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De quoi nous avons besoin pour être heureux ? De quoi le bonheur est-il fait ?

Publié le 22/02/2012

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De nombreuses philosophies se sont attachées à trouver les raisons, et donc les causes, du bonheur. Se demander alors, de quoi nous avons besoin pour être heureux, en revient finalement à résumer, ou peut-être à inventer une de ces philosophies dites « du bonheur ». Toutefois, faire cela risque de ne pas trouver l'intérêt philosophique que nous recherchons en si peu de temps et si peu de mots. De là, nous pouvons partir du constat simple qui montre que la poursuite du bonheur constitue une fin universelle de la nature humaine. Cet état de complète satisfaction selon le Larousse cherche à s'exprimer chez nous d'une façon qui peut être totalement différente. Pour certain boire et manger à un banquet se trouve être le bonheur par excellence ; tandis qu'être heureux pour un autre consiste plus simplement à la contemplation d'un chef-d'oeuvre ou d'un paysage. Toutefois, au milieu de ces trop nombreuses différences, une chose se retrouve en chacun qui veut être heureux : le désir de parvenir à la plénitude ; cet état excluant tous manque et toute frustration. Mais, avant de désirer, ne doit-on pas manquer ?

« (…) serait forcé de remplir sans cesse ses tonneaux, jours et nuits, en s'infligeant les plus pénibles peines ».

Cestonneaux percés des Danaïdes, impossibles à remplir, représentent l'homme qui, tout juste satisfait, est de nouveaudésirant et fait renaître ainsi la souffrance que le manque entraîne.

Or pour le philosophe grec, le bonheur secaractérise par la sagesse et la sérénité, incompatible alors avec les perturbations que font naître les désirs.

Ledésir relève donc toujours d'un manque, ou d'une privation par rapport à un objet, à une chose dont on imagine quela possession nous procurera du plaisir. Mais, le désir semble effectivement ne pas admettre de contentement.

Ainsi, comme nous le fait remarquerSchopenhauer dans Le monde comme volonté et comme représentation , dès qu'un désir a été assouvi, il est remplacé par un autre : « Nulle satisfaction n'est de durée ; elle n'est que le point de départ d'un désir nouveau.Nous voyons le désir partout arrêté, partout en lutte, donc toujours à l'état de souffrance… ».

La seule alternativeà la souffrance, pire qu'elle car sans aucun espoir, est l'ennui, qui survient lorsque le désir insatisfait ne parvientplus à se nourrir par de nouveau objets.

Plus rien n'a de valeur.

C'est ainsi, que les gens très fortunés, pouvantsatisfaire tous leurs désirs, ne sont pas les plus heureux, bien au contraire pour le philosophe allemand.

C'estbien le désir qui donne sa valeur à l'objet.

Mais si toute chose est déjà obtenue avant d'avoir pu être désiré, alorselle perd tout attrait. On remarque donc que l'assouvissement de tous ses désirs ne fait pas accéder à la sérénité absolue, au contraire,elle peut apporter plus de mal être que de bienfaits.

Le salut véritable semble donc passer par l'ascétismepermettant ainsi de mettre définitivement un terme à la souffrance. Pourtant le désir est fondamentalement humain.

Une conduite qui viserait à le supprimer ressemblerait àune sorte de suicide, à une négation de l'humain car, ainsi que l'affirme Spinoza dans Ethique (III), « le désir est l'essence de l'homme ». Comment alors sortir de ce dilemme ? Si la satisfaction des désirs n'apporte aucun plaisir durable, mais si, d'un autrecôté, on ne peut se défaire de ses désirs, comment trouver le bonheur ? En écrivant que le désir est l'identité mêmede l'homme, Spinoza replace celui-ci dans le cadre de la nature.

L'être humain est doté d'un appétit de vie, d'unetendance à agir et à persévérer dans son existence.

Alors, prétendre renoncer à ses désirs reviendrait pour l'homme,non seulement à nier sa propre nature, mais aussi à se priver de l'énergie qui seule peut alimenter sa joie.

Pourautant, Spinoza ne légitime pas toute envie ou caprice et n'invite donc pas à la jouissance frénétique.

Cetterevalorisation du désir s'inscrit dans la perspective d'une Ethique dont l'enjeu est d'apprendre à connaître etmaîtriser cette vitalité en vue d'une existence bienheureuse. Il en est ainsi, le plaisir et le bonheur ne peuvent être absolument séparés.

L'homme, en tant que vivant, estfortement incliné à chercher son bien-être, à désirer ce qui le favorise, à fuir ce qui lui apporte désagrément etdouleur.

Ainsi pour Epicure la satisfaction du désir est un bien. « Carpe diem » (« Cueille le jour ») recommandait Horace dans Ode , « en te fiant le moins possible au lendemain ». N'est-ce pas intéressant de voir là un résumé économique de ce qu'était l'épicurisme, grande philosophie antique dubonheur ? Ce serait pourtant confondre hédonisme grossier et épicurisme authentique.

En admirateur d'Epicure,Horace préconise une recherche raisonnée du plaisir.

La vie est brève, soit nous le savons, et la mort y mettra unterme.

Que cela ne nous jette pas pour autant dans le tourbillon des plaisirs ! D'aucune façon, ce grand maître grecn'invitait à multiplier sans limite les jouissances éphémères.

Il s'agissait au contraire d'éviter les désirs susceptiblesde nous rendre l'âme instable, et donc nous rendre malheureux : « ce ne sont pas les beuveries et les orgiescontinuelles (…) qui engendrent une vie heureuse, mais la raison vigilante (…) et par conséquent, le plus grand desbiens c'est la prudence » disait-il dans la Lettre à Ménécée .

Épicure hiérarchise les désirs et distingue ceux qui sont conformes à notre nature, qui sont nécessaires (faim, soif) soit non nécessaires (désir sexuel) de ceux qui sontvains (désir d'immortalité, de richesse ou de gloire).

Le sage doit cultiver les premiers, qui peuvent être combléspuisque qu'ils sont limités, tout en veillant à ce qu'ils ne dégénèrent pas en désirs vains (en se contentant de peu,d'amitié plus que d'amour) et éradiquer les seconds, insatiables parce qu'illimités. Dès lors le désir inséparable de la nature humaine ce doit d'être vécu pleinement sans aucune limite, si ce n'estcelles qui ne permettent pas de mener à l'ataraxie, à cette absence de trouble de l'âme, à cette absence dedouleur, en d'autres termes, au bonheur. Finalement, une vie heureuse s'apparente à une vie où tous nos désirs sont comblés, où la souffrance de laprivation n'existe plus.

Le bonheur selon Calliclès est infini et il nous faudrait un temps infini pour l'atteindre ;l'ascétisme en revient à ne plus être ce pourquoi nous sommes fait.

Ainsi, entre hédonisme et ascétisme, noussommes invité à maîtriser nos désirs afin d'éviter toute crainte ou souffrance.

Le bonheur alors appartiendrait à celui. »

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