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Connaître, est-ce mesurer ?

Publié le 27/02/2008

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La connaissance rationnelle, fondée sur la mesure, est donc une connaissance limitée dont le modèle est la connaissance scientifique.   c) Mais, d'un autre côté, cette autre forme de connaissance, illimitée, totale, qui saisirait l'Etre en profondeur, « en soi » et « pour soi », n'est-elle pas une simple v?u, une chimère ? Dès lors, la connaissance fondée sur la mesure permet au moins à l'homme de s'approprier le monde environnant, de se rendre « comme maître et possesseur de la nature » selon le projet cartésien (Discours de la méthode, VI, 1637). Du moins cette maîtrise est-elle réelle, puisque la connaissance scientifique existe. Certes, elle est inachevée, toujours partielle : mais cette analyse du réel qu'est la mesure, permet d'en dégager des éléments fondamentaux et de formuler les lois des phénomènes, qui permettent une certaine prévision et rendent possible l'action.   T - Quant à la connaissance métaphysique, quant à cette ontologie visée par l'esprit contemplatif, elle demeure incertaine, puisque qu'elle ne permet pas de mesurer et d'exprimer sans contradiction l'en-soi auquel elle est censée d'identifier : n'est-elle pas vouée à la subjectivité, qui la dit tantôt ceci, tantôt cela ?   III ? Esprit de mesure, esprit des lois   a) Si donc nous pouvons parler d'un progrès de la connaissance grâce à la démarche scientifique, nous le devons à la notion de mesure, dont l'histoire des sciences nous enseigne le développement. Une discipline scientifique ne se dégage comme science que lorsqu'elle a défini son unité de mesure et son mode de numération. Exemple : l'évolution de la chimie, qui n'est devenue scientifique qu'avec Lavoisier (1743-1794), qui démontre le caractère infondé de la théorie du phlogistique et introduit la mesure : « Dans une réaction chimique, la masse des substances réactives doit être égale à la masse des substances de réaction » ; c'est ce qu'on appelle depuis Lavoisier la « loi de conservation de la masse ». La connaissance a abandonné le qualitatif pour le quantitatif, en l'occurrence ici le pondérable.

« PLAN Introduction : Le paradoxe de la connaissance et de la mesure. I – Les bénéfices de la mesure : la connaissance scientifique a) Le propre de la connaissance scientifique : clarté et certitude de la mesureb) Les limites de l'abstractionc) La mesure comme acte et la connaissance comme processus II- Y a-t-il connaissance de l'ineffable ? a) La connaissance de l'ineffable : l'intuition-contemplationb) La mesure, instrument de connaissance au service de l'actionc) Opposition entre réalisme de la mesure et rêverie contemplative III - Esprit de mesure, esprit des lois a) La mesure dans la science de la nature : naissance de la chimieb) La mesure appliquée au monde humain : naissance de la sociologiec) Phénoménologie et expérience vécue Conclusion : L'identité entre mesure et connaissance ne va pas de soi ; parlons plutôt d'identification, autrement dit de recherche d'adéquation, tout en gardant à l'esprit que le concept de mesure est lié à l'action de l'homme sur sonenvironnement.

L'épaisseur de l'existence échappe en définitive à la mesure.

Pour la pénétrer, il faut une autredémarche, démarche esthétique et philosophique.

Développement Introduction : Aussi familiers que nous soient devenus les instruments de mesure et les méthodes de calcul, nos connaissancessont loin de se réduire à l'usage des instruments scientifiques : sensations, impressions, intuitions et croyancesalimentent constamment notre besoin de connaître.Il est pourtant avéré que la connaissance fondée sur la mesure est la plus sûre et la plus utile : de là, l'importanceque nos sociétés accordent à l'esprit scientifique : formé à la mesure, il échappe aux aléas de l'illusion et de lasubjectivité.Pour autant, devons ignorer tout ce que la connaissance humaine est susceptible d'apporter à la culture,indépendamment des méthodes de mesure ?Après avoir examiné toute l'importance de la mesure dans le processus de connaissance, nous poserons la questionde ses limites dans le domaine de l'expérience vécue, et proposerons, en dernier lieu, une démarche de typephénoménologique qui dépasse, sans la nier, l'exigence de mesure.

I - La mesure comme instrument du connaître a) Etymologiquement, « connaître » contient l'idée de synthèse, de saisie globale ( cum ). Il s'agit donc d'un acte intellectuel d'appropriation : non seulement un sujet se penche sur un objet, mais encore ilentre dans cet objet, le pose comme existant lui-même en même temps que le Soi.Ce processus qu'est la connaissance (co-naissance, comme un naître-ensemble) consiste à saisir pour soi l'en-soide l'objet.

Et la mesure s'énonce comme le moyen le plus sûr d'opérer cette saisie.Dans ces conditions, mesurer est une action, qui vise, grâce à un procédé rationnel (donc non subjectif, nonaffectif), à associer un nombre à une propriété ou à un phénomène.

C'est donc essentiellement une dénomination denature spatiale, et qui a recours à une unité ou à une mode de numération.

b) Or cette unité est une abstraction.

La connaissance scientifique se fonde sur l'abstraction.Par conséquent, on peut considérer que l'action de mesurer fait « abstraction » d'une part du réel concret,autrement dit que la mesure appauvrit le réel ; que, loin d'en pénétrer l'essence, elle projette de l'extérieur un étalonde mesure qui le simplifie et en gomme la riche complexité.Dans ces conditions, la formule « connaître, c'est mesurer » doit être considérée comme abusive et inexacte pourautant qu'elle semble suggérer une identité pure et simple.

c) En revanche, si l'identification n'est pas faite, n'est pas réalisée d'emblée par l'acte de mesure, c'est peut-êtreparce qu'elle est à faire.

Le vrai mouvement de la connaissance est de pratiquer la mesure pour connaître, pourmieux connaître, et non de prétendre connaître par la mesure déjà faite.Tel est le sens de la maxime de Galilée : « Mesure ce qui est mesurable et efforce-toi de rendre mesurable ce qui ne l'est pas encore » [ Dialogue concernant deux sciences nouvelles , 1638]: la mesure est un travail, un processus qui permet à la connaissance de progresser . T / Même si l'on s'accorde à considérer le projet galiléen comme le modèle de la connaissance objective, nousdevons cependant examiner cette idée que tout n'est peut-être pas mesurable, c'est-à-dire susceptible d'être. »

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