Dans quelle mesure pouvez-vous affirmer avec J. Calvet que « Si Polyeucte est la plus parfaite des tragédies c'est peut-être d'abord parce que le métier y est d'une adresse achevée » ?

INTRODUCTION La maîtrise de Corneille s'affirme particulièrement dans Polyeucte. Non seulement il s'y conforme avec aisance aux règles et aux conventions propres à la tragédie classique, mais il en tire le parti le plus heureux. C'est pourquoi nous pouvons affirmer avec J. Calvet que «Si Polyeucte est la plus parfaite des tragédies c'est peut-être d'abord parce que le métier y est d'une adresse achevée«. I. LES TROIS UNITÉS L'unité de lieu L'unité de lieu est strictement respectée dans Polyeucte et Corneille prend soin de délimiter exactement le cadre de sa pièce. Il ne lui suffit pas d'indiquer que « la scène est à Mélitène, capitale d'Arménie dans le palais de Félix «, il rappelle dans l'Examen de Pompée que « le lieu particulier est un grand vestibule commun à tous les appartements du palais «. Bien plus il s'attache à rendre vraisemblable la présence en ce cadre de tous les protagonistes. Après que Polyeucte, coupable d'avoir brisé les idoles, a été emprisonné, il ne semblerait guère naturel qu'on le fît sortir pour venir subir les exhortations de ses proches. Corneille imagine donc qu'une insurrection populaire menace de forcer les portes de la prison et de délivrer Polyeucte : il devient normal dès lors que Félix, par mesure de sécurité, ordonne son transfert au palais.