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Commentaire sur la justice vue par Montesquieu

Publié le 29/01/2011

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justice

Montesquieu :  « La justice est un rapport de convenance, qui se trouve réellement entre deux choses; ce rapport est toujours le même, quelque être qui le considère, soit que ce soit dieu, soit que ce soit un ange, un enfin que ce soit un homme. Il est vrai que les hommes ne voient pas toujours ces rapports; souvent même, lorsqu'ils les voient, ils s'en éloignent; et leur intérêt est toujours ce qu'ils voient le mieux. La justice élève sa voix; mais elle a peine à se faire entendre dans le tumulte des passions. Les hommes peuvent faire des injustices, parce qu'ils ont intérêt de les commettre, et qu'ils préfèrent leur propre satisfaction à celle des autres. C'est toujours par un retour sur eux mêmes qu'ils agissent : nul n'est mauvais gratuitement. Il faut qu'il y ait une raison qui détermine, et cette raison est toujours une raison d'intérêt. Mais il n'est pas possible que Dieu fasse jamais rien d'injuste; dès qu'on suppose qu'il voit la justice, il faut nécessairement qu'il la suive: car, comme il n'a besoin de rien, et qu'il se suffit à lui-même, il serait le plus méchant de tous les êtres, puisqu'il le serait sans intérêt. Ainsi, quand il n'y aurait pas de Dieu, nous devrions toujours aimer la justice, c'est à dire faire nos efforts pour ressembler à cet être dont nous avons une si belle idée, et qui, s'il existait, serait nécessairement juste. Libres que nous serions du joug de la religion, nous ne devrions pas l'être de celui de l'équité. Voilà (...) ce qui m'a fait penser que la justice est éternelle et ne dépend point des conventions humaines; et ,quand elle en dépendrait, ce serait une vérité terrible, qu'il faudrait se dérober à soi même. «

Dans ce texte, lettre 84 des Lettres persanes, Montesquieu aborde la question de la justice afin de montrer qu'elle n'est pas relative et qu'elle est éternelle. Il va ainsi commencer par la définir afin de mieux l'opposer à la recherche de l'intérêt particulier. Puis, après avoir opéré cette distinction, va faire un détour par Dieu, être qui ne peut être injuste. Néanmoins, ce détour par Dieu ne va pas consister à affirmer que la justice repose sur une croyance en Dieu. Ce n'est pas la croyance en Dieu qui doit justifier la justice, il doit simplement nous servir de modèle.

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