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De quoi manque mon désir?

Publié le 09/03/2005

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 » ( Psychanalyse du feu). Rappelons que la conquête du superflu est pour le philosophe la caractéristique du désir. Le désir est enfin un état d'âme qui donne la puissance à celui qui le possède. En désirant, l'homme augmente son existence et sa puissance d'agir, il cherche à persévérer dans son être.   Le désir est créateur, il ne manque pas son objet Pourtant on pourrait dire que le désir existe parce qu'il manque de son objet. Pourtant, Spinoza dans Éthique renverse la tendance. Pour lui, le désir est premier. L'objet désiré ne lui préexiste pas. Par exemple, nous ne désirons pas « une chose parce que nous la jugeons bonne, mais nous la jugeons favorables parce que nous appétons, que nous désirons. »  Le désir est donc producteur de valeurs, mais bien plus il produit aussi son objet.

« Cet état de dénuement n'est pas présenté par Platon comme une punition, un châtiment infligé à l'amant.

Aucontraire, l'amant néglige de son plein gré ce qu'il possédait avant d'avoir découvert ce qu'il aimait.

C'est deson propre chef que l'amour est démuni, et d'ailleurs il ne souffre pas de coucher à la dure, de mener uneexistence besogneuse.

En apprenant que ce qu'il chérit au plus haut point est étranger à lui, il découvre enmême temps que rien de ce qu'il croyait lui importer ne compte en vérité pour lui.

Aimer m'apprend àreconnaître quels sont les véritables biens, que je ne possède jamais, et comment les autres biens ne sont quedes biens contingents, de rencontre.Ce tableau de l'Amour, Platon nous le trace comme allant à l'encontre de ce qu'on «imagine généralement».

Ence sens, Platon dénonce toute vision «idéalisante» d'un Amour resplendissant pour nous replonger dans la dureexpérience de l'amour malheureux, soumis tout en entier à son objet, vagabond éternel errant à la recherchede ce qu'il aime. [III.

Amour et richesse.] [1.

L'Amour n'a de cesse de désirer.]Après cette première caractérisation de l'Amour, Platon passe aux qualités qu'Éros a reçues de son père.L'expression de «naturel de son père» qu'emploie Platon nous signale qu'il ne s'agit pas là d'une caractéristiqueempirique de l'amour, mais au contraire, comme d'ailleurs pour ce qui concernait des qualités provenant dePénia, d'une analyse de l'essence même de l'amour.

De même que ce dernier est par essence, pauvre etdémuni, de même, en droit, il est riche et plein de ressource.Ainsi l'Amour est-il d'abord, et par excellence, désir.

L'Amour, nous dit Platon, «est toujours à la piste de ce quiest beau et bon».

L'Amour n'est pas seulement désir, mais plus précisément désir du beau et du bon : l'amour ale bien pour objet.

Ce que j'aime, c'est toujours un bien; ce à quoi j'aspire dans ma pauvreté, c'est le bien quime manque.

Ce bien est le bien au sens le plus général du terme : n'excluant pas le plaisir, l'agréable, le bienphysique, il est aussi le beau, l'habileté, le bien moral.

Aimer, c'est chercher à réaliser ma nature, toute manature.

Dans le sentiment de mon dénuement, je suis un être de désir, aspirant à me dépasser.

Contrairementà l'image du besoin du début du texte, ce désir qui m'anime est désir positif, puissance qui émane de mon être.Je ne suis pas «en manque», mais capable d'imposer la force de mon désir.

Le désir n'est plus seulement l'undes aspects de l'amour: c'est l'amour même; là où s'éteint le désir, là aussi l'amour disparaît. [2.

L'Amour est capable de tout.]Ce désir, qui donne sa vie à l'amour, n'est pas vide en ce que, par lui, je suis capable ou plutôt me rendscapable de toutes choses.

Le simple fait d'aimer m'enrichit, me permet de dépasser ma condition et d'accomplirainsi ma nature.

L'amoureux est en ce sens, en vertu de son amour même, capable de ce que l'on l'ignorait.

Ilrend «brave, résolu, excellent chasseur, artisan de ruses toujours nouvelles», etc.: l'amour révèle en moi desqualités insoupçonnées, me fait sortir des limites de mon moi borné.

L'amour élève l'âme.

Ce sentiment depuissance qu'il me procure exalte mes forces; par la nécessité devant laquelle il me place, il me rend ingénieux,inventif, me donne des initiatives auxquelles je n'aurais pas songé auparavant.

L'amour me donne accès aubien auquel j'aspire, c'est par mon désir même que j'accède au bien, par un phénomène irrationnel, qui dépassemon propre entendement, pareil à la sorcellerie ou à la force persuasive du sophiste qui tient presque de lamagie. [IV.

Conciliation des caractères opposés de l'amour.] [1.

L'amour est polymorphe.]Platon n'en reste cependant pas à une conception de l'amour qui maintiendrait séparés ses caractères opposésou les annulerait.

L'amour doit manifester les contradictions liées à son hérédité.

L'amour est à la fois mortel,comme tout être soumis au devenir, et immortel, comme un dieu ou un démon.

Il est à la fois vulnérable etinvulnérable, parce que ce n'est que par lui-même qu'il est et l'un et l'autre.

Ainsi, pour Platon, l'amour n'estpas un état d'âme durable, qui se maintiendrait à l'identique en nous, sans changement.

L'amour estessentiellement mouvement, animation d'une âme inquiète et contente d'elle-même dans son inquiétude.L'amour n'est pas une situation tenable, pour ainsi dire: il n'existe que parce qu'il renaît, neuf, à chaque instantde ses cendres.

Un amour purement intellectuel, «platonique», n'existe pas.

L'amour est la vie même de l'espriten tant que celui-ci est avant tout activité. [2.

L'amour manque de tout en même temps qu'il est riche de tout.]La dernière phrase du texte nous oblige à penser encore plus étroitement les caractères opposés de l'amour.L'amour est riche dans sa pauvreté et pauvre dans sa richesse.

Éros est en effet riche par le fait même qu'ilaime, il acquiert du fait même qu'il aime.

Et sa nature qui le jette en permanence sur les routes, qui fait qu'ilest perpétuellement hors de lui-même, l'oblige à être un continuel dessaisissement de soi.

Lorsque j'aime, je medonne corps et âme à autrui, je n'ai plus d'existence propre à moi-même.

Le paradoxe de l'amour consiste doncen ce qu'il ne possède que ce qu'il donne, qu'il est essentiellement libéral, prodigue, magnifique et qu'il peuttout donner parce que, ne s'attachant à rien d'autre qu'à ce qu'il aime, il ne possède rien.

L'amour n'est jamaisdans un état déterminé, fixe, et nous fait comprendre qu' à l'exception de cet état – ou plutôt de cetteabsence d'état – qui consiste à aimer, il n'est rien qui convienne à notre nature. [Conclusion] Le portrait que brosse Platon d'Éros dans ce texte, en exposant les contradictions inhérentes à la notion. »

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