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Dans quelle mesure l'action humaine peut-elle se fonder sur la connaissance ?

Publié le 27/02/2008

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De toute évidence, l'action entretient un certain rapport avec le mouvement: il s'agit d'exécuter quelque chose, d'opérer un changement d'état de fait. L'action a donc pour coordonnées inévitables le temps et l'espace dans lesquels elle s'exécute en ce sens qu'elle opère bien une sorte de déplacement d'un point à un autre et ce, toujours selon une certaine durée. L'action est, dans cette perspective, rattachée au monde, à sa contingence, à sa dynamique propre. A contrario, la connaissance est en quête de stabilité, de ce qui est le plus prévisible et le plus fixe dans le réel. Elle tente de percer la teneur même du monde, sa substance, ce qui demeure en-deça des changements accidentels. Sous les multiples formes apparentielles que peut revêtir un objet, elle tente d'isoler son essence, ce qui fait qu'il est ce qu'il est malgré les divers changements qui s'opèrent à sa surface. Ce sont donc deux registres qui ici se télescopent: au mouvement de l'action répond la staticité de la connaissance. Comment concilier ces deux modes d'être de l'homme, recherche du même (identité à soi de ce qui ne change pas dans l'objet) et quête d'autre chose? Comment accorder même, et plus directement, en soi, la volonté motrice et opératrice de changement avec un entendement qui compile l'immobile?

« Cependant, et de toute évidence, nous n'agissons pas toujours que commeêtre moral; non pas tant au sens où il nous arrive, dans des situationsdéfinies, de bafouer la loi morale, mais tout simplement du fait qu'il n'est pastoujours pertinent de juger nos actions selon des critères moraux: parfois,l'action se fonde sur des critères purement épistémiques.

Prenons unexemple: notre dentiste, dont nous parlions tout à l'heure, n'a que très peude considérations morales, concernant le souverain bien, lorsqu'il extrait unedent.

Dans ce cas précis, ce qu'il doit connaître, ce sont les facteurs decoagulation afin de stopper une éventuelle hémorragie, les dangers d'uneparasthésie s'il touche le nerf, ou d'une alvéolite si sa roulette est trop froide(...): on l'aura compris, l'acte du dentiste n'implique pas qu'il connaisseparfaitement Les fondements de la métaphysique des moeurs d'Emmanuel Kant! Dans ce domaine de l'action pragmatique, il n'y a pas de bien en soi, mais,comme le précise Aristote dans l' Ethique à Nicomaque , des biens différenciés et particularisés: « On ne voit pas de quelle utilité serait, pour le cordonnier ou le maçon, de connaître le bien en lui-même, ni comment on sera meilleurmédecin ou meilleur stratège pour avoir contemplé l'idée du bien en elle-même ».

Face aux choses bonnes en elles-mêmes, Aristote propose donc de concevoir qu'il existe des choses bonnes pour autres choses, i.e des chosesutiles en somme.

Ces choses utiles, dans notre cas, ce sont des connaissances qui peuvent servir à l'action.L'ensemble des connaissances dont dispose le dentiste en dentisterie sont les bases nécessaires à partir desquellesil travaille efficacement.

Tous ces gestes ne prennent sens qu'à partir de ces connaissances physiologiques. Que se passerait-il s'il ne possédait pas ces connaissances? Faisons ici une expérience de pensée.

Imaginons l'arrivéà la tête de l'Etat d'un dangereux sadique qui décide d'éradiquer tous les dentistes.

A leur place, il proposel'intervention des barbiers comme cela se faisait après tout au moyen-âge.

A la première douleur de dent (car detoute évidence, nous attendrions une telle extrémité pour nous décider de le consulter!), nous éprouverions alorsdeux sentiments: l'un de peur, l'autre d'incertitude.

D'un côté nous serions inquiet quant à sa capacité à nousépargner d'atroces souffrances, d'un autre côté, nous serions suspicieux quant à sa capacité à nous soignerréellement.

Car, qu'est-ce qui fait la différence entre le geste tremblant et approximatif du barbier et le geste sur denotre cher dentiste regretté? La réponse est dans la question: le geste du dentiste est sûr, il ne s'accompagned'aucune hésitation.

Le dentiste sait quelle trajectoire il va emprunter dans la bouche, il sait ce qu'il devra y faire,ainsi que les recours en cas de problème.

Sa connaissance a rendu son geste minimal, c'est un geste qui va àl'essentiel , un geste qui ne se fait surprendre ni par le relief dentaire particulier, ni par la réaction hémoragique seulement alors potentielle.

La connaissance encadre l'action, la détermine, et assure son optimalité. Bruce Lee et Chuck Norris: une philosophie du mouvement III. Le combat se déroule dans le Colysée de Rome, signant ainsi la scène finale du film de Meng long guojiang intitulé La fureur du dragon .

Bruce Lee se retrouve face à Chuck Norris, chacun excellent dans son art (le Kung-fu pour le premier, le Karaté pour le second), tout en sachant que l'issue sera pour l'un des deux la mort.

La question philosophique est alors de savoir ce qui est susceptible de nous fasciner dans ce combat.

Chaque geste est commecelui de notre dentiste: minimal, il va à l'essentiel, sans fioritures et approximation.

Nos combattants savent mêmechuter de manière claire, encaisser les coups sans gesticuler dans tous les sens.

Et pour cause: chacun de leursgestes ont été répété avant cette rencontre ultime à travers une chorégraphie consacrée par leur art respectif. En effet, il existe en art martial une série de mouvements déterminés que l'on répète sans cesse durant sa vie depratiquant.

Pour le Karaté , on parle de kata , tandis que pour le Kung-Fu , on parle de Tao .

Dans les deux cas, il s'agit de connaître toutes les postures comprises dans dans cette chorégraphie, afin de les exercer de la manière laplus claire et la plus parfaite.

Dans ce cadre, on atteind l'essence du mouvement, l'essence du coup pied, du coupde poing au-delà des mouvements parasites qui l'accompagne chez le novice.

Conséquences: lors du combat,chaque geste est précis, conscient des dommages qu'il produit.

Aucune surprise, la logique est binaire: soit le coupdévastateur est porté, soit il est évité.

Vus de notre canapé, les phases de combat semblent évidentes tellementelles atteignent l'essence du mouvement, soit sa forme la plus simple, la plus épurée.

Il n'y a plus d'à peu près,d'hésitation, de doute. La connaissance va progressivement projeter ses qualités sur l'action.

En effet, cette première tente de saisirl'essence du réel, ce qu'il y a de stable en lui.

Ainsi, si je reconnaît mon ami dans une foule immense, ce n'est pas àcause de sa casquette, de ses vêtements, de son skateboard (les philosophes parlent de propriétés accidentelles ), car de toute évidence, il pourrait changer tout cela, je le reconnaîtrais encore.

Ce qui me permet de le reconnaître,c'est ce qui ne change pas en lui, sa forme globale, les traits de son visages (...).

Cette stabilité, cette quête del'essentiel va fonder l'action, une action avertie .

En effet, c'est l'action à son tour qui va prendre ces traits propres à la connaissance.

Sa trajectoire est à l'avance fixée, elle est préparée au « terrain », elle est prête à accueillir lesimpondérables: elle prévoit l'imprévisible.

La connaissance permet d'éclairer ce qui fait l'essence du mouvement en. »

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