Descartes, Discours de la méthode, première partie
Publié le 11/04/2012
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Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée; car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir bon esprit, mais le principe est de l'appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus, et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin, que ne font pas ceux qui courent et qui s'en éloignent.

«
lors susceptible de mettre en échec le relativisme et le scepticisme et, par l à,
de redonner confiance au pouvoir de réflexion.
On mesurera l'enje u existent ie l
d'une telle entreprise en observant que trop souvent, sur fond de démo
bilisation de
la pensée, la conduite humaine est livrée à l'empirisme, au
hasard,
ou à I'in1pulsion du moment .
La genèse de l'erreur- et de l'er r ance
peut-elle être pensée autrement qu'en termes fatalistes, invoquant une
défic ience plus
ou moins prononcée du pouvoir de connaître humain, de
la faculté de juger?
Comment concevoir, sans se résoudre au relativisme, la
diversité des opinions?
Développement
Pre mière par tie : étud e ordonn ée du text e
Quels sont l es fa cteurs constitu tifs du j ug ement humain ? Sur ce thème,
formulé de façon générale, et pouvant s'appliquer aussi bien au domaine
de l'action qu'à celui de la connaissance, Descartes développe un point de
vue devenu aujourd'hui classique, mais sans doute relativement
no uveau à
son époque :
si les hommes se trompent, et se dispersent dans des opirllons
très diverses, ce n'est pas en raison d'un défaut originel de leur faculté de
juger (appelée aussi
bon sens ou raison) mais parce qu'ils font de celle-ci
un mauvais usage.
Thèse bien connue donc, qui situe au niveau d'un
manque de méthode la genèse de l'erreur.
li faut toutefois préciser et affirmer
le sens de cette thèse, car Descartes
remarque:« nous conduisons nos pensées
par diverses voies, et ne considérons pas
les mêmes choses»; il entend ainsi
fournir une première explicitation de la diversité à laquelle
il se réfère .
Cependant, l'idée générale
du caractère fondamental de la méthode reste
centrale, comme l'indique une phrase particulièrement forte
du texte : «Car
ce n'est pas assez d'avoir bon esprit, mais le principe est de l'appliquer bien .»
Comment Descartes développe-t-il son point de vue?
• Dans un premier temps, il affume l'équitable répartition parmi l es
hommes de ce qu'il appelle bon sens.
Cette affirmation invoque en fait le
sens commun, c'est-à-dire une sorte de consensus des individus: ceux-ci
peuvent
se plaindre, par exemple, d'un éventuel défaut de mémoire, ou de
capacité d'attention,
ou encore de persévérance dans l'effort; ils ne
semblent pas néanmoins revendiquer davantage de bon sens,
ou s'estimer
démunis de
ce point de vue.
Témoignage difficilement contestable, selon
Descartes, et qui
pourra d'autant plus valoir comme preuve que la
philosophie en aura défini le fondement par une élucidation rationnelle
des facteurs de la connaissance et de l'erreur.
La première affirmation
se précise alors, et même se renforce, à la faveur d'une définition, par
équivalents terminologiques,
du bon sens: celui- ci, assimilé à la raison, est
explicité comme
«puissance de bien juger et disting1:1er le vrai d'avec le
faux».
C'est dire qu'il constitue un facteur décisif dans la recherche de la
vérité.
La nature en a doté également tous les hommes, et il serait vain, par.
»
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