le sens artistique.

Mais si la machineprocure à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures de repos, et si l'ouvrier emploie ce supplément de loisir à autrechose qu'aux prétendus amusements qu'un industrialisme mal dirigé a mis à la portée de tous, il donnera à sonintelligence le développement qu'il aura choisi, au lieu de s'en tenir à celui que lui imposerait, dans des limitestoujours restreintes, le retour (d'ailleurs impossible) à l'outil, après suppression de la machine.

Pour ce qui est del'uniformité de produit, l'inconvénient en serait négligeable si l'économie de temps et de travail, réalisée ainsi parl'ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer les vraiesoriginalités.

» Les positions pessimistes des deux premières parties peuvent peut-être être nuancées et adoucies si l'on envisageune liberté de l'homme par rapport à la machine : l'usage de la machine ne doit pas devenir une soumission totale.L'ambivalence de la relation de l'homme à la machine – entre création totale et aliénation – peut donc être résolue sil'homme ne devient pas dépendant de la machine, si la machine n'entraîne pas sa pensée dans la passivité. Conclusion Le recours systématique à la machine dans les sociétés humaines apparaît comme un signe ambigu : il symbolise eneffet à la fois une grande force de création technique de l'homme et une soumission de l'homme à son oeuvre.

Maisce paradoxe est dépassé si l'on prend soin de définir un rapport actif et réfléchi de l'homme à la machine, rapport quiinclut une certaine distance critique de l'homme à l'égard de la machine, ce qui permet la non-soumission et leprogrès par la remise en cause des machines existantes.. »

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